Le 15 avril, lors d’une réunion à New York, des représentants du Département d’État américain ont communiqué un message direct aux groupes et sociétés de l’industrie : les entreprises de bijoux doivent connaître et déclarer la provenance de tous leurs matériaux, faute de quoi elles seront soumises aux nouvelles réglementations.[:]
« Le gouvernement veut savoir d’où vient chaque pièce d’un article, a expliqué un participant qui s’exprimait sous couvert d’anonymat. Pas seulement le diamant ou la pierre, mais aussi l’or, vraiment tout. »
Les États-Unis considèrent que les matériaux des bijoux et autres minerais financent les conflits et des régimes rebelles, notamment en Iran, au Venezuela et dans certains pays d’Afrique, ont expliqué les participants. Mais l’objectif de la démarche s’étend au-delà de ces questions.
« C’est une initiative globale, pour toute l’industrie, a expliqué le participant. Le but est de connaître l’origine de tous les matériaux importés. »
Lors de précédentes réunions, les représentants du Département d’État avaient exprimé leur frustration face à la lenteur du changement dans l’industrie. Mais ce discours semblait différent, ont indiqué les personnes présentes.
Des menaces de nouvelles réglementations ont été lancées contre l’industrie, bien que les participants n’aient reçu que peu de détails. Certains s’attendaient à ce qu’il s’agisse d’une nouvelle loi ou d’un décret.
« Il se prépare quelque chose, a affirmé un autre participant. Cela semblait assez sérieux. Je ne dirais pas que la réunion a été très menaçante mais elle était sérieuse. C’était une alerte. »
La première source a ajouté : « Il a été très clairement établi que cela venait de tout en haut, que le président Trump et le Secrétaire d’État Michael Pompeo travaillaient là-dessus. »
Des responsables de l’industrie expliquent depuis longtemps qu’il est difficile de déterminer la provenance exacte de chaque élément d’un bijou, étant donné que de nombreux matériaux sont recyclés, réutilisés et négociés sur le marché secondaire. La discussion a abordé les mécanismes existants permettant de garantir la provenance, comme la certification de la Chaîne de contrôle du Responsible Jewellery Council.
Pourtant, les participants ont jugé que ces mises en garde avaient été moins entendues que par le passé. Le gouvernement semble frustré que les règlements existants ne soient pas suivis, ont indiqué ses représentants.
« Le blanchiment d’argent a été cité comme un vrai problème, a indiqué un troisième participant. Les agences de répression ne reçoivent que peu de rapports d’activités suspectes. »
Bien que le Département d’État s’intéresse à d’autres secteurs que celui des bijoux, il considère cette activité comme une priorité, ont expliqué les participants.
La réunion s’est conclue sur six points essentiels :
– L’« évaluation de la menace » est supérieure aujourd’hui à ce qu’elle était par le passé.
– Le Kimberley Process n’est pas en mesure de résoudre les problèmes actuels.
– Il est important pour le gouvernement américain d’appliquer une chaîne de contrôle pour tous les matériaux.
– Le gouvernement prévoit de tenir pour responsables les fournisseurs et les acheteurs américains.
– Il est nécessaire de mieux former l’industrie sur ces questions.
– Le gouvernement cherche à mieux faire appliquer les règles et règlements existants, surtout ceux qui sont relatifs à la lutte contre le blanchiment d’argent.
Bien que la discussion ait visiblement été axée sur la transparence, elle a été organisée selon la règle de Chatham House, permettant aux participants de discuter des idées directrices de la conversation, mais pas des personnes l’ayant tenue.
Un responsable du Département d’État américain a refusé de commenter le sujet.
La réunion du 15 avril ressemble à une volte-face de l’administration Trump, qui avait précédemment déclaré qu’elle n’appliquerait pas la seule réglementation qui semble avoir stimulé la transparence dans l’approvisionnement en or : l’article 1502 de la Loi Dodd-Frank sur la protection des consommateurs et la réforme de Wall Street.
Pour obtenir des conseils sur le développement d’un programme de lutte contre le blanchiment d’argent, une obligation pour de nombreuses sociétés de bijoux, consultez le site du Jewelers Vigilance Committee.