Lorsque nous sommes frappés, instinctivement, nous reculons. Nous fermons les yeux pendant un instant, nous nous contractons et nous nous tournons parfois un peu sur le côté. Mais dans un combat, ce n’est pas la bonne solution. Vous allez être touché, souffrir et perdre. [:]Du cran, mais sans la gloire. Tous les boxeurs savent que lorsqu’un poing se dirige dans votre direction, la meilleure chose à faire est de répondre. Cela déstabilise l’adversaire, généralement en position ouverte à ce moment-là, et l’effet psychologique est important.
Dans un combat, votre objectif est bien plus que de rester debout. Vous voulez gagner. Quel qu’en soit le prix, même au détriment d’un coup occasionnel. Pour gagner, vous devrez peut-être souffrir un peu, alors répondez, n’arrêtez pas d’attaquer, ne reculez pas.
L’industrie diamantaire ressemblait auparavant à un champion. Elle était jeune, fougueuse, rapide, avide, bien financée et avait le sponsor idéal. Mais à plus de 100 ans, elle est maintenant un peu fatiguée, elle a moins d’énergie, il lui est plus difficile de rebondir, ses temps de réponse plus lents ne lui permettent pas de frapper en retour lorsqu’un coup arrive dans sa direction.
Est-elle devenue un combattant âgé, ayant perdu de sa superbe ? Quelques événements récents, comme les salons de Las Vegas, terminés depuis peu, pourraient apporter une réponse.
Le salon de Las Vegas était mitigé
Dans quasiment toutes les catégories, les négociants ont annoncé une baisse des ventes par rapport à l’année dernière. Ils sont arrivés avec de très faibles attentes et même ceux qui ont été agréablement surpris du volume d’activité ont dû admettre que les ventes étaient limitées.
Les ventes de pierres de 1 carat et plus, dans les catégories habituelles du marché américain commercial, ont obtenu les meilleurs résultats, même si les prix étaient réduits pour favoriser les transactions.
Les grosses marchandises, de 10 carats et plus, continuent de rencontrer des difficultés. Non seulement la baisse des prix est durable, mais elle est plus importante que d’ordinaire.
Entre ces deux extrêmes, les articles de marque étaient généralement plus demandés que les équivalents sans marque, ce qui laisse entrevoir l’importance croissante de l’origine, du nom et de la promesse d’une qualité supérieure, qu’offrent les bonnes marques.
En ce qui concerne les bijoux, la situation était différente. La demande de bijoux à bas prix était bonne et l’activité dynamique. À l’autre extrême, les bijoux haut-de-gamme ont obtenu de très bons résultats, comme en attestent ceux exposés au salon Couture. Le problème venait des articles vendus entre 1 000 dollars et 5 000 dollars. Dans cette catégorie, les exposants ont annoncé une demande mitigée, sans véritable préférence.
Les synthétiques, une tout autre histoire
Le jeune adversaire sur le ring, ce sont les nouvelles marchandises de laboratoire, qui sont en réalité fabriquées en usine. La demande était solide dans toutes les catégories. Ces articles ont également suscité beaucoup d’intérêt. Lors de leur courte histoire, ils ont été principalement demandés par des détaillants utilisant de grands synthétiques comme pierres centrales pour des sertissages en magasin.
Lors du JCK de cette année, les détaillants de bijoux de spécialité ont fait part d’un fort intérêt pour le mêlé synthétique. Et ils en ont acheté de grandes quantités. La raison en est l’emploi de plus en plus fréquent de bijoutiers dans leurs boutiques. Les indépendants ont compris que la possibilité d’offrir un travail personnalisé est un formidable outil de différenciation. Pour assurer une telle offre, il est nécessaire de disposer d’un petit stock de petites marchandises à bas coût.
Le tableau général : du cran, mais sans la gloire
Les négociants sont des combattants-nés. Vous ne pouvez pas être négociant si vous n’avez pas l’instinct du coup de grâce. Sans lui, vous êtes évincé très rapidement. C’est clair, les négociants ont du cran.
Quant à la gloire, c’est une tout autre histoire. La gloire exige plus que du caractère. Pour la gloire, il faut avoir la bonne histoire au bon moment. Parfois, il s’agit juste de profiter d’un heureux hasard. Mais souvent, un professionnel intelligent l’élabore au fil du temps. Elle est généralement associée à la victoire. Et pourtant, beaucoup dépend de la construction de cette narration.
Les négociants ont le cran, mais sans la gloire. Ils se battent, profitent de leur grande expérience et de leurs années de connaissances. Pourtant, sur le marché d’aujourd’hui, cela ne suffit pas. Certains sont fatigués, d’autres sont moins concentrés, quelques-uns ont oublié comment raconter l’histoire, certains encore ont perdu leur instinct de tueur. Et pourtant, pour la plupart d’entre eux, le marché diamantaire est devenu un peu trop vieilli et malmené. Il n’est tout simplement plus aussi attirant et n’apporte plus de nouvelles promesses étincelantes, contrairement au nouvel adversaire sur le ring.
Le petit nouveau est fougueux, affamé et a réussi à bien formuler l’histoire, à son avantage. Le titre de champion est remis en jeu.
Une perte de confiance dans les stocks
Dans la pratique, de nombreux négociants et fabricants sont entrés dans le secteur des synthétiques. À l’époque, leurs stocks avaient atteint des records, les prix connaissaient une baisse entamée depuis plusieurs années, les banques ne venaient plus à leur secours et la rentabilité restait faible. De plus, les fabricants considèrent que les miniers n’adaptent pas leurs prix à la baisse dans les temps et que le marketing générique n’est pas aussi utile qu’ils le souhaitent.
Par-dessus tout, ils veulent vendre le taillé dont ils disposent et ils ne se précipitent pas pour le remplacer. Ils baissent les prix pour obtenir des liquidités ou dans le cadre d’un processus réfléchi, destiné à quitter l’industrie dans son ensemble. Ils semblent avoir perdu confiance dans leurs stocks, comme l’a fait remarquer un négociant inspiré. Et c’est la partie la plus triste. Cela laisse présager l’absence d’espoir dans l’avenir du taillé, tel que nous le connaissons aujourd’hui, du moins à court terme.
Et après ?
L’industrie diamantaire doit entrer dans le combat avec des flammes dans les yeux et de la détermination dans ses tripes. Elle prend des coups de toute façon, elle ferait donc peut-être tout aussi bien de foncer. Si elle ne le fait pas, elle est certaine de perdre. L’industrie doit regagner du soutien pour que le combat se conclue par une victoire. Elle doit bien sûr gagner des clients, mais aussi s’assurer l’appui des banquiers. Les détaillants commencent aussi à perdre foi dans les diamants et il est très important que cela s’inverse dès que possible. Sans le soutien des détaillants spécialisés, il est impossible de regagner des clients.
Et surtout, l’industrie diamantaire doit croire à nouveau qu’elle est capable de négocier le virage. Personne n’a jamais gagné de combat sans croire en soi.