Le World Diamond Council (WDC) s’est positionné en faveur d’une discussion ouverte sur une possible réforme du Kimberley Process (KP) lors de la réunion plénière du KP qui se tient à Brisbane, en Australie, du 9 au 14 décembre 2017[:], d’après un communiqué de presse publié par le WDC mercredi 6 décembre. Le WDC considère que trois domaines doivent être réformés : l’élargissement du champ d’application du KP au sein du débat sur l’extension de la définition des diamants du conflit, la création d’un secrétariat permanent et l’examen des documents-clés du système de certification actuel du Kimberley Process (KPCS).
Stéphane Fischler, président en poste du WDC, qui intervenait lors d’une conférence de presse téléphonique mercredi 6 décembre, à la veille de la séance plénière du KP, a réaffirmé l’importance du KP et du système de garanties du WDC, un outil essentiel dans la lutte contre les diamants du conflit. Il a affirmé : « Avec le KP, nous avons de quoi être fiers, puisque nous avons quasiment éliminé les diamants du conflit de la chaîne d’approvisionnement légitime. Mais notre tâche n’est pas terminée et nous devons encore collaborer pour améliorer la prise de décisions au sein de notre organisme, maintenir la crédibilité et engager un changement signifiant pour la résolution des conflits, notre objectif commun. J’aimerais demander à tous les participants du KP de traiter cette affaire avec la plus grande urgence pour que notre temps passé ensemble à la plénière du KP ait une issue positive que je sais possible si nous travaillons vers cet objectif commun. »
Le WDC considère que trois domaines doivent être réformés pour garantir la réussite durable du KP et du système de garanties :
1. L’élargissement du champ d’application du KP au sein du débat sur l’extension de la définition des diamants du conflit. Le WDC entend réaliser des changements tangibles dans le but de renforcer le KPCS. Le WDC est prêt à participer à tout élargissement du champ d’application, en s’appuyant sur les suggestions des participants du KP. Cette étape contribuera à assurer des conditions de travail sûres, des pratiques professionnelles justes et le développement durable dans les communautés diamantaires.
2. La création d’un secrétariat permanent, installé dans un pays neutre. Il garantira la préservation de la mémoire institutionnelle, une dotation en personnel dédiée, un support technique et administratif au travail quotidien du KP et de ses organes, la création d’une équipe d’experts dédiés pour gérer et appliquer efficacement les décisions et restrictions du KP, la reprise du KPCS dans les pays sanctionnés, ainsi que l’intégrité et la pertinence du KPCS comme seul mécanisme universel pouvant assurer l’approvisionnement durable et améliorer l’efficacité du système de révision par les pairs, le soutien des projets de développement dans les pays participants et un renforcement des capacités, constructif sur le terrain. Tous ces aspects sont essentiels à la mise en œuvre du système de certification du Kimberley Process (KPCS). Le WDC recommande que ce secrétariat soit prêt à agir 24 h/24 h, 7 jours sur 7 sur toutes les affaires du KP et que le poste soit financé par les participants du KP avec les Observateurs, de façon volontaire.
3. La révision du document-clé du KPCS actuel et de ses normes, dans le but de renforcer les normes minimales du KPCS en consolidant le mécanisme de révision par les pairs.
Soulignant l’importance de tenir les diamants du conflit à l’écart de la chaîne d’approvisionnement mondiale, Stéphane Fischler a affirmé qu’il s’agissait d’une responsabilité partagée par tous, ne revenant pas uniquement aux gouvernements. « C’est pourquoi, conjointement au champ d’application du KP, nous insistons sur une application supplémentaire du système d’auto-régulation de l’industrie diamantaire, le système de garanties du WDC. C’est un objectif important pour nous car il régule les diamants, du brut au taillé, dans toute la filière diamantaire », a-t-il ajouté.
Évoquant un changement possible de la définition des diamants du conflit, Stéphane Fischler a affirmé que le WDC avait adopté une position bien connue en 2012, en soutenant une extension de cette définition. Il aimerait d’abord travailler sur le champ d’application de la définition, insistant auprès des participants sur l’importance de l’élargir et de s’assurer d’un consensus large avant de commencer à parler d’un changement d’énoncé de la définition. De même, selon lui, il conviendrait de recevoir l’aval des Nations unies à ce sujet puisque c’est cette organisation qui avait approuvé, à l’époque, la définition actuelle des diamants du conflit.
S’exprimant sur la situation de République Centrafricaine, le président en poste du WDC a fait remarquer que, pour élargir les « zones vertes » de ce pays, compatibles avec le KP, son gouvernement doit commencer à réguler les zones non conformes, chose difficile. Jusqu’à présent, il existe toujours cinq « zones vertes » dans le pays et les exigences du KP n’ont pas été étendues au-delà.
De l’avis de Stéphane Fischler, il est aussi important que les participants de la filière diamantaire s’emparent vraiment du Kimberley Process. « Il n’en a peut-être pas toujours été ainsi par le passé mais j’invite les représentants des producteurs africains à prendre leurs responsabilités en rappelant qu’il est vraiment important que les pays africains s’emparent du Kimberley Process et je ne peux que saluer cela », a-t-il expliqué, s’exprimant à propos de la récente interview de M’Zee Fula Ngenge, porte-parole de l’African Diamond Council et de la Diamond Producers Association africaine, accordée à Rough&Polished. Toutefois, Stéphane Fischler se dit en désaccord avec l’avis exprimé dans l’interview concernant la présidence du Kimberley Process. « Je pense qu’il y a des pays exportateurs et des pays importateurs et que tous ont leur rôle à jouer pour garantir une filière éthique », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il est primordial que toutes les parties intéressées gèrent ensemble le Kimberley Process.
D’après le communiqué de presse, les membres de l’industrie diamantaire au sein du WDC sont sur le point de finaliser les directives qui serviront à mettre à jour le système de garanties. Ces directives seront remises, pour examen public, aux organisations non gouvernementales (ONG) et à d’autres parties intéressées au printemps 2018.
Le WDC a également lancé, au cours de la semaine du 4 décembre, une nouvelle version de diamondfacts.org pour partager des données et des informations, qu’elles soient nouvelles ou qu’il s’agisse de mises à jour, à propos des avantages qu’apportent les diamants aux communautés locales dans le monde.