Le statut des diamants russes a constitué le principal point de discorde lors de la récente réunion intersession du Kimberley Process (KP) au Botswana, qui s’est conclue vendredi 24 juin sur une impasse en la matière.
L’Ukraine, l’Union européenne (UE), l’Australie, le Royaume-Uni, le Canada, les États-Unis et des organisations non gouvernementales ont insisté pour traiter de la question russe, a indiqué Reuters au cours de la semaine du 20 juin, durant laquelle s’est déroulée la réunion. Toutefois, la Russie, soutenue par la Biélorussie, le Mali, la République Centrafricaine (RCA) et le Kirghizistan se sont opposés aux propositions, a indiqué le rapport, évoquant une source officielle.
« Un petit groupe de participants a empêché tous les autres de parler de l’éléphant dans la pièce, a expliqué Michel Yoboue, coordinateur de la Coalition de la société civile (CSC) du KP qui représente les organisations à but non lucratif, dans ses observations finales vendredi 24 juin. L’éléphant, ce n’est pas seulement de savoir si le Kimberley Process peut continuer à certifier les diamants russes comme étant des diamants sans conflit mais, plus généralement, de déterminer la façon dont ce processus et son système de certification doivent permettre de couper les liens entre les diamants et les conflits violents. »
Ce sujet est le dernier en date à se heurter à un obstacle de taille : l’obligation pour le KP d’obtenir l’unanimité pour engager une action. L’élargissement de la définition des diamants du conflit, afin d’y inclure les pierres impliquées dans la violence pratiquée par les gouvernements – et non plus uniquement les forces rebelles –, est soumis au débat depuis des années.
Avant la session, la CSC avait exhorté le KP à suspendre la Russie jusqu’au terme de l’invasion de l’Ukraine et appelé à une définition plus large des diamants du conflit.
« Cette année, notre engagement auprès de nombreux participants des gouvernements ici à Kasane (Botswana) semble avoir permis de rassembler un soutien solide pour ces réformes, y compris celle de la définition des diamants du conflit », a déclaré Edward Asscher, président du World Diamond Council (WDC) qui représente l’industrie au KP.
Les diamants russes sont sous les feux des projecteurs depuis l’invasion de l’Ukraine en février. Les États-Unis et d’autres pays occidentaux ont imposé certaines sanctions à ALROSA et d’autres organismes russes mais de nombreuses pierres sont toujours autorisées sur le territoire américain.
Les consommateurs devraient « y réfléchir à deux fois lorsqu’ils achètent des diamants pouvant avoir une origine russe parce qu’ils sont tout simplement en train de sponsoriser les tueries », a expliqué à Reuters Liubov Abravitova, ambassadeur d’Ukraine en Afrique du Sud, au Botswana et au Mozambique, évoquant les atrocités présumées ayant eu lieu depuis le début de la guerre.
« Lors de la réunion intersession du KP à Kasane […], la délégation russe a apporté une réponse détaillée et complète à toutes ces allégations sans fondement », a déclaré un porte-parole d’ALROSA dimanche 26 juin.
Le gouvernement russe et le porte-parole central du KP n’étaient pas joignables dimanche 26 juin pour nous faire part de leur réaction.