Le mois dernier, le président zimbabwéen Robert Mugabe a déclaré que l’ex-président de la Zimbabwe Mining Development Corporation (ZMDC), Godwills Masimirembwa, avait extorqué 6 millions de dollars à une société ghanéenne qui cherchait à investir dans les mines de Marange sur la base d’un accord de co-entreprise avec la société publique.[:]
Il semblerait que Masimirembwa et son groupe aient réclamé de l’argent en espèces et créé une société écran, qui aurait acquis des parts de la société minière dans des circonstances juridiques obscures. Selon eux, les Ghanéens auraient violé une loi zimbabwéenne, qui n’a toutefois pas été spécifiée. Ils auraient alors menacé les Ghanéens de les mettre en état d’arrestation s’ils venaient à mettre les pieds au Zimbabwe.
« Masimirembwa s’est vu demander de révéler le crime qu’avaient commis les Ghanéens. Il est resté figé. Dites-le nous, quel crime ont-ils commis? Il est de nouveau resté figé. Dites-le nous ? Toujours pas de réponse. Ah, allez, nous ne pouvons accepter cela dans notre pays. Cette corruption flagrante, non, » a déclaré Mugabe principalement en Shona, la langue locale.
Puis il a déclaré que le courroux de la loi devait librement suivre son cours dans cette affaire, une telle dégradation ne pouvant être tolérée sous sa présidence.
Masimirembwa a cependant nié les accusations portées à son encontre, affirmant que Mugabe avait été mal informé par ses conseillers.
« Je suis innocent. J’ai du respect pour mon président, mais je pense qu’il a été mal informé. Je suis totalement innocent et je ferai part de ma version des faits à la police, » aurait-il déclaré selon les médias locaux.
Selon des sources proches de Masimirembwa, l’argent provenant du magnat ghanéen William Ato Essien n’était pas un pot-de-vin mais une « commission d’engagement », qui a finalement été utilisée pour l’exploitation.
Mais Essien a contesté cette allégation dans un entretien avec le Zimbabwe Independent le mois dernier.
« Une commission d’engagement est toujours stipulée en tant que telle. Cela signifierait que vous avez accès à l’argent et que vous pouvez l’utiliser pour le projet, mais ce n’était pas le cas, donc ça ne peut en aucun cas être une commission d’engagement, » a-t-il déclaré.
« Une commission d’engagement génère toujours une sorte de reçu, mais ceci n’est pas le cas… Cela ne peut pas être une commission d’engagement car je n’ai pas eu accès à cet argent pour le projet – c’est pourquoi on ne peut pas parler de commission d’engagement. »
Tandis que les accusations et contre-accusations persistent, ce qui est intéressant dans tout ceci est le fait que cela fait maintenant un mois que Mugabe a demandé à ce que les accusés soient mis derrière les barreaux.
La question que beaucoup se posent, c’est pourquoi, après un mois, il n’y a toujours pas eu d’arrestation ?
La police zimbabwéenne a déclaré que malgré le fait qu’elle ait ouvert des enquêtes peu après l’emportement de Mugabe, elle n’avait pas encore procédé à des arrestations en raison de l’absence du plaignant ghanéen.
“La police de la République du Zimbabwe (ZRP) souhaiterait faire savoir que l’affaire des allégations de corruption à l’encontre de Godwills Masimirembwa reçoit toute son attention et qu’une enquête préliminaire est en cours, » a déclaré dans un communiqué la commissaire adjointe et porte-parole nationale du ZRP, Charity Charamba.
« Les enquêtes devraient progresser rapidement une fois que la plainte aura été déposée par le Ghanéen en question, ce dernier étant le témoin principal de l’affaire. Pour le moment, il est hors du pays et les efforts se poursuivent pour arriver à le joindre afin qu’il puisse aider la police dans ces enquêtes dès que possible. »
Essien devait prendre le long vol pour Harare, mais pourquoi s’attarde-t-il ? Voici la question à 6 millions de dollars qui exige des réponses.
Il se peut que le Ghanéen ait peur de se faire arrêter.
Il est apparu récemment qu’Essien et son confrère investisseur ghanéen Kingsley Ghansah auraient utilisé de grosses sommes d’argent en espèces pour faire le commerce de l’or de manière illégale, tentant désespérément de réunir les fonds nécessaires au financement du projet diamantifère.
Le Daily News prétend qu’outre leur commerce illégal de l’or, les Ghanéens auraient utilisé des millions de dollars pour opérer une société de micro-finance à Harare, à travers laquelle ils distribuaient d’énormes sommes d’argent à des particuliers et à des hommes d’affaires à des taux d’intérêt exorbitants.
En avril de l’année dernière, Ghansah a été reconnu coupable au Zimbabwe de commerce illégal de l’or et a été condamné à cinq ans de prison.
Six mois plus tard, il a été libéré en appel devant la Haute Cour dans des circonstances obscures.
Le Daily News a de plus déclaré que de hauts responsables du gouvernement étaient maintenant partagés quant à la manière de gérer la question concernant Masimirembwa, ceux dans son camp affirmant que les Ghanéens avaient dépensé la majeure partie de leur argent dans le commerce illégal de l’or et essayaient désormais de brouiller les pistes en prétendant que l’argent avait été utilisé pour verser des pots-de-vin.
« Le problème avec cette situation est que les Ghanéens ne sont pas là pour agir en tant que plaignants, la raison étant qu’ils pourraient eux-mêmes se faire arrêter pour leurs commerces illégaux dans le pays, dont celui de l’or. Kingsley, par exemple, est sorti de prison dans des circonstances qu’il est encore nécessaire de vérifier, et Essien n’est pas sûr de ce qui l’attend, » a déclaré une source haut placée du gouvernement selon le quotidien.
« Cette affaire est compliquée dans le sens où même si le président a donné l’ordre de poursuivre Masimirembwa, il est difficile pour lui de le coincer car il ne tombera certainement pas seul. Il a dans le passé déclaré qu’il savait qui avait bénéficié de quoi de la part des Ghanéens, et il semble maintenant que les Ghanéens auraient pu ramener de l’argent au pays mais ils l’ont utilisé pour autre chose que l’on soupçonne être le commerce de l’or comme en témoigne la condamnation de Ghansah. »
Les dernières nouvelles sur cette saga ont été publiées le 10 octobre et elles ne montraient aucun progrès.
« Nous n’avons pas encore terminé, nous interrogeons toujours du monde, et je leur ai demandé de me faire un rapport, ce qu’ils n’ont pas encore fait, » a déclaré le ministre des mines et du développement minier, Walter Chidhakwa, à un quotidien local. « Je leur avais dit la semaine dernière, mais ils ne l’ont pas fait. »
L’attente se poursuit.