Johannesburg – L’année dernière, à la même époque, se préparait une réunion essentielle à Washington. Le Kimberley Process allait voter sur une question qui avait été débattue toute l’année : l’élargissement de la définition des diamants « du conflit ».[:]
Le vote aurait élargi la définition, pour y intégrer le brut associé aux violations des droits de l’homme, et pas seulement les pierres liées spécifiquement aux rebelles œuvrant à renverser des gouvernements légitimes. L’issue a finalement été négative et la présidence du KP est passée des États-Unis à l’Afrique du Sud.
Nous voilà un an plus tard, à la même époque. La nouvelle séance plénière s’est ouverte mardi 19 novembre, dans la capitale sud-africaine, Johannesburg.
La réunion de cette année baigne dans une ambiance bien plus modérée. L’année a été, selon les termes d’Avi Paz, président intérimaire du World Diamond Council (WDC), « remarquablement calme » pour le KP. D’après lui, c’est bon signe puisque l’organisme a une « mission de prévention ».
En mai, les membres du KP ont voté la radiation de la République centrafricaine du KP, après que des rebelles, soi-disant soutenus par des ventes de diamants, ont renversé le président François Bozizé. La décision a tiré le signal d’alarme pour les diamantaires, les incitant à éviter de traiter avec ce pays pour leur achat de brut.
L’avenir de la République centrafricaine au sein du KP est à l’ordre du jour de la plénière.
Outre sa déclaration sur la République centrafricaine, le KP n’a pas fait de nombreuses annonces cette année. Les discussions sur la définition du conflit ont été bien moins nombreuses, du moins en public.
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Les articles de la presse grand public à Johannesburg, mardi 19 novembre, tout comme ceux de l’Agence France-Presse, évoquaient l’appel du président du KP, Welile Nhlapo. Il a exhorté les États-Unis à suivre l’Union européenne dans la levée des sanctions contre le Zimbabwe, en reléguant les mentions de la définition du conflit.
Les observateurs du KP restent sceptiques ; selon eux, il est peu probable que l’idée de l’élargissement de la définition du conflit trouve les appuis nécessaires. Pour être adoptée, une proposition a besoin de l’approbation de tous les membres votants.
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« Welile Nhlapo a exhorté les États-Unis à suivre l’Union européenne dans la levée des sanctions contre le Zimbabwe, en reléguant les mentions de la définition du conflit. »
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Dans un article récent pour Ethisphere, le magazine de l’Institut Ethisphere, un centre de recherche indépendant spécialisé dans l’éthique, Brad Brooks-Rubin, ancien conseiller spécial pour les diamants du conflit au Département d’État américain, a écrit que « sans un retournement majeur des événements », il semble peu probable que le KP réforme la définition du conflit cette année.
Dans son allocution d’ouverture, basée sur un texte du discours fourni par le conseil, Avi Paz a affirmé que le WDC est favorable à l’élargissement de la définition. « Le WDC soutient le processus de réforme qui se déroule au sein du KP, y compris l’expansion de sa mission, afin d’intégrer les actes systématiques de violence contre les communautés directement associées aux diamants, mais pas nécessairement dans le contexte de la guerre civile », a-t-il affirmé.
Or, d’après Welile Nhlapo, cité par l’AFP, l’élargissement du champ d’application du KP menacerait sa crédibilité. En effet, l’organisme n’a pas été conçu pour mettre fin aux violations des droits de l’homme, ni pour engager des mesures punitives contre des États souverains.
La réunion plénière du KP a pris fin le vendredi 22 novembre à Johannesburg.