Cette année, l’industrie diamantaire israélienne a engagé plusieurs initiatives pour relever le niveau des échanges, mais aussi améliorer l’humeur générale, dans un environnement commercial difficile.[:]Après un an passé au poste de président de l’Israel Diamond Exchange (IDE), Yoram Dvash considère que la plate-forme qui est en train d’être mise sur pied est celle qui convient pour renforcer la position du pays comme principal centre diamantaire. Il s’est entretenu avec Rapaport News le jour anniversaire de son élection afin d’expliquer la stratégie de l’IDE et son programme pour stimuler la croissance dans les années à venir.
Comment s’est passée l’année 2016 pour le marché diamantaire israélien ?
Les échanges ont ralenti dans le monde et nos exportations de taillé ont perdu 2 % au cours des neuf premiers mois de l’année. J’ai toutefois l’impression que le marché s’est amélioré depuis novembre. Cela est dû à la demande américaine. Il y aura vraisemblablement un afflux régulier de commandes pendant ces fêtes, et ce jusqu’au dernier moment.
D’autres marchés restent prudents et on note un ralentissement évident dans trois régions géographiques, ce qui a considérablement pesé sur notre activité. La Chine a perdu du terrain après avoir été le moteur de la croissance de l’industrie, le rouble et les cours du pétrole ont baissé, d’où des conséquences sur la demande en Russie, et le Moyen-Orient a aussi connu un repli avec la plongée du pétrole brut.
Que fait Israël pour stimuler la croissance ?
Nous tentons de créer un meilleur environnement en encourageant les échanges et la fabrication, mais aussi en assouplissant l’environnement réglementaire.
Parlez-nous des étapes engagées pour améliorer les échanges.
Nous ouvrons un centre d’enchères qui sera, selon nous, une installation de premier ordre pour le brut et le taillé. Nous avons déjà conclu un accord avec quatre ou cinq sociétés pour qu’elles y organisent leurs enchères. Un approvisionnement sera mis à disposition, nos membres n’auront donc plus besoin de se rendre partout dans le monde pour acheter des marchandises. Cela encouragera également les clients étrangers à venir nous voir pour s’approvisionner en diamants.
L’ouverture officielle aura lieu lors de l’International Diamond Week in Israël (IDWI), du 13 au 16 février. Andrey Zharkov, le président d’ALROSA, sera l’invité d’honneur.
Quel est l’importance de ces événements organisés par la bourse ?
C’est la sixième fois que nous organisons l’IDWI et cette édition devrait être la plus importante. Nous avons légèrement modifié son format : les échanges auront lieu dans la salle des marchés pendant trois jours. Le quatrième sera réservé à des réunions. Nous organisons également huit tenders pendant la semaine.
Comment ont été accueillies les plates-formes en ligne de l’IDE ?
Nous avons engagé deux initiatives en ligne importantes pour accroître l’exposition de nos membres aux environnements B2C (de l’entreprise au consommateur) et B2B (entre entreprises).
Nous avons beaucoup avancé dans notre partenariat avec James Allen, un détaillant en ligne, puisque nous avons désormais près de 100 sociétés qui vendent au grand public sur sa plate-forme. Nous avons également lancé la plate-forme d’échanges des négociants «Get Diamond », sur laquelle sont proposées près de 100 000 pierres fournies exclusivement par des sociétés israéliennes.
Nous insistons sur l’aspect « en ligne » car la manière de vendre évolue. Par le passé, l’objectif était principalement de vendre de grandes quantités à de grosses sociétés grâce à des bureaux, des courtiers, des salons, etc. Aujourd’hui, on parle de plus en plus de vendre de petites quantités en ligne, soit à des consommateurs, soit au sein du marché.
Quelle est la situation de la fabrication en Israël ?
Notre niche correspond aux grosses pierres mais il n’y a pas que ça. Nous avons ouvert une usine en 2014 pour fabriquer du taillé de toutes grosseurs. Nous prévoyons d’ouvrir deux usines supplémentaires l’année prochaine avec près de 200 employés qui assureront la taille des grosses pierres.
Les usines seront installées dans le complexe de la bourse et nous mettons en place une technologie à laquelle n’ont pas accès beaucoup de sociétés. Cela inclut la machine de taille au laser Synova, la technologie la plus avancée aujourd’hui. Nous créons un système de guichet unique qui va faciliter la fabrication et je pense que cela va inciter nos membres à fabriquer toujours plus.
La fabrication est-elle rentable en Israël ?
Si elle ne l’était pas, je n’en ferais pas. Certaines sociétés doivent faire fabriquer en Afrique ou en Russie parce que cela fait partie de leurs accords d’approvisionnement de brut. Tout le monde doit faire ses propres calculs pour savoir où travailler.
Il est évidemment rentable de produire de grosses pierres dans ce pays car le coût de main-d’œuvre n’est pas un problème. L’aspect le plus important, c’est le contrôle et le professionnalisme du tailleur. En ce sens, Israël est un endroit formidable pour fabriquer des diamants de grosseur moyenne à grande car nous disposons des compétences nécessaires.
Parlez-nous de vos négociations récentes avec l’autorité fiscale.
Nous sommes sur le point de conclure un accord qui enlèvera beaucoup de pression au marché. Il apportera plus d’optimisme et injectera beaucoup de nouvelles liquidités sur le marché local. Les diamantaires vont pouvoir se consacrer à leurs affaires plutôt que de passer du temps à résoudre les difficultés que nous rencontrons avec les autorités fiscales depuis cinq ans.
Nous sommes en contact étroit avec le gouvernement pour protéger nos intérêts et améliorer la compréhension du marché diamantaire par les gouvernants.
Il semble que le manque de compréhension soit un phénomène mondial, en particulier quand on parle du secteur bancaire. Quel est l’état du crédit bancaire en Israël ?
En Israël, le crédit bancaire est relativement stable, à environ 1,15 milliard de dollars au cours des deux dernières années.
Nous avons organisé des réunions avec la Bank of Israel et au Parlement israélien, la Knesset, au cours desquelles notre intention était d’expliquer le mode de fonctionnement de l’industrie. Il faut dire que les gens ne le comprennent pas. Mais ils doivent savoir que le secteur diamantaire est concurrentiel et fructueux en Israël.
Constate-t-on une pénurie de crédits sur le marché en Israël ?
Oui, je pense. Notre difficulté, c’est que d’autres centres ont plus facilement accès à l’argent. Les banques à l’étranger sont principalement nationalisées ou bénéficient d’une incitation gouvernementale pour prêter au marché diamantaire local. Il est très difficile pour nous de leur faire concurrence étant donné les énormes crédits que reçoivent d’autres centres.
Combien l’industrie emploie-t-elle de personnes en Israël ?
Chaque jour, ce sont plus de 10 000 personnes qui viennent à la bourse. Nous pensons qu’environ 20 000 personnes travaillent dans l’industrie si on y ajoute les tailleurs et tous les autres professionnels.
L’emploi est resté très stable, même lorsque le niveau d’activité a baissé. Il n’y a plus autant de nouvelles personnes qu’avant qui entrent sur le marché mais la jeune génération arrive et nous avons toute une liste de personnes en attente qui souhaitent devenir membres.
Quelles sont vos perspectives pour le marché ?
Les gens sont inquiets, ils craignent que ce marché déprimé ne devienne un nouveau standard. Mais nous devons remettre les choses dans leur contexte. Nous devons nous souvenir que la demande en provenance de Chine, de Russie et du Moyen-Orient a considérablement baissé. Si cela ne s’était pas produit et que les chiffres sur notre marché étaient comme ceux d’aujourd’hui, il y aurait une vraie raison de s’inquiéter. Mais ce n’est pas le cas car les échanges ont ralenti dans tous les centres. Je pense que lorsque la demande s’améliorera, et elle va le faire, reste à savoir quand, nos chiffres vont de nouveau augmenter. Je suis très optimiste quant à l’avenir de l’industrie diamantaire en Israël.