Contrairement à ce que clament de nombreux sites et articles, qui affirment que les diamants constituent un investissement à long terme sûr, les non-professionnels doivent se montrer prudents s’ils veulent investir sur ce segment du marché.[:]
De nombreux sites et entreprises spécialisés attirent aujourd’hui des clients potentiels, prêts à investir des fonds d’ores et déjà disponibles dans des diamants. Chaque jour voit naître de nouvelles entreprises de ce genre. Citons entre autres Diampatrimoine, I-diamants, Kara-diamonds, Adamia et Investdiamond.
Le procédé s’est déjà largement répandu, comme ce fut le cas pour l’or ces dernières années. Aujourd’hui, même Aucoffre.com, spécialiste du métal jaune, vend des diamants, et ce depuis que l’or a perdu 30 % de sa valeur l’année dernière.
Pour étayer les perspectives qui s’ouvrent si l’on considère les diamants comme un investissement fiable, ces entreprises se réfèrent à diverses études, à commencer par les travaux substantiels de Bain & Company, cabinet de conseil américain des plus respectés, en 2013.
L’enquête, intitulée « The Global Diamond Industry » (L’industrie mondiale du diamant), conclut que les diamants constituent un investissement attrayant. Comme il s’agit d’une ressource naturelle rare, leurs prix sont généralement à la hausse, et la demande ne devrait pas se tarir dans un futur proche. En toute logique, la valeur des diamants ne peut donc que croître.
Ces conclusions, en apparence irréfutables, laissent pourtant un sourire sceptique sur les lèvres des spécialistes de 50 ans et plus : la bulle spéculative qui a explosé en 1985, résultat de deux ans d’inflation, était la conséquence de déclarations similaires sur l’investissement attrayant que constituaient les diamants.
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L’histoire peut-elle se répéter ? Ce n’est pas exclu. En fait, même si des documents corroborent les déclarations de Bain & Company, le lien avec les investissements proposés aux particuliers est ténu. Aujourd’hui, comme dans les années 80, le marché du diamant se révèle incroyablement complexe et bien moins transparent que le marché de l’or. Il n’existe aucune estimation officielle du prix des diamants, et nous ne disposons que des indices proposés par PolishedPrices ou Rapaport…
Contrairement aux lingots d’or, les pierres sont toutes différentes, et seul un expert peut estimer leur valeur, qui peut aller de quelques dizaines à plusieurs millions d’euros. Les ventes aux enchères de diamants rares, à des prix records, comme celle de Christie’s à Londres en septembre 2013, ne reflètent pas la tendance générale.
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» Aujourd’hui, comme dans les années 80, le marché du diamant se révèle incroyablement complexe et bien moins transparent que le marché de l’or. »
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Malgré ce qu’affirme Aucoffre.com, qui estime qu’il peut résister aux fluctuations monétaires, le marché du diamant n’est plus stable. Les analystes du portail financier français Quechoisir.org rappellent que le prix des diamants d’un carat s’est envolé de 100 dollars à 175 dollars entre 2009 et 2011.
L’année 2009 fait ici figure de référence, car elle a été extrêmement défavorable au marché du diamant. C’est l’époque où Anvers, qui écoule jusqu’à 80 % de la production mondiale, a vu ses exportations plonger de 70 % par rapport à 2008. Les prix ont considérablement baissé, et il est devenu impératif de trouver des moyens pour qu’ils se redressent.
Dans l’ensemble, les prévisions des spécialistes annoncent que la demande va continuer à augmenter au cours des années à venir. On estime que d’ici 2020, avec les classes moyennes en pleine expansion en Chine et en Inde, elle représentera deux fois le montant de l’offre.
L’augmentation annuelle de la demande de diamants s’élève maintenant à 6,4 % et devrait atteindre 247 millions de carats d’ici 2020. À titre de comparaison, la production de taillé représentait 133 millions de carats en 2010.