Le forum de New York a permis d’établir des directives générales pour les détaillants qui cherchent à se protéger.[:]
Lors du forum du U.S. Jewelry Council sur les diamants synthétiques non déclarés, qui s’est tenu au Waldorf Astoria à New York le 1er novembre, Michelle Graff, du National Jeweler, et moi-même avons eu pour mission de résumer les événements de la journée et d’en dresser les conclusions. La tâche n’a pas été facile.
S’il y a bien une chose qui est apparue évidente pendant la journée de présentations, c’est que la situation des diamants de laboratoire non déclarés reste très floue. Nous savons qu’ils existent. Mais nous ne savons pas combien il y en a. Et il n’existe pas de méthode simple pour les détecter.
« Un client peut entrer et me demander : « Ce diamant est-il authentique ? », a expliqué un détaillant. Je suis un gemmologue et je n’en ai aucune idée… Pour l’instant, nous n’avons aucune confiance dans notre chaîne d’approvisionnement. »
(L’événement a été réalisé selon les règles de Chatham House, ce qui signifie que les participants peuvent évoquer ce qui a été discuté mais sans citer les noms des intervenants. Dans un seul cas, une intervenante m’a donné l’autorisation de la citer directement.)
Un représentant du Gems and Jewellery Export Promotion Council (GJEPC) indien a souligné la série de mesures que son groupe a engagée pour empêcher les « mélanges » dans la chaîne d’approvisionnement, avec des contrôles qui s’appliquent jusqu’aux usines les plus petites. Une étude mandatée par le GJEPC a estimé qu’environ 2 à 3 millions de carats de diamants de laboratoire sont produits chaque année, soit environ 2 % à 3 % de la production de diamants de qualité.
Les responsables des grands laboratoires de certification se sont dits « confiants » dans le fait de pouvoir identifier tous les diamants de laboratoire, tout simplement parce que diamants naturels et diamants synthétiques ne sont pas produits de la même façon. Une personne a fait le parallèle avec la différence qui existe entre un être humain et un robot. Si vous coupez un être humain en deux, a-t-elle expliqué, ce ne sera pas salissant, il ya les veines, les muscles, les os. Un robot, ça sera linéaire. Mais une autre personne a indiqué que les fabricants adaptaient parfois leurs procédés afin de rendre l’identification plus difficile. « Nous aurons toujours un train de retard », a-t-il dit.
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La présentation qui a peut-être suscité le plus de discussions a été celle de Cecilia Gardner, présidente et PDG du Jewelers Vigilance Committee, qui a affirmé que les détaillants ne peuvent tout simplement pas se fier aux assertions d’un fournisseur affirmant que les pierres sont toutes naturelles (bien que certains aient estimé qu’il y ait un certain intérêt à demander aux fournisseurs de réaliser une telle déclaration).
« Vous devez prouver que vous contrôlez vos produits, a indiqué Cecilia Gardner. Il en va de votre responsabilité. Si vous vous reposez sur les déclarations de vos fournisseurs, ce manque d’implication pourrait se retourner contre vous. »
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« Vous devez prouver que vous contrôlez vos produits, a indiqué Cecilia Gardner. »
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Comment un détaillant peut-il se prémunir contre la vente accidentelle de synthétiques non déclarés ? L’année dernière, nous avons vu apparaître plusieurs nouveaux dispositifs de détection, dont des machines qui peuvent être utilisées pour le mêlé et les pierres serties. Certains représentent des innovations majeures. Mais la quasi-totalité se révèlent très chers à l’achat et certains ne fonctionnent pas pour toutes les pierres. (« Tout le monde veut maintenant un appareil simple, à 99 dollars, qu’on puisse placer sur le comptoir », a indiqué le représentant d’un laboratoire de gemmologie, admettant que cela n’était pas possible pour l’instant.) Il existe bien des machines moins chères mais il s’agit généralement d’appareils de sélection, plutôt que des dispositifs de détection à part entière. Pourtant, tant qu’il n’existe pas d’appareil polyvalent et accessible à tous, certains pourraient s’en contenter, simplement pour préserver leur tranquillité d’esprit.
Cecilia Gardner a recommandé un programme de contrôle qualité, détaillé dans une brochure du JVC qui peut être achetée ici. Elle admet qu’il ne s’agit pas d’une solution sans faille pour empêcher les diamants de laboratoire non déclarés de finir dans le stock d’un détaillant mais elle pourrait offrir une protection juridique à un détaillant qui en aurait vendu un de façon accidentelle.
D’autres ont évoqué le bon vieux principe appelé « Apprenez à connaître votre client » (Know your customer) qui consiste à s’informer sur les protocoles et les garanties du Responsible Jewellery Council et à adapter le protocole d’approvisionnement responsable de Signet pour les diamants. Celui-ci est désormais libre de droits et disponible pour l’industrie.
Il aurait aussi été utile de pouvoir rencontrer davantage de représentants de l’industrie des diamants de laboratoire à la conférence, peut-être même dans le cadre d’un atelier. (Il y avait bien un représentant de l’International Grown Diamond Association, ainsi que certains négociants qui vendent les pierres mais pas autant qu’on aurait pu l’espérer.) Comme les intervenants l’ont répété précisément à plusieurs reprises, les diamants de laboratoire ne posent pas de problème en soi, le séminaire s’intéressait à la mauvaise utilisation qui en est faite.
Une fois de plus, cela pourrait aussi s’appliquer aux diamants du conflit : les pierres n’étaient pas la source du problème, le danger venait de ce que les personnes en faisaient. Et pourtant, pour beaucoup, ce problème a nui à l’image globale du produit. (Demandez aux négociants de diamants de laboratoire : ce problème fait partie intégrante de leur arsenal marketing.) Comme je l’ai déjà avancé, les cas de non-déclaration risquent de faire du tort aux secteurs des diamants naturels et de laboratoire, au marché et peut-être même aux consommateurs. Il revient à ces deux secteurs de s’assurer que toutes les règles et réglementations soient respectées.
Les discussions de cette semaine, malgré leur incapacité à parvenir à des résultats, ont au moins permis d’entamer un dialogue. Mais nous devrons continuer à parler.