Le mois d’août est déjà bien avancé. Les vacanciers rentrent de leur pause estivale, les négociants en Belgique et en Israël sont de retour au bureau. Quant aux fabricants indiens, ils traitent les commandes passées à l’India International Jewellery Show de Mumbai.[:]La plupart ont déjà en tête les fêtes de novembre-décembre et les ventes intéressantes qui, l’espèrent-ils, iront de pair. Or, cette situation apparemment idyllique masque des inquiétudes et des doutes. Une crainte subsiste, pour la saison des fêtes à venir, ce pèlerinage commercial annuel pour lequel tout le monde travaille si dur toute l’année : que l’on ne connaisse pas l’effusion de dépenses tant attendue.
Les négociants belges et israéliens sont de retour dans leurs centres, mais le moral en berne. Ils hésitent encore sur la direction que pourraient prendre les prix du taillé. Après des semaines de recul continu, les prix ont regagné un peu de vigueur ces derniers jours. Pourtant, il pourrait s’agir principalement d’une réponse à la reprise du commerce.
En Inde, les négociants sont arrivés à l’IIJS avec très peu d’attentes. Ils n’ont donc pas été vraiment déçus. Malgré quelques commandes, dans l’ensemble, la demande était bien plus faible que les années précédentes. La situation est loin d’être encourageante.
Le marché indien s’inquiète aussi de la situation économique du pays, un an avant les élections générales. Avec un taux de chômage élevé, une corruption enracinée au gouvernement, un affaiblissement de la devise (le taux de change pourrait descendre à 65 roupies pour un dollar) et des inquiétudes sur la valeur des stocks, les sujets de préoccupation sont nombreux.
Les prix du brut restent trop élevés pour être rentables. Les banques des diamantaires hésitent donc à financer les achats au sight de la De Beers, qui devrait commencer la semaine prochaine. Il faut y voir un vote de défiance face à la politique des prix de la De Beers.
Au Japon, après une longue série de hausses, les importations de taillé commencent à ralentir. La valeur moyenne des marchandises importées suit la même tendance et montre un certain recul.
Aux États-Unis, la demande des consommateurs progresse en matière de bijoux. Elle dépasse en fait ce que nous imaginions. Or, l’augmentation porte sur les bijoux en général. La demande pour les bijoux en diamants ne suit apparemment pas le même rythme.
Est-ce que le monde tourne à l’envers ? Est-ce le début de la fin pour l’industrie telle que nous la connaissons ? Pas vraiment. Il existe au moins une raison que l’industrie et sa persistance peuvent remercier : le désir. Un désir de se parer, un désir de montrer à tous que nous avons de l’argent, un désir de dépenser et le désir le plus important : le désir de l’autre. Le Désir avec un grand D.
Tant qu’existera ce désir, aussi longtemps qu’un homme voudra remercier une femme, lui montrer sa reconnaissance, tenter de l’impressionner ou de s’excuser auprès d’elle, il y aura toujours une demande pour les bijoux en diamants. Les hommes et leurs gestes stupides sont la meilleure garantie de l’éternité des diamants.