Première femme à présider le Kimberley Process pour le compte des États-Unis, Gillian Milovanovic a marqué l’histoire.
Après avoir dirigé cette organisation créée en 2003 pour promouvoir le commerce des diamants étrangers aux conflits, l’Ambassadeur Gillian Milovanovic va bientôt céder son poste à une autre dirigeante[:], la ministre des Ressources minérales d’Afrique du Sud, Susan Shabangu.
Première femme à présider le Kimberley Process pour le compte des États-Unis, Gillian Milovanovic a marqué l’histoire.
Après avoir dirigé cette organisation créée en 2003 pour promouvoir le commerce des diamants étrangers aux conflits, l’Ambassadeur Gillian Milovanovic va bientôt céder son poste à une autre dirigeante, la ministre des Ressources minérales d’Afrique du Sud, Susan Shabangu.
Mathew Nyaungwa, le rédacteur-en-chef du bureau africain de Rough&Polished a obtenu un entretien en tête-à-tête avec la présidente sortante pour faire le bilan de son mandat.
Elle s’est exprimée sur la proposition américaine d’une nouvelle définition des diamants du conflit, qui devrait être abordée à la session plénière de cette semaine à Washington DC, et sur le projet de création d’un mécanisme permanent d’assistance administrative (ASM).
L’Ambassadeur Gillian Milovanovic a également évoqué la question sensible des sanctions américaines imposées aux sociétés exploitant les champs diamantifères de Marange au Zimbabwe, ainsi que l’avenir du KP.
Voici le texte intégral de l’interview.
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Pourquoi les États-Unis font-ils pression pour l’adoption d’une nouvelle définition des diamants du conflit ?
Deux aspects ont amené la présidence à mettre l’accent sur cette question. Tout d’abord, pendant toutes les années où le KP a discuté de Marange, il a rencontré d’énormes difficultés avant de pouvoir trouver une solution ; il était confronté à une situation où il n’existait pas de définition claire dans l’esprit de tous. Il fallait pourtant engager des étapes pour le bien de l’ensemble du Kimberley Process.
Il était donc nécessaire de réviser la définition pour qu’il n’y ait plus jamais de situations de désaccord quant à savoir si un élément s’applique ou pas. En effet, quand il y a désaccord, les gens ont la sensation d’être mis à l’écart de façon injuste et de faire l’objet d’une discrimination.
La révision de la définition avait donc pour motif sous-jacent notamment le fait d’éliminer le sentiment qu’il y avait une discrimination ou des décisions unilatérales destinées à imposer la définition aux participants, mais aussi que tout devrait faire l’objet de discussions… et tout le monde saurait ainsi clairement que la définition donnée s’applique à tous.
Quant à l’autre raison du changement, il n’y a que peu de participants du Kimberley Process qui la comprennent et s’en rendent vraiment compte ; nous croyons que les consommateurs, non seulement aux États-Unis et au Canada ou en Union européenne, mais bien les consommateurs en général veulent de plus en plus de garanties sur le lien entre les diamants et les conflits.
L’industrie, les pays producteurs, les pays en charge des opérations de taille et toutes les personnes concernées ont intérêt à s’assurer que des mesures soient prises pour que les consommateurs ne se mettent pas en tête qu’il y a un problème ; ils doivent être sûrs que le Kimberley Process prend les bonnes décisions, reste au goût du jour et leur apporte les assurances nécessaires pour qu’ils puissent continuer à acheter des diamants.
Je sais, beaucoup craignent que le changement ne nuise aux producteurs en particulier ; à mon avis, ce changement sera bénéfique pour tout le monde. Si vous rassurez les consommateurs, tout le monde en profitera, du mineur qui creuse le sol jusqu’au joaillier dans sa boutique.
Que se passera-t-il si les membres du Kimberley Process ne parviennent pas à s’entendre sur la nouvelle proposition de définition ?
Eh bien, je pense que toute cette démarche se présente comme un processus. Nous avons commencé avec un certain nombre d’objectifs. Ils sont établis mais tous ne seront pas atteints dans le cadre de la présidence américaine, et c’est parfaitement compréhensible. Une présidence se déroule sur un laps de temps très court, probablement trop court pour aboutir à un vote sur de nombreux sujets et pour que ce vote aboutisse à un consensus.
Ce que nous voulons, c’est poser les bases pour la présidence sud-africaine. Franchement, quand on a commencé, personne ne voulait parler de cela, et puis nous avons fait le sondage.
Nous avons examiné les résultats, les discussions ont commencé sur fond d’incertitude. Aujourd’hui, nous nous sommes au moins assurés, je pense, que les membres du Kimberley Process soient plus à l’aise dans le dialogue et que les discussions indispensables s’améliorent, pour lever toutes les craintes.
Pour que l’on aborde ces préoccupations, que les propositions puissent être modifiées pour répondre aux craintes et pas dans un lointain avenir, pas [cette semaine lors de la réunion du KP pour sa session plénière à Washington DC]… C’est un processus et nous pensons l’avoir lancé sur une piste propice pour la présidence sud-africaine.
Corrigez-moi si j’ai tort, Madame l’Ambassadeur, la proposition américaine devrait aborder les diamants issus de situations de violence. Certains pays redoutent que ce changement ne serve à les exclure du Kimberley Process pour des raisons politiques. Quel est votre avis ?
Permettez-moi de vous dire tout d’abord que la définition proposée par les États-Unis est en discussion, en cours d’étude. Elle est donc susceptible d’être modifiée.
Ensuite, seuls sont concernés les conflits liés aux diamants [et non] des conflits en cours, comme un conflit religieux ou un conflit ethnique qui n’a rien à voir avec les diamants.
Dans mon discours de Victoria Falls [au Zimbabwe], j’ai essayé de proposer un exemple de ce fonctionnement. J’ai aussi précisé très clairement que s’il y avait des doutes au sujet d’un pays et d’un conflit national, cela serait discuté… Au besoin, le pays apportera des informations, des membres du Kimberley Process se rendront sur place, étudieront [la situation] et engageront des discussions.
Si le conflit… [est] résolu ou [s’il s’avère] qu’il n’était pas lié aux diamants, fin de l’histoire.
Dans le cas contraire, ils aideront le pays à travailler sur le problème ; ce n’est que si les personnes concernées ne montrent aucune volonté de résoudre la situation ou s’il n’y a pas de succès, [que la question sera] présentée à l’Assemblée plénière, qui… établira au moyen d’un consensus que le pays n’est pas en droit de délivrer de certificats du Kimberley Process.
Je dois ajouter que cette proposition est également assortie d’un système, ce qui apparaît nettement à la façon dont les diamants du Zimbabwe ont été traités.
Les deux aspects seront abordés. Ainsi, par exemple, s’il se trouve qu’un pays qui dispose de [plusieurs] mines ou qui traite des diamants – quel que soit le cas – rencontre un problème sur une partie de son territoire, à aucun moment on n’envisage d’exclure toutes les exportations de diamants de ce pays.
Nous pensons donc avoir mis en place bon nombre de garanties qui éviteront les conséquences indésirables, mais vous avez raison, certains en ont peur. C’est pourquoi il est important de continuer à organiser ces discussions, pour que, s’il existe un sujet de discorde, nous puissions expliquer qu’il ne nous concerne pas ou modifier les propositions pour en tenir compte.
Sur un autre plan, Madame l’Ambassadeur, un mécanisme permanent d’assistance administrative (ASM) a été proposé au Kimberley Process. Quelle est votre position à ce sujet ?
Eh bien, j’espère vraiment que la session plénière s’entendra pour trouver et approuver un dirigeant pour l’ASM. C’est une chose qui apparemment se discute depuis quelques années au Kimberley Process. D’ailleurs, à Kinshasa [République démocratique du Congo], le Groupe de travail a reçu pour directive d’identifier un ou plusieurs postulants afin de pouvoir prendre une décision.
Autrement dit, nous avons déjà parlé de l’opportunité d’établir un ASM. Il suffit maintenant de trouver le bon candidat.
J’espère vraiment que la décision sera bénéfique. Selon moi, un ASM est tout à fait nécessaire, il y a un manque de continuité dans le mode de fonctionnement du Kimberley Process. Absolument personne n’assure la continuité entre une présidence et l’autre.
Vous repartez de zéro. Alors bien sûr, vous appelez vos collègues, vous demandez ce sur quoi ils ont travaillé, les précédents qu’ils ont établis et la manière dont ils font les choses, mais c’est très… si j’ose dire, artisanal comme façon de travailler, ce n’est pas très professionnel. Un ASM devrait nous aider.
Je pense aussi qu’un ASM peut aider à démocratiser le Kimberley Process. Ce sont en effet les pays qui ont le plus de personnel et peut-être les budgets les plus importants qui sont les plus disposés à se mettre en avant pour devenir président ou vice-président.
Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose ; nous avons déjà procédé ainsi, tout comme de nombreux collègues. Mais je pense vraiment que nous aurions beaucoup de mérite à soutenir les pays qui ne disposent pas d’assez de personnel ou dont le budget n’est pas suffisant ; eux aussi ont beaucoup à apporter à la gestion du processus.
Il me semble qu’un ASM apportera au moins un soutien administratif et logistique minimum, autorisant un petit pays ou un pays au budget serré à dire : « Nous pensons que nous pouvons le faire, même si nous sommes petits et si nos ressources sont limitées, car nous pouvons compter sur l’aide logistique de l’ASM. »
Qui financera l’ASM ?
Il y a deux situations. L’un des candidats s’est porté volontaire pour le faire gratuitement, le système serait donc autofinancé.
Cependant, le concept global (avant même cette proposition de gratuité) consistait à s’appuyer sur des contributions volontaires des participants et des observateurs.
Dans ce cadre, tous les candidats ont été invités… à proposer [un] budget pour que l’on puisse voir ce que cela va coûter et établir si l’on s’appuie sur les contributions volontaires ou si les participants et les observateurs du Kimberley Process sont prêts à apporter des fonds suffisants.
Vous avez récemment déclaré que l’Angola avait abouti à une proposition, qui vise à tirer parti de la puissance du Kimberley Process pour attirer les miniers artisanaux dans le secteur formel. Pensez-vous que ce plan sera adopté par d’autres pays producteurs ?
Je l’espère bien. Cette proposition a bien sûr été beaucoup discutée, comme d’autres questions qui seront présentées à la session plénière ; elle a même été favorablement accueillie par les groupes de travail concernés.
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Il existe donc déjà une proposition, une déclaration, qui a reçu l’appui des producteurs, des pays qui possèdent les mines, des tailleurs et des vendeurs. Désormais, il reviendra aux membres à l’origine d’une proposition de la présenter à la session plénière et de l’expliquer.
Pour l’essentiel, nous avons essayé, en tant que présidence américaine, de mettre en évidence les questions de développement, mais pas pour transformer le KP en une organisation de développement, ce que bien sûr il n’est pas et n’a aucune raison d’être. Dans l’ensemble, le Kimberley Process et le secteur du diamant coexistent dans un monde où il se passe des choses et où évoluent d’autres organisations.
Il serait utile pour le Kimberley Process qu’il s’implique avec d’autres organisations [telles que DDI ou l’USAID], qu’il apprenne à les connaître et peut-être qu’il travaille avec elles. Ainsi, si vous constatez que la légalisation ou l’enregistrement des miniers artisanaux sont des points qui s’inscrivent dans un objectif de développement global et qu’ils sont favorables au développement durable notamment du secteur du diamant dans un pays… alors il faut insister sur ce point et nous espérons que cela conviendra.
Le Kimberley Process fêtera ses 10 ans en 2013. Pensez-vous que l’organisation aura toujours de l’intérêt, disons dans les dix prochaines années et au-delà ?
Il me semble essentiel que le KP reste pertinent dans la prochaine décennie et au-delà. Je pense qu’il a fait un travail remarquable pour atteindre les objectifs fixés il y a 10 ans ; vous vous souviendrez peut-être que dans mon discours à Victoria Falls, j’ai repris la phrase suivante : « dans la course à l’excellence, il n’y a pas de ligne d’arrivée. »
Cette phrase est merveilleuse [car] elle s’applique directement au Kimberley Process. Bien sûr, nous reconnaissons pleinement les réalisations effectuées jusqu’à maintenant, mais il n’est ni approprié, ni sain ni constructif de dire : « nous nous en sommes occupés, maintenant il n’y a plus rien à faire », car le monde continue d’avancer, les situations changent.
Le Kimberley Process a non seulement réussi à considérablement réduire le nombre de diamants du conflit, selon la définition en vigueur, mais il a également assuré l’égalité pour tous, l’un des aspects les plus importants.
Les pays producteurs sont traités comme les autres, à condition que leurs marchandises soient assorties d’un certificat du Kimberley Process.
D’où l’importance de la réforme, de la modernisation et de l’évolution du Kimberley Process car, même si elles peuvent être volontaires et facultatives… des choses que les gens veulent faire dans leurs industries ou leurs pays, par exemple, le noyau doit rester contemporain et pertinent pour qu’il y ait égalité pour tous.
Nous devons dialoguer en exprimant très clairement nos préoccupations et notre volonté de trouver des solutions. Le Kimberley Process doit pouvoir conserver sa pertinence dans un avenir proche.
La question des sanctions sur les diamants de Marange a suscité des débats très passionnés lors de la conférence du Zimbabwe sur le diamant. Que pensez-vous des appels pour que les États-Unis lèvent les sanctions imposées contre les sociétés minières à Marange ?
Je l’ai dit à Victoria Falls, à mon poste actuel, je ne représente pas le gouvernement des États-Unis. Je représente le Kimberley Process et je le préside ; je ne veux donc vraiment pas être la porte-parole du gouvernement américain ni m’exprimer sur des questions comme le fait d’atténuer ou de lever les sanctions.
Je vais refuser de répondre au nom du gouvernement américain car je suis ici en tant que [présidente du] Kimberley Process, je ne représente pas le gouvernement américain.
Quoi qu’il en soit, pensez-vous que les diamants de Marange sont propres et qu’ils devraient pouvoir circuler librement ?
Le Kimberley Process a reconnu qu’ils satisfaisaient les normes de l'[organisation], ils peuvent donc recevoir des certificats, c’est d’ailleurs leur statut à l’international.
Le KP est-il préoccupé par un rapport récemment publié par le Partenariat Afrique Canada et alléguant que les autorités gouvernementales auraient pillé 2 milliards de dollars sur les recettes des diamants de Marange ces dernières années ?
Il reste plusieurs questions qui peuvent être extrêmement importantes mais qui ne relèvent pas de la compétence du Kimberley Process ; ainsi, le respect au Zimbabwe… Le Kimberley Process a des rôles spécifiques et des mandats précis.
Il se trouve qu’ils n’abordent pas le problème de la destination de l’argent provenant des diamants vendus légitimement.
Bien entendu, les diamants ne sont pas censés financer les groupes rebelles qui tentent de renverser le gouvernement. Alors, évidemment, s’il y a des preuves de leur présence, ce sera une autre histoire. Sinon, le Kimberley Process n’a pas de rôle à jouer à cet égard.
Cela dit, je pense… [que] ce monde a besoin de transactions éthiques ou de transparence au niveau commercial, ainsi que dans les activités des gouvernements.
Ce sont des questions auxquelles les organisations et les individus compétents doivent porter une attention toute particulière mais je ne pense pas qu’elles relèvent du Kimberley Process.
Vous avez assumé le rôle de présidente du KP à une époque où l’organisation était profondément divisée sur la question des diamants de Marange. Avez-vous réussi à rassembler les membres au cours de votre mandat ?
Eh bien, je vais vous dire (rires), je serai mieux à même de répondre à votre question le soir du 30 novembre, à la conclusion de la séance plénière. Tout de même, de mon point de vue, ceux qui n’étaient pas prêts à parler s’expriment désormais et cela me satisfait. Certaines discussions étaient inutilement conflictuelles, c’est une chose qu’il faut améliorer pour le bénéfice de tout le monde. Ces derniers mois, j’ai constaté une évolution, une meilleure ambiance et une plus grande volonté de travailler ensemble.
J’espère qu’il en ira de même tout au long de la session plénière, ici à Washington [cette] semaine, mais aussi dans l’avenir du Kimberley Process.
Je suis très, très sincère quand je dis que le Kimberley Process a une responsabilité envers les millions de personnes qui gagnent leur vie avec les diamants ou envers les pays qui ont besoin de ces recettes pour leur propre développement. En tant que pays et personnes responsables, nous ne pouvons pas nous permettre de mettre cela de côté. Nous ne pouvons pas nous permettre de rater une occasion de créer quelque chose de façon constructive ; beaucoup de personnes en dépendent.
Le but n’est pas seulement de décrocher une conférence, un succès ou un titre dans les journaux, avec tout mon respect pour votre qualité de journaliste. Nous devons viser le plus long terme et je pense que lorsque nous travaillons ensemble, nous devons y penser, non pas pour constater un gain ou une perte à court terme, mais pour construire pour ces millions de personnes.
Ma dernière question, Madame l’Ambassadeur : outre faire avancer une nouvelle définition des diamants du conflit, quels ont été selon vous les autres faits saillants de la présidence américaine du Kimberley Process ?
Eh bien, pour moi, le plus bel objectif a vraiment été d’essayer de guider les membres de l’organisation vers une meilleure collaboration. Vous l’avez dit, quand j’ai pris mon poste, il était clair pour moi que les membres étaient en conflit, ils étaient en froid depuis plusieurs années ; le défi allait consister à les amener à avancer vers une meilleure situation et à se concentrer sur les vrais défis du Kimberley Process et non sur les querelles du passé.
Donc, je dirais… que je verrai (rires) au soir du 30 novembre si cela a réussi. Ce sera certainement un moment fort.
Je pense qu’il faut se concentrer sur les questions de développement et sur la collaboration… avec des organismes extérieurs, que ce soit dans le domaine du développement ou de l’exécution ou pour un meilleur échange d’informations, tous ces points sont importants.
Je suis beaucoup plus axée sur les processus. Tout au long de ma carrière, j’ai tenté d’améliorer les systèmes et les processus. Je suis beaucoup moins portée sur « l’emballage » ou sur les titres [dans les journaux]. J’espère que ces processus subsisteront après moi, comme le site Web ; aujourd’hui, les gens peuvent obtenir de grandes quantités d’informations et mieux s’impliquer qu’auparavant.
Ce ne sont pas ces réalisations qui ont passionné le public mais je crois que ce sont les choses qui sont finalement les plus précieuses, autant pour l’organisation que pour le bien-être et la confiance de ses membres.
Je serai donc très fière d’en avoir réussi certains, si je puis dire, si je les ai réussis au terme de la session plénière.
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