La fermeture d’un fabricant indien et les dettes importantes qu’il laisse derrière lui figurent probablement parmi les actualités les plus brûlantes du moment, suivies du salon commercial de Hong Kong. [:]
Une dette diamantaire de dizaines de millions de dollars
Le fabricant concerné, qui possédait également un bureau en activité à Anvers, a laissé derrière lui des dettes estimées à plusieurs dizaines de millions de dollars envers les banques et les fournisseurs de brut, selon des articles du marché.
L’endettement massif laissé par un grand acteur du secteur intermédiaire en faillite inquiète toujours l’industrie diamantaire, et plus encore depuis le début de la crise. Le fort endettement qu’implique une fermeture d’entreprise signifie que ceux à qui l’argent était dû pourraient avoir des difficultés à rembourser leurs propres dettes, entamant ainsi une réaction en chaîne de défauts de paiement.
De telles fermetures d’entreprises ont un écho partout dans l’industrie et font naître de nouvelles inquiétudes pour l’avenir. En plus de la peur générale que les sociétés, notamment celles concernées, ne répondent pas à leurs obligations financières, il est à craindre que l’argent perdu ne soit jamais récupéré. Les banques pourraient d’ailleurs réduire leurs attributions à l’industrie diamantaire du montant qu’elles ont perdu. Si l’on remet les choses en perspective, lorsque les banques prêtent des milliards de dollars chaque année, des pertes de quelques dizaines de millions pourraient ne pas paraître très importantes, mais chaque dollar compte et personne ne veut voir baisser le soutien des banques.
Fermetures et faillites
Ces dernières semaines, de nombreux rapports ont indiqué que de petites et moyennes entreprises fermaient leurs portes dans le calme et quittaient l’activité. Cela se produit principalement en Inde ; toutefois, plusieurs autres fermetures, dont des faillites, ont eu lieu à Tel-Aviv et Anvers. Quelques-unes de ces fermetures récentes ont laissé derrière elle des dettes aux fournisseurs.
La dernière grande défaillance en Inde était attendue. Elle est également le résultat de la prudence des fournisseurs de brut. En effet, les dettes de la société envers l’industrie concernent principalement des fournisseurs de brut. Bien sûr, les miniers ne vendent qu’en échange d’un paiement immédiat, mais les fournisseurs du marché secondaire, les négociants et les acheteurs de première main vendent principalement à crédit.
Le crédit est le moteur qui stimule les ventes de brut des fournisseurs de première main sur le marché secondaire. L’intérêt du crédit tient au fait que la plupart des bénéfices se trouvent aujourd’hui sur le secteur intermédiaire. Les récentes fermetures d’entreprises et les craintes que les paiements de brut ne soient pas honorés font du tort aux transactions à crédit passées et à venir.
Une question de crédit
La situation soulève une question : que vont faire les fournisseurs du marché secondaire ? Certaines transactions s’effectueront en liquide (paiement immédiat). Certains crédits seront maintenus, mais pour des périodes plus courtes. Il est très probable que, parfois, les négociants refusent tout simplement d’acheter le brut des miniers pour éviter d’avoir à fournir un crédit. Leur crainte porte non seulement sur la capacité de paiement, mais aussi sur le fait qu’ils savent qu’un nombre croissant de sélections de brut ne peut pas être taillé de manière rentable. Cela vient s’ajouter à des stocks déjà volumineux.
Pour un fabricant, si le prix du brut est trop élevé, les stocks de taillé qui en sont issus vont augmenter et il existe un risque financier à vendre à d’autres fabricants. Alors, pourquoi acheter ? Cette crainte peut aussi engendrer des retours plus importants aux principaux miniers, sauf si l’offre a été réduite de façon anticipée.
Hong Kong
Le salon des bijoux et des diamants de Hong Kong, qui s’est déroulé la semaine du 22 juin, a ouvert sur une humeur globalement morne de la part des grossistes. Le salon comptait plus de 2 200 exposants de 45 pays et régions. Des dizaines de milliers de visiteurs s’y sont présentés au cours de ce que l’on considère être une période de récession dans la région.
La session de juin de ce salon important est généralement calme. Cette année, il était particulièrement tranquille. Les négociants ont signalé une activité moins dynamique que pendant le salon de juin de l’année dernière, même si les résultats n’étaient pas totalement catastrophiques.
Les demandes en provenance de Chine continentale sont inférieures aux attentes. L’activité à Hong Kong associe une baisse des dépenses des visiteurs chinois du continent et une hausse des dépenses des investisseurs du marché boursier, qui ont encaissé leurs bénéfices et cherchent à en profiter.
Tels ont été les facteurs qui ont joué sur une grande part des activités du salon de Hong Kong. L’événement a commencé en douceur, certaines transactions étant conclues dès le départ. Étant donné les attentes basses, le sentiment global pourrait se traduire ainsi : « Nous avons obtenu ce que nous attendions et peut-être un peu mieux », comme l’a expliqué l’un des exposants.
Des transactions équitables
La plupart des grands acheteurs n’ont pas assisté au salon. La présence des petits détaillants chinois a permis de conclure plusieurs transactions, même si la valeur totale des ventes était inférieure à celle de l’année dernière.
Les acheteurs ont d’abord proposé des prix bas mais les exposants n’ont pas lâché prise, particulièrement dans les catégories où une pénurie s’était fait sentir récemment, comme les VS-SI de 1 carat. Les acheteurs qui avaient passé des pré-commandes ont dû régler les prix que les grossistes avaient demandés. La pénurie des 1 carat serait due à une baisse des volumes de fabrication. De même, puisqu’il s’agit d’un compromis entre grosseur et prix, toutes les grosseurs supérieures dépassent les budgets des consommateurs actuels et le carat reste une grosseur raisonnable pour les bagues de fiançailles.
Dans l’ensemble, les prix des rondes de 1 carat se sont légèrement raffermis ces deux derniers mois. Les articles les plus recherchés lors du salon étaient des qualités VS et SI de 1 carat dans toutes les couleurs, ainsi que les 0,10 carat dans toutes les qualités et couleurs et le mêlé, en particulier dans les puretés VS-SI de 0,25 carat.
Très peu de transactions ont été signalées sur de grosses pierres de valeur. La majeure partie de la demande pour les 2 carats et plus concernaient des couleurs et des qualités moyennes à faibles.
Les négociants de couleurs fantaisie se sont plaints du trop grand nombre d’acteurs qui proposaient des diamants jaunes Fancy mais ils sont parvenus à maintenir les prix pour les jaunes Vivid et Intense à un niveau élevé. Désormais, il est difficile de vendre des jaunes Fancy de toutes qualités et teintes si les pierres ne sont pas parfaites.
La plupart des exposants ont exprimé leur mécontentement des salons en général et indiqué qu’ils pourraient probablement se procurer les mêmes volumes ou mieux depuis leurs bureaux. Personne ne sait exactement s’il s’agit d’une conclusion pour le long terme ou uniquement d’un sentiment qui se fait jour dans un marché actuellement faible. Le temps nous dira s’ils bouderont les futurs salons, voire ceux à venir, ou s’ils se battront pour obtenir un stand lorsque l’économie se reprendra.
Prudence sur le marché du brut
Après des retours limités lors du dernier sight de la De Beers, qui était volumineux pour cette époque de l’année, et au vu des récentes faillites dans les grands centres diamantaires, le marché du brut continue de se comporter avec prudence. Les achats lors des tenders sont très ciblés et se font à des prix raisonnables, le tout pour s’assurer que la fabrication reste rentable et concentrée sur les marchandises vraiment demandées.
Étant donné que les prix du taillé semblent s’être stabilisés, les faibles prix actuels réduisent la valeur des stocks de taillé fabriqués sur un brut onéreux. Les fabricants apprennent à accepter que l’érosion du capital, liée à la baisse des prix, va durer pendant un certain temps. Ils apportent les ajustements nécessaires en contrôlant les coûts, les frais généraux et les prix.
Virage de la demande de taillé
La demande sur le marché du taillé est faible mais stable. Elle baisse pour certains articles, tandis que d’autres font l’objet d’un regain d’intérêt sporadique. Ce que l’on appelle les marchandises américaines (les rondes, la couleur HIJ et la pureté SI-I de 1 carat ou moins ) sont toujours demandées, même si les niveaux sont faibles. La demande continue d’être plus axée sur la frange basse de ce groupe de diamants et cela devrait durer.
Dans l’ensemble, les prix sont stables depuis la fin du salon de Las Vegas. Ils devraient largement rester aux niveaux actuels, et ce jusqu’au début des achats pour la saison des fêtes de fin d’année.
La demande en Extrême-Orient, en Inde et dans le Golfe arabique (et aux États-Unis, dans une certaine mesure) suit une tendance mitigée. D’une part, la demande de marchandises haut-de-gamme est stable et se renforce même à certains endroits, de l’autre, la demande pour ce qui constituait les marchandises ordinaires bascule vers des articles moins chers.
Les points forts de l’Assemblée des Présidents
Les présidents des bourses diamantaires du monde entier se sont réunis en Israël la semaine du 22 juin avec l’International Diamond Manufacturers Association (IDMA) pour discuter des questions d’actualité : l’érosion des marges, le marketing générique, les déclarations des marchandises et les pierres de laboratoire.
En matière de rentabilité, la question la plus pressante, les fabricants ne disposent actuellement que d’une très faible marge de manœuvre. Les miniers fixent les prix du brut et les détaillants acceptent ou refusent les prix du taillé, ce qui laisse les fabricants avec un dilemme constant. Une stratégie concrète consiste à exprimer son soutien à l’initiative du marketing générique que l’association des producteurs est sur le point de diriger – ce qu’ils ont fait. Ils ont toutefois regretté la décision de la De Beers d’utiliser le célèbre slogan « A Diamond is Forever » pour sa propre marque de détail Forevermark, plutôt que de permettre qu’il continue à être utilisé pour la publicité générique.
La question de la déclaration des marchandises et des pierres de laboratoire a permis d’aborder plusieurs thèmes, comme les rapports fréquents de mélange de diamants de laboratoire avec des diamants naturels, ainsi que le traitement mystère qui a temporairement amélioré la couleur des pierres.
Le sujet des diamants de laboratoire est loin de disparaître, ceux-ci devraient même devenir une niche croissante sur le marché de la consommation. De nombreuses mesures peuvent être engagées pour aborder ce sujet. L’une d’elles consiste à créer une sorte de système de suivi du Kimberley Process pour les marchandises de laboratoire, ce qui a été suggéré ici.
L’impact d’un dollar fort
Au Japon, la brusque dépréciation du yen face au dollar a lésé la demande de diamants et de bijoux en diamants au second semestre 2014 et elle continue d’avoir un effet à ce jour. La hausse de la taxe à la consommation avait stimulé les achats avant sa mise en application. Aujourd’hui, les consommateurs japonais hésitent à acheter des produits de luxe.
Dans une industrie diamantaire dominée par le dollar, lorsque la devise est forte, l’activité est plus facile aux États-Unis. Cela agit pourtant comme un repoussoir sur les autres marchés. Si le dollar reste fort, les diamants et bijoux en diamants resteront chers dans les devises locales et cela limitera les achats. Si, d’autre part, le taux de change du dollar recule, la demande de diamants et de bijoux en diamants pourrait se reprendre.
Baisse constante des ventes de bijoux au détail aux États-Unis
Les ventes de bijoux au détail ont continué à baisser sur le marché américain en avril, le septième mois consécutif de baisse en glissement annuel. Les joailliers spécialisés ont rapporté des ventes de 2,22 milliards de dollars, soit un recul de 2,4 %. Les ventes de bijoux de tous les détaillants ont perdu 1,4 % en glissement annuel et les ventes de montres ont reculé de 2,7 % en avril.
L’indice du gouvernement américain des prix à la consommation pour les bijoux (JCPI), qui traduit l’évolution des prix de vente au détail, a perdu 1 % en avril par rapport au mois de mars. En glissement annuel, l’indice a perdu 3,2 %, le 19ème mois consécutif de baisse. L’une des raisons en est le virage vers une demande pour des diamants moins chers. Dans le même temps, il est évident que les détaillants baissent les prix en suivant le recul des cours de l’or, tout en forçant la baisse des prix des diamants, dans un effort pour plaire aux consommateurs en matière tarifaire.
On pourrait argumenter que les détaillants devraient vendre les bijoux en diamants en fonction de leur prestige, de leur marque et de leur design, et non pas en cherchant à être le moins cher. Toutefois, la nécessité d’attirer les clients dans les boutiques est une force motrice importante et les tarifs se révèlent un outil efficace pour travailler dans ce sens.