Un ami avait demandé au responsable d’un laboratoire réputé pour ses surclassements comment il vivait avec cela. « C’est simple, a répondu l’homme. Si mon produit est vraiment si horrible, pourquoi ai-je tant de clients ? »[:]
C’est triste à dire, mais il a marqué un point. Le marché (ou du moins une grande part de celui-ci) n’a qu’à s’en prendre à lui-même pour la pagaille actuelle de la certification. Comme me l’a raconté un observateur de longue date de l’industrie :
« Même si la stratégie la plus logique et la plus favorable aux clients consisterait à parvenir à une norme de certification unique, harmonisée partout dans le monde et reconnue par l’ISO, avec une nomenclature standard et un ensemble ultime de master stones, cela n’arrivera jamais, et pas seulement parce que le GIA veut protéger sa marque (ce qui est vrai, bien sûr)… La situation actuelle convient à tout le monde… Les laboratoires s’y complaisent car elle leur permet de se positionner sur le marché, généralement par rapport au GIA. Les détaillants n’y voient rien à redire car ils peuvent picorer des rapports en fonction de ce qu’ils vendent et des personnes à qui ils vendent. Les consommateurs ne devraient pas trop apprécier mais, dans la majeure partie des cas, ils ne savent même pas qu’il y a un problème. »
Cela est vrai, mais reflète la situation actuelle. Comme je l’ai indiqué dans d’autres contextes, c’est un jeu dangereux. Comme avec les diamants du conflit, il y a tout à craindre si les consommateurs s’en aperçoivent.
Or, c’est déjà arrivé. À Nashville, dans le Tennessee, un joaillier qui vendait des rapports EGL International est devenu la cible d’une série d’émissions télévisées et de procès. Les avocats à l’origine de ces procès menacent maintenant d’engager une action collective plus large, à l’encontre des gros poissons.
Certes, la déclaration récente des associations diamantaires, selon laquelle les rapports surclassés sont «inacceptables», était probablement inévitable, mais elle n’en reste pas moins importante. Produire des rapports qui s’écartent de plus d’un grade de couleur de l’échelle standard du GIA (malheureusement, les groupes ont ciblé la pureté) est désormais considéré comme un péché commercial, comme pour la non-déclaration des diamants synthétiques ou la vente des diamants du conflit. Il s’agit d’une infraction grave qui pourrait soumettre les négociants à des sanctions ou à un arbitrage de la bourse. (Ceci dit, les arbitrages portent rarement sur des questions non commerciales.)
La différence notable est que, à la différence des fausses déclarations de pierres synthétiques, le fait de truffer les rapports de grades « généreux » est une pratique commerciale très répandue. Certains des plus grands noms de l’industrie s’y adonnent. Je connais d’honorables détaillants qui publiaient des rapports qui ne leur convenaient pas car ils considéraient qu’ils n’avaient pas le choix.
Les négociants et les détaillants vont dorénavant devoir étudier attentivement les rapports qu’ils produisent, si ce n’est pas déjà le cas. Les laboratoires pourraient resserrer leurs normes et certains rivaux du GIA pourraient avoir besoin de trouver de nouvelles façons d’attirer la clientèle. Cela ne sera pas facile, mais c’est possible : le laboratoire American Gem Society s’est lancé dans la partie avec ses propres grades de taille. Je continue de penser que certains gemmologues entreprenants pourraient développer une échelle diamantaire plus favorable aux consommateurs.
Bien entendu, si cette question quitte les esprits – il faut savoir que les menaces légales sont quasi inexistantes –, les anciennes habitudes pourraient revenir, bien que nous nous soyons épargné quelques-uns des excès les plus importants constatés par le passé. C’est une époque difficile pour le marché et les grades approximatifs sont l’un des rares domaines qui permettent encore de dégager des bénéfices. (Vous pouvez toujours trouver des rapports EGL International sur le Web.) Le jeu de la certification a été interrompu mais il est encore trop tôt pour le déclarer disparu.
Source JCKonline