Il y a quelques mois, EGL International a publié un communiqué de presse avec cette affirmation, plutôt sujette à controverse : « Pour l’heure, il n’existe pas de norme internationale de certification des diamants adoptée par tous à l’échelon national ou international. »[:]
Voilà qui contraste avec les idées de Martin Rapaport. Dans son récent éditorial sur la certification honnête, il écrivait : « Soyons parfaitement clairs : le GIA est la norme internationale de certification des diamants, acceptée par le marché mondial et par les systèmes juridiques des États-Unis et d’autres pays. »
Alors, qui a raison ? La question est épineuse…
Techniquement, on pourrait dire que les deux sont dans le vrai. Le CIBJO, le groupe de joaillerie international, n’avalise aucune échelle ou procédure de certification, à l’instar des groupes diamantaires dans le monde. Espérons que cette controverse récente permettra une avancée bien nécessaire dans ce domaine.
Pourtant, à un moment donné, l’argumentation tourne en rond : les laboratoires certifient selon différentes normes, ce qui signifie qu’il n’existe pas de norme. Ils ont donc toute latitude pour certifier comme ils l’entendent. Martin Rapaport l’affirme, la situation va devenir chaotique. Pourquoi un laboratoire ne pourrait-il pas tout certifier « D flawless » ? Pourquoi même aurait-on besoin de laboratoires de certification, voire de certifications ?
Qu’il existe ou non une norme unique en matière de règles, dans la pratique, le marché considère globalement le GIA comme la référence. Même les laboratoires qui s’en éloignent le plus emploient sa nomenclature, dont les définitions sont très précises (« piqué », « flawless », etc.).
Tant que ce point ne sera pas parfaitement clair, la réponse consiste peut-être à appliquer une transparence totale. L’échelle du GIA est publiée en ligne, tout le monde peut donc la consulter. Lorsque nous commandons des rapports du GIA, nous supposons – et attendons à juste titre – que la certification s’appuie sur cette échelle.
Que savons-nous des autres laboratoires ? S’ils certifient en s’appuyant sur l’échelle du GIA, ils doivent le faire savoir aux clients. (Et s’ils ne suivent pas cette échelle – comme le GIA parfois –, ils doivent rendre des comptes.) Et si des laboratoires certifient selon d’autres normes, ils doivent détailler clairement leur grille d’évaluation. Les marchandises dites « légèrement piquées » contiennent-elles de grosses inclusions ? Les pierres flawless ont-elles des défauts ? Ce n’est que récemment qu’EGL International a annoncé que sa politique consistait à certifier une couleur face vers le haut – un écart considérable avec la pratique ordinaire. Pourquoi ne l’ont-ils pas dit plus tôt ?
Une certificatrice m’a expliqué que, dans son ancien laboratoire, les gemmologues recevaient pour instruction de certifier selon le GIA, puis d’ajouter un grade. Pas de quoi être fier, mais si cela fonctionne ainsi, il faut l’indiquer aux acheteurs. Et si un laboratoire accorde régulièrement des avantages à ses bons clients – ce qui, selon certains, est une pratique assez courante –, cela doit également être indiqué. Cela diminuerait de beaucoup l’attrait de ces rapports, mais c’est bien le but. Si vos pratiques commerciales ne sont pas avouables au public, réexaminez-les. Et si un laboratoire délivre des certificats supérieurs qui ne s’appuient pas sur le diamant, mais sur l’argent dépensé par le client, et qu’il se dit pourtant « indépendant », cela pourrait être considéré comme une fraude – comme lorsque l’on reçoit des pots-de-vin pour changer un grade.
The Jewelry Exchange, une chaîne californienne, exige de tous ceux qui achètent des pierres assorties d’un rapport EGL International de signer une clause d’exclusion de responsabilité qui explique :
« Sachez que le grade indiqué dans ce rapport a été déterminé par EGL International et qu’il correspond aux normes européennes. Les normes européennes de couleur et de pureté peuvent varier de deux niveaux par rapport aux certificats du GIA ou d’EGL États-Unis. Toutefois, la différence de certification se traduit par un prix sensiblement plus bas pour ces diamants que pour un diamant certifié par le GIA ou EGL États-Unis.
Ce certificat ne peut être utilisé pour comparer des prix et des certifications que face à d’autres certificats d’EGL International. »
Certains pourront s’offusquer de ces mots, mais cette mention vaut mieux – la dernière phrase en particulier – que de simplement vendre des rapports et sous-entendre que les grades d’EGL International sont égaux aux autres. Après tout, l’affaire a été déclenchée par des joailliers qui se plaignaient d’être victimes de comparaisons de prix inéquitables, dans lesquelles des laboratoires tolérants étaient comparés à des laboratoires plus stricts.
La meilleure politique, tant éthique que légale, consiste à ne s’approvisionner qu’en produits dans lesquels on a confiance – y compris pour les rapports de certification. Chaque joaillier vend des articles qui reflètent ce qu’il est. Si vous proposez des rapports aux grades trompeurs, vous n’êtes plus crédible. Autrement dit, si un détaillant fait appel à des laboratoires qui n’ont aucune norme, c’est ce que l’on retiendra de lui aussi.