Les récentes enchères Magnificent Jewels de Sotheby’s à New York ont fait les gros titres, mais de façon inhabituelle. L’actualité portait davantage sur ce qui ne s’est pas vendu, à savoir une bague avec diamant bleu de 9,54 carats qui a appartenu à l’enfant star Shirley Temple.[:]
La bague était censée être le temps fort de la vente. Les estimations préalables affichaient un prix de réserve entre 25 millions et 35 millions de dollars. La plus haute enchère de la soirée n’atteignant « que » 22 millions de dollars, la bague n’a donc pas pu être vendue. Beaucoup sont restés perplexes. Des murmures se sont fait entendre dans la salle d’enchères, chacun ergotant sur les raisons de ce dénouement.
Deux semaines seulement avant cet événement, Sotheby’s Hong Kong avait vendu le De Beers Millennium Jewel 4, un diamant Fancy Vivid Blue ovale, IF, de 10,1 carats, pour 248,28 millions de dollars de Hong Kong (31,8 millions de dollars). En dehors des qualités intrinsèques du bijou, la pierre a fait la une de l’actualité en 2000, lorsque des voleurs ont tenté de la dérober de son présentoir dans le Dôme du Millénaire à Londres. La maison d’enchères était certaine que le Shirley Temple serait un succès, étant donné la popularité de sa propriétaire. Il n’a pourtant pas trouvé preneur.
Les enchères de New York sont intercalées entre la vente à Hong Kong du De Beers Jewel 4 et la vente à venir de l’Oppenheimer Blue – le plus gros diamant bleu jamais présenté aux enchères, avec 14,62 carats – proposé par Christie’s, la maison d’enchères rivale. Cette pierre qui, comme le Jewel 4, est un IF (contrairement au diamant Shirley Temple), devrait atteindre entre 38 millions et 45 millions de dollars environ. Cette estimation la porterait très près du prix maximum atteint par un diamant aux enchères, le Blue Moon of Josephine, un Fancy Vivid Blue IF taillé en coussin, de 12,03 carats, qui avait atteint le prix record de 48,4 millions de dollars en novembre.
Alors, faut-il s’attrister de l’impossibilité de vendre ce diamant bleu ? Récemment, le marché des diamants de couleur a montré qu’il était dynamique. En plus des différentes pierres bleues qui se sont vendues aux enchères ces derniers mois, citons le Sweet Josephine, un diamant Vivid Pink taillé en coussin, de 16,08 carats, parti pour 28,5 millions de dollars.
Tobias Kormind, le directeur général de 77Diamonds.com, a expliqué : « On a vécu, semble-t-il, une période unique, au cours de laquelle des diamants importants ont changé de propriétaires, une occasion qui risque de ne pas se représenter pendant des décennies. Cela pose la question de savoir si le marché peut réellement faire face à une telle avalanche de pierres en même temps. Le record établi par le Blue Moon a-t-il été le signal trompeur d’une demande latente et la lassitude des acheteurs s’est-elle installée ? Ou s’agissait-il d’une pause, avant la dernière bataille pour le joyau ultime, l’Oppenheimer Blue ? Peut-être le Shirley Temple n’avait-il pas suffisamment d’attraits. Le fait que ce soit un Deep Blue (et non un Vivid) a probablement joué en sa défaveur. Quant à l’Oppenheimer Blue présenté chez Christie’s à Genève le 18 mai, nous verrons bien si le record sera battu ou si le Shirley Temple a été une terrible erreur de timing. »
Les enchères de l’Oppenheimer Blue devraient être un moment fascinant, tout comme la vente chez Christie’s de l’Aurora Green, un diamant vert VS2, sans fluorescence, de 5,03 carats, un exemplaire rare qui a été officieusement évalué entre 16 millions et 20 millions de dollars. Reste à savoir s’il existe un autre Joseph Lau, voire Joseph Lau lui-même, prêt à faire main basse sur ces pierres.