Le World Diamond Council a voté cette semaine en faveur d’une discussion visant à modifier la définition des diamants du conflit, telle qu’elle apparaît dans les Pré-requis du Kimberley Process. Bien que non contraignante, cette décision constitue une évolution largement nécessaire. Mais fera-t-elle vraiment changer les choses ?[:]
La première définition, qui figurait dans la première section des Pré-requis du KP, stipule : les DIAMANTS DU CONFLIT sont des diamants bruts utilisés par les mouvements rebelles ou leurs alliés pour financer des conflits visant à déstabiliser des gouvernements légitimes.
Ainsi sont-ils décrits dans les résolutions concernées du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU), pour autant qu’ils demeurent en vigueur, ou dans d’autres résolutions semblables du CSNU qui pourraient être adoptées à l’avenir, et tel que cela est compris et reconnu dans la résolution 55/56 de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) ou dans d’autres résolutions similaires de l’AGNU qui pourraient être adoptées à l’avenir.
Rédigée à une époque où la guerre civile dévastait les pays producteurs de diamants, comme la Sierra Leone, l’Angola et la République démocratique du Congo, la définition ci-dessus répondait aux préoccupations du moment.
Depuis, ces préoccupations ont évolué, abordant d’autres situations relatives aux diamants, notamment le cas du gouvernement légitime du Zimbabwe, qui aurait fait usage d’une violence extrême contre son propre peuple dans la région diamantifère de Marange.
D’un point de vue purement technique, les diamants extraits à Marange ne sont pas des « diamants du conflit », mais les pays membres du KP et la communauté du diamant ont malgré tout fait preuve d’une souplesse suffisante pour agir.Des pressions ont commencé à se faire sentir pour moderniser et élargir la définition du conflit.
Le WDC a adopté une résolution qui « soutient les discussions relatives à l’élargissement de la définition des diamants du conflit dans les Pré-requis du système de certification du KP, sur la base suivante : “la violence liée aux diamants dans les zones de production et d’échange de brut”. Le WDC considère que la proposition de la présidence du KP constitue une base adéquate à l’avancement des discussions ». Si les discussions progressent suffisamment, le texte élargira considérablement la définition actuelle du commerce exercé par des forces rebelles.
Il existe deux raisons principales qui sous-tendent les réticences à élargir la définition. La première est liée au sentiment que l’ONU devrait aborder elle-même les conflits plutôt que d’en laisser le soin à l’organisation commerciale, considérée comme une sorte de système douanier du diamant.
En deuxième lieu, si la définition était élargie pour inclure « la violence », il serait peut-être possible de proposer la sortie de la Chine du KP en raison de son emprise sur le Tibet, des États-Unis pour leur présence militaire en Afghanistan ou encore d’Israël pour les tirs transfrontaliers avec la bande de Gaza.
En fait, ce genre de sanction a déjà été demandé, même si les diamants ne font pas partie de ces conflits. Ces propositions sont aussi ridicules qu’un appel à interdire le commerce des concombres.
Le texte proposé, rédigé lors d’une pause à l’assemblée annuelle du WDC lundi, répond à ces craintes et désamorce cette bombe potentielle. Il propose également une base aux discussions, mais rien de plus.
Là est le piège… L’industrie du diamant est intervenue par l’intermédiaire du WDC. Or, l’industrie n’est qu’un observateur du KP, et non un de ses membres. Seuls les pays membres peuvent modifier les Pré-requis. Ils peuvent en parler, et ils le feront certainement pendant des années, mais sans adopter de résolution. Avant même que les discussions ne débutent, l’Inde, la Russie et la Chine ont déjà exprimé leur opposition, un coup sévère porté dans un système de vote qui requiert l’unanimité pour appliquer le changement.
Entre leurs mains repose la possibilité d’améliorer l’industrie et d’aider les personnes qui y évoluent, tout cela au nom de la décence.