Nous nous sommes débarrassés du monopole de la De Beers… en échange d’un autre…[:]
Je travaille dans ce secteur depuis un peu plus de 43 ans. Pendant cette période, j’ai passé presque 5 ans en tant qu’Acheteur pour remplacement de sinistre, pour les assurances USAA. J’étais chargé d’acheter plus d’un million de dollars de diamants par an.
Pas une seule fois je n’ai acheté un diamant en me fiant à une listeRapaport. Jamais la fiche RapNet n’a été évoquée pendant les négociations.
Vu toute la couverture médiatique des récentes actions de RapNet (auteur de la liste Rapaport), qui entend faire disparaître tous les diamants certifiés par les laboratoires EGL, où que ce soit, j’ai pensé qu’il serait bien pour notre communauté mondiale ISG de remettre toute cette affaire en perspective.
À la sortie de la liste, l’industrie était atterrée que l’on ose publier ce qui était présenté comme le tarif de New York… et qu’on la mette à disposition des clients. C’était un sacrilège. Cela revenait à tuer la poule aux œufs d’or. L’idée même de publier les tarifs s’apparentait à publier le prix facturé par Ford Motor Company à ses concessionnaires, mais à une bien plus grande échelle. Or, les auteurs de la liste Rapaport ont insisté ; le fiasco qui en a résulté pour l’activité des joailliers indépendants locaux a toujours des conséquences aujourd’hui.
Entre-temps, MM. Rapaport et Oppenheimer ont décidé que l’idéal serait d’employer l’énorme pouvoir de leur industrie pour transformer les diamants en matières premières, à l’instar du pétrole brut, des graines de soja ou de l’or. Cela n’a pas donné de bons résultats, mais c’est le fruit d’un travail de longue haleine des employés de Rapaport pour contrôler les marchés mondiaux du diamant au moyen de cette liste Rapaport et de RapNet. Même si l’idée des diamants en tant que matière première n’a pas eu d’issue favorable, les tentatives pour contrôler les prix mondiaux au moyen des tarifs de la liste Rapaport ont très bien fonctionné… pour Rapaport… mais pas autant pour le reste de l’industrie.
Les récentes initiatives de RapNet visent à retirer tous les laboratoires EGL des cotations RapNet, alors même que la question soulevée par Rapaport ne concerne qu’EGL International. Nous avons été frappés que RapNet profite de l’occasion pour exercer cette puissance extrême de façon indue. Ce que je trouve plus intéressant encore, c’est l’article rédigé par Martin Rapaport, dans lequel il bombe le torse, à si juste titre, à propos de l’éthique dans l’industrie de la certification, alors que c’est la liste Rapaport qui est au cœur même de l’effondrement ultime des bénéfices diamantaires pour les joailliers indépendants locaux, partout dans le monde.
Selon nous, Rapaport a pris la place de la De Beers en tant que monopole opérationnel de l’industrie. RapNet a bâti un scénario dans lequel il a le pouvoir d’infliger des dégâts considérables au laboratoire de son choix et il peut, par le biais de la liste Rapaport , exercer une influence indue sur les prix du marché. L’industrie a beau s’être débarrassée du monopole de la De Beers, elle l’a simplement échangé contre le monopole RapNet.
Il existe bien des guides de tarification légitimes pour les diamants, qui sont en effet « réservés à l’industrie ». Nous enquêtons actuellement sur les tarifs IDEX de l’International Diamond Exchange. La principale différence que nous avons découverte jusqu’à présent est simplement ceci : le rapport IDEX s’appuie sur des transactions réelles de diamants, tandis que RapNet tente de contrôler les transactions en influant sur les opérations des laboratoires et les niveaux de prix.
Pour nous, cela fait une grosse différence. Faire état de ventes réelles du marché OU essayer de contrôler le mode de transaction du marché.
Je travaillais dans ce secteur avant l’existence du monopole RapNet. Les marchés mondiaux étaient bien plus rentables et bien plus viables.
Je suis resté suffisamment longtemps pour voir la fin du monopole de la De Beers.
J’espère également que je serai là suffisamment longtemps pour voir celle du monopole RapNet.
Lorsque ce pouvoir débridé sur une industrie se retrouve aux mains d’un seul homme, le résultat n’est jamais bon. On en revient à notre précédente comparaison de RapNet à celle d’Antonio López de Santa Anna.
Souvenez-vous d’Alamo !
Souvenez-vous comment étaient les affaires avant RapNet !
Robert James FGA, GG
Président, International School of Gemology
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