L’émotion a été vive lors de la conférence du diamant du Zimbabwe qui vient de se clore : les délégués et dirigeants de l’industrie se sont prononcés contre les sanctions américaines imposées aux entreprises opérant à Marange.
Le débat sur l’embargo commercial était tellement survolté qu’il a donné lieu à un combat verbal débridé.[:]
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L’inspecteur du KP pour le Zimbabwe, Abbey Chikane, a fait monter la pression lorsqu’il a ouvertement demandé à l’actuelle présidente de l’observatoire du commerce du diamant, l’Ambassadeur Gillian Milovanovic, une citoyenne américaine, de se récuser pour éviter les conflits d’intérêt.
Juste avant cela, elle avait refusé d’expliquer pourquoi les États-Unis ne levaient pas les sanctions sur les diamants du pays, malgré une résolution du KP l’an dernier donnant le feu vert au Zimbabwe pour reprendre les exportations à Marange.
« Le danger, c’est une présidence qui divise l’organisation en raison de votre conflit d’intérêt… vous êtes censée vous récuser », a déclaré Abbey Chikane face à l’incompréhension générale.
Se rappelant sans doute que son mandat à la présidence du KP approchait, Abbey Chikane a rapidement changé de ton, affirmant que l’Afrique du Sud, prochain président, tenterait de sortir de l’impasse sans faire de compromis.
« Quand l’Afrique du Sud prendra la présidence l’année prochaine, nous résoudrons ces problèmes », a-t-il plaisanté.
Abbey Chikane n’a pas précisé l’usage que fera son pays d’une quelconque baguette magique.
Et pour finir par enflammer une situation déjà électrique, le ministre des mines du Zimbabwe, Obert Mpofu, a déclaré que les négociants et les investisseurs, notamment indiens et arabes, avaient « peur » des représailles des États-Unis.
« Ils viennent me voir en chuchotant qu’ils craignent d’être entendus par les Américains qui interféreraient avec leurs activités », a-t-il expliqué sous les rires.
Certains délégués ont rappelé que les sanctions américaines contre le Zimbabwe encourageaient le commerce clandestin, faisant ainsi le lit des diamants du « conflit », ceux-là mêmes que les États-Unis tentaient d’interdire.
Ils ont exigé que l’Ambassadeur Gillian Milovanovic explique pourquoi les États-Unis n’avaient pas levé les sanctions en dépit des progrès que le KP, l’organisation qu’elle dirige, avait reconnus.
Il semble que Gillian Milovanovic se soit préparée à résister à un ouragan de critiques de type Sandy, soufflant principalement du côté des délégués africains, asiatiques et arabes.
Elle a refusé de céder à la pression, affirmant : « Vous êtes venus chercher un drame, mais vous allez être déçus. »
Comme si cela ne suffisait pas, Gillian Milovanovic a ajouté : « Par nature, je ne suis pas adepte des situations conflictuelles. »
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Elle a même demandé à Michael Gonzalez, le représentant politique et économique à l’ambassade américaine à Harare, de venir évoquer la position de Washington sur les sanctions.
Celui-ci n’a pas pu apporter la réponse que la majorité des présents attendait, martelant que les sanctions avaient pour origine les questions nationales que les États-Unis avaient dénoncées.
Michael Gonzalez a rappelé que les sanctions américaines contre des sociétés minières du Zimbabwe n’avaient rien à voir avec le KP, mais qu’il s’agissait d’une question bilatérale.
Il a affirmé que Washington imposait des sanctions en raison d’inquiétudes liées à la violence financée par l’État.
« Le procureur général du Zimbabwe et les chefs de la sécurité devraient commencer à répondre aux appels du président (Robert Mugabe) pour mettre fin à la violence et finalement lever les sanctions », a déclaré Michael Gonzalez.
Les représentants du gouvernement du Zimbabwe ont déclaré que les États-Unis avaient été induits en erreur par des organisations non gouvernementales qui falsifiaient des informations sur l’état du pays.
Obert Mpofu a affirmé que le Zimbabwe était un pays pacifique et démocratique.
« Nous ne connaissons pas de violence ici, à la différence des rues de New York où les gens sont abattus en plein jour. C’est ça la paix ? Ici, le droit est appliqué ; même si l’on ne vole qu’un stylo, il ne faut pas longtemps à nos officiers de police pour arrêter l’auteur des faits », a-t-il ajouté.
Les querelles se sont poursuivies sur le même thème. La situation a davantage viré au concours de gymnastique verbale, empreint de nervosité.
Un leitmotiv est revenu dans les discussions : les diamants de Marange doivent pouvoir s’échanger librement, sans aucune entrave.
Certains professionnels indiens ont déclaré que les diamants de Marange sont apparus au bon moment, la production mondiale étant sur le déclin. Tous les efforts visant à freiner leur circulation conduiraient à une hausse des prix.
Le président du World Diamond Council, Eli Izhakoff, a même pris une décision audacieuse : il a annoncé que son organisation allait bientôt demander au Trésor américain et à l’Union européenne de lever les sanctions sur les diamants de Marange.
Reste à savoir si sa démarche aboutira car il s’attaque là à un chantier de taille.
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