Co-fondateur et conseiller stratégique principal pour le Diamond Empoverment Fund, le Docteur Benjamin Chavis est une personnalité éclectique et très inspirante. [:]Engagé de la première heure dans les combats pour l’égalité des droits civiques et le développement économique, notamment en Afrique, il porte haut les missions du DEF, à savoir promouvoir et développer des missions éducatives dans les pays africains producteurs de diamants. Il se raconte ici pour nous, revient sur ses engagements, la création du DEF et l’avenir de l’industrie. Une rencontre passionnante !
Docteur Benjamin Chavis, pourriez-vous vous présenter et revenir sur votre parcours ?
Je milite depuis cinquante ans pour le mouvement des droits civils aux États-Unis.
Je suis né en 1948 à Oxford, en Caroline du Nord. Ma famille a toujours fait la promotion d’une éducation de qualité, du développement professionnel, de la foi religieuse, du changement social, de l’égalité et de l’autonomisation. Mon arrière-arrière-grand-père a été le premier Afro-Américain à être ordonné par l’Église presbytérienne aux États-Unis et à devenir un éducateur de premier plan en Amérique.
Jeune, de 1963 à 1968, j’ai d’ailleurs eu la chance d’officier comme organisateur sur le terrain pour Martin Luther King Jr. et la Southern Christian Leadership Conference (SCLC),
En 1969, j’ouvre un restaurant familial et apprends les valeurs de l’entrepreunariat, pour être ensuite ordonné pasteur de l’Église Unie du Christ ; de 1970 à 1985, je travaille comme organisateur exécutif de la communauté, au sein de la Commission pour la Justice Raciale de l’Église Unie du Christ (UCC).
J’obtiens mon premier diplôme d’études supérieures en chimie, à l’université de Caroline du Nord, puis une maîtrise à l’université Duke et un doctorat à l’université Howard.
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Entre 1986 et 1992, je suis nommé directeur exécutif et PDG de la Commission pour la Justice Raciale de l’UCC. Dans les années 80, je me bats contre l’apartheid en Afrique australe, en étroite collaboration avec le Congrès national africain (ANC), sous la direction d’Oliver Tambo et de Nelson Mandela. En 1993-1994, j’officie en tant que directeur exécutif et PDG de l’Association nationale pour l’avancement des gens de couleur (NAACP), le plus grand et ancien organisme des droits civils au monde.
En 2001, je co-fonde le Hip-Hop Summit Action Network avec Russell Simmons.
C’est en 2007, en collaboration avec la De Beers et d’autres dirigeants de l’industrie diamantaire et des bijoux, que Russell Simmons et moi fondons le Diamond Empowerment Fund.
Mon parcours a donc évolué avec le temps de façon pluridisciplinaire. Mon travail et mes engagements restent concentrés sur les questions du commerce mondial et du développement économique, de l’éducation et de l’autonomisation des personnes.
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« Mon travail reste concentré sur les questions du commerce mondial et du développement économique, de l’éducation et de l’autonomisation des personnes. »
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Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos motivations à travailler dans l’industrie du diamant et, surtout, à fonder le Diamond Empowerment Fund ?
Je m’intéresse depuis longtemps à la croissance et au développement de l’industrie du diamant et des bijoux aux États-Unis et dans le monde. J’ai appris à apprécier l’impact positif qu’elle a sur les économies émergentes, en Afrique en particulier. Précédemment, j’avais travaillé en Angola, en Namibie, au Botswana, en Afrique du Sud, au Ghana, au Zimbabwe, en République démocratique du Congo et dans d’autres pays d’Afrique.
Alors, lorsque Russell Simmons, reconnu pour être le parrain de la culture hip-hop, a créé, en 2005, la Simmons Jewelry Company avec l’un de ses amis, Scott Rauch, cela fut pour moi l’occasion d’approfondir mes recherches sur l’industrie.
[two_third]L’un des moments dont je suis le plus fier est lorsque Russell Simmons a décidé de se rendre en Afrique, pour la première fois, en automne 2006, et ce malgré les objections de certaines ONG, qui avaient indûment critiqué l’industrie du diamant en Afrique. J’ai fait le voyage avec Scott Rauch, Sally Morrison (chargé, à l’époque, des relations publiques pour la DTC et la De Beers) et d’autres membres de l’industrie, ainsi qu’avec une équipe de tournage, qui filmait notre périple. Notre délégation en Afrique du Sud et au Botswana, désignée pour mener une mission d’enquête sur le terrain au sujet du travail et de l’impact de l’industrie en Afrique australe, a été un énorme succès. Nous nous sommes rendus dans les communautés vivant autour des mines de diamants, dans les écoles et les hôpitaux que l’industrie avait construits, nous avons visité les mines. Nous avons discuté en toute liberté avec des mineurs et des membres de leurs familles. Nous avons pu constater combien l’industrie contribuait à élever le niveau de vie au Botswana et en Afrique du Sud et apportait une aide directe pour améliorer la qualité de vie des habitants d’Afrique australe. C’est suite au succès de notre mission d’enquête en Afrique que nous avons décidé de créer le Diamond Empowerment Fund en 2007. J’ai la chance d’avoir pu le co-fonder et le co-présider. Depuis 2011, je suis conseiller stratégique principal pour le DEF.[/two_third]
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« Nous avons discuté en toute liberté avec des mineurs et des membres de leurs familles. Nous avons pu constater combien l’industrie contribuait à élever leur niveau de vie. Nous avons décidé de créer le Diamond Empowerment Fund en 2007. »
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Parlez-nous un peu plus de la genèse du DEF ? Je suis intriguée de voir que l’un de ses membres fondateurs est Russell Simmons, producteur de hip-hop…
Le Diamond Empowerment Fund (DEF) a été créé en 2007 sous forme d’organisation internationale à but non lucratif. Sa mission consiste à soutenir les initiatives d’enseignement supérieur dans les pays africains, où les diamants constituent une ressource naturelle. Nous considérons que le développement durable, grâce à l’éducation, est essentiel pour autonomiser les individus, les communautés et les nations, qui pourront ainsi réaliser leur plein potentiel économique et humain.
[two_third]L’un des principaux facteurs de motivation pour créer le Diamond Empowerment Fund a été l’incitation personnelle de l’ancien président d’Afrique du Sud, Nelson Mandela, que Russell Simmons et moi-même avions rencontré en novembre 2006. Nelson Mandela avait souligné combien il était important de sensibiliser le public sur ce que l’industrie du diamant et des bijoux faisait de bien en Afrique pour améliorer les conditions économiques et sociales de la population. Il nous a exhortés à retourner en Amérique pour créer une organisation qui travaillerait, sans interruption, à défendre l’industrie, sensibiliser le public et soutenir l’éducation de la prochaine génération de dirigeants d’Afrique. Nous avons écouté Nelson Mandela avec beaucoup d’attention. Il nous a motivés pour collaborer avec l’industrie afin de mettre en œuvre le DEF.[/two_third]
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« Nous considérons que le développement durable, grâce à l’éducation, est essentiel pour autonomiser les individus, les communautés et les nations. »
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Justement, pourquoi « l’éducation » est-elle, selon vous, la meilleure façon de soutenir le développement dans les pays producteurs de diamants en Afrique ?
L’éducation est essentielle au développement durable dans le monde. C’est le premier facteur pour soutenir la croissance économique et la stabilité des pays en développement, notamment les économies émergentes d’Afrique et d’Asie. L’offre d’opportunités et de bourses aux jeunes dirigeants, pour leur garantir un enseignement supérieur de qualité, est l’axe de travail le plus efficace du DEF. Sa mission en Afrique, ces sept dernières années, a été d’identifier, de sélectionner, de financer et d’évaluer des bénéficiaires, qui apportent une assistance pédagogique et des bourses d’études, directement, aux étudiants autochtones des pays pour lesquels les diamants sont une ressource naturelle.
Quels moyens sont à votre disposition et qui sont vos bailleurs de fonds ?
Ces dernières années, bien plus de 3 millions de dollars ont été versés, par le biais du DEF, à des initiatives, ainsi que des bourses d’études supérieures pour plus de 2 200 étudiants des universités des pays producteurs de diamants.
Les donateurs annuels, qui soutiennent financièrement la mission du DEF en Afrique, regroupent un large éventail de leaders de l’industrie du diamant et des bijoux dont, notamment, De Beers Group, Forevermark, Sterling Jewelers, Chow Tai Fook, Tiffany & Company, Leo Schachter, Exelco Group, Dalumi Group, Malca-Amit, Simmons Jewelry Company, JCK, le GIA, Royal Asscher, Julius Klein, Sarin Technologies, Rubel&Ménasché, Standard Chartered Bank et Brilliant Earth. Tous les joailliers et fabricants qui donnent au DEF respectent strictement le système de certification et de garanties du Kimberley Process.
Le DEF est également membre de la délégation du World Diamond Council auprès du Kimberley Process.
Les niveaux proposés aux donateurs annuels existants du DEF sont Empowerment Circle Partnership, Diamonds for Good Membership et Chalkboard Champions Individual Membership. (Pour obtenir une liste plus détaillée, rendez-vous sur www.diamondempowerment.org.)
Pouvez-vous nous citer des projets emblématiques du travail du DEF ou dont vous êtes particulièrement fier ?
En Afrique, il existe trois bénéficiaires emblématiques de la mission du DEF et que nous sommes très fiers de soutenir.
CIDA City Campus à Johannesburg, une université accréditée qui propose un baccalauréat en administration des affaires (BAA), principalement pour les étudiants défavorisés d’Afrique du Sud ou d’autres pays d’Afrique australe. À chacune de nos visites sur le site de CIDA City Campus, nous avons été impressionnés par l’engagement et le dévouement des administrateurs, des professeurs et des étudiants, tous en quête de l’excellence scolaire. Et, surtout, les diplômés du BAA ont contribué à former davantage de directeurs et de responsables informatiques que toute autre université du pays dans le secteur en croissance, en Afrique du Sud, des « technologies de l’information ».
Le Programme Botswana Top Achievers, basé à Gaborone. Il propose des bourses complètes aux meilleurs étudiants académiques, sélectionnés à l’issue d’un concours de l’enseignement secondaire à l’échelle nationale et organisé chaque année par le ministère de l’Éducation du Botswana. Le DEF est heureux de contribuer à ce programme en raison de son importance stratégique pour l’avenir du développement durable au Botswana, principal producteur de diamants au monde (en valeur, ndlr), et pour le secteur, en plein développement, des services financiers. Ainsi, les domaines d’études ciblés par le programme Botswana Top Achievers sont la finance, les affaires, l’ingénierie, la médecine et la science.
African Leadership Academy se trouve à Johannesburg, en Afrique du Sud. L’organisation considère que le leadership éthique est fondamental pour transformer le continent africain en soutenant ses futurs dirigeants. Il s’agit du seul établissement de ce genre ayant pour mission de former des dirigeants pour tout un continent. L’African Leadership Academy rassemble des étudiants de 41 pays africains. Les contributions du DEF vont aux étudiants originaires des pays producteurs de diamants là-aussi. Ce programme a été reconnu comme un programme de classe mondiale pour le développement d’un leadership universitaire, hautement couronné de succès.
Vos missions sont-elles compliquées à réaliser ? À quelles difficultés êtes-vous confronté ?
[two_third]La mission du Diamond Empowerment Fund est claire et simple, mais les défis auxquels nous sommes confrontés sont énormes.
Les besoins sont incommensurables et le potentiel de changement, productif et durable, pour l’avenir de l’Afrique est, aujourd’hui, en pleine ascension. Nous pensons que l’industrie du diamant et des bijoux a intérêt à accroître son soutien au DEF, aujourd’hui et à l’avenir. Une bonne responsabilité sociale des entreprises favorise les affaires. Nous constatons des progrès et nous remercions les membres de l’industrie qui contribuent au développement économique de l’Afrique. Cela permet de faire de notre monde un endroit meilleur pour tous.[/two_third]
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« Nous pensons que l’industrie du diamant et des bijoux a intérêt à accroître son soutien au DEF, aujourd’hui et à l’avenir. »
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Pourriez-vous nous parler de vos événements, The Good Awards et Diamonds in the Sky, particulièrement le prochain, prévu en mai 2014…
Les Good Awards 2014 du DEF auront lieu à New York le 9 janvier 2014. Nous allons distinguer et récompenser le JCK, Fred Meyers Jewelers et Forevermark pour leur leadership exceptionnel.
Le 29 mai 2014, notre gala Diamonds in the Sky aura lieu à Las Vegas. Nous remettrons le Global Diamond Industry Achievement Award 2014 à SE le Président Ian Khama et au Gouvernement de la République du Botswana, en reconnaissance de leur leadership mondial et de leurs contributions à la démocratie, au développement économique durable, à la croissance et à l’expansion de l’industrie internationale du diamant.
Ces deux événements exceptionnels aideront le DEF à lever des fonds pour poursuivre sa mission.
Comment pouvons-nous vous aider ? J’ai vu sur votre site Internet que nous pouvons bien sûr devenir donateur, mais que vous aviez également développé une collection de bijoux. Pourriez-vous nous en dire plus?
Vous pouvez soutenir la mission du DEF en devenant un donateur annuel à l’un des trois niveaux de partenariat et d’adhésion existants. Vous pouvez aussi verser une contribution en ligne au DEF et recevrez un article de la série Empowerment Jewelry, présentée sur notre site à l’adresse www.diamondempowerment.org. Ces articles ont été spécialement conçus pour aider le DEF dans sa collecte de fonds à but non lucratif.
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Avez-vous des projets au sein du DEF dont vous aimeriez nous parler?
L’un de nos projets concerne une campagne mondiale dans les médias sociaux, intitulée « Diamonds Do Good », qui vise à bien mieux sensibiliser les consommateurs à l’impact positif de l’industrie du diamant dans le monde, et en particulier en Afrique. Les jeunes adultes expriment de plus en plus leur conscience sociale lorsqu’ils achètent. Nous estimons que le travail du DEF, associé à la bonne volonté collective et à la générosité de l’industrie du diamant et des bijoux, aura un écho positif chez tous les consommateurs, en particulier les jeunes.[/two_third]
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« L’un de nos projets concerne une campagne mondiale dans les médias sociaux, intitulée Diamonds Do Good. »
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Pour aller plus loin, quels sont, selon vous, les perspectives et les enjeux à plus ou moins long terme de l’industrie du diamant?
Les défis à long terme dans l’industrie consistent à augmenter les bénéfices, en développant et en fidélisant des consommateurs partout dans le monde. Nous parviendrons ainsi à soutenir et revendiquer la valeur élevée de nos produits, tout en valorisant la responsabilité sociale de l’industrie. Je crois donc que le Diamond Empowerment Fund peut, et doit, jouer un rôle important, il doit aider l’industrie à atteindre ses objectifs à long terme.
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Et vous ? Avez-vous des projets dont vous aimeriez nous parler ? Un rêve peut-être ?
Mon rêve est de voir le Diamond Empowerment Fund croître et se développer, parallèlement à l’industrie du diamant et des bijoux. Je suis optimiste. Je pense que l’avenir va s’améliorer pour l’Afrique et le monde entier. Le développement économique et le renforcement des économies mondiales aideront à résoudre certains des problèmes persistants en matière de pauvreté et d’instabilité. L’industrie du diamant est intergénérationnelle ; je crois que les solutions à certains des problèmes du monde seront également intergénérationnelles. Les diamants sont des expressions éternelles de l’amour. Le travail et les actes de l’industrie, en étant justes, contribueront à l’élévation, au respect et à l’amour de l’humanité tout entière.
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« L’industrie du diamant est intergénérationnelle ; je crois que les solutions à certains des problèmes du monde seront également intergénérationnelles. »
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