Selon votre place dans la chaîne de valeur, les diamants recyclés sont pour vous soit un excellent moyen de gagner de l’argent, soit un embarras pour vos bénéfices et vos marges. [:]Jusqu’à il y a quelques années, les diamants recyclés (précédemment détenus par des consommateurs) représentaient une part si infime des marchandises d’un magasin qu’ils étaient négligeables en termes d’économie. Toutefois, selon les estimations publiées par Chaim Even Zohar ces dernières années, jusqu’à un milliard de dollars de diamants refluent dans le système grâce aux consommateurs.
La montée en gamme de l’offre de diamants recyclés est liée à la crise financière de 2008-2009 et la récession qui a suivi. Brusquement, de nombreux Américains ont risqué de perdre leurs maisons s’ils ne parvenaient pas à régler leur hypothèque. Ils ont dû se serrer la ceinture, beaucoup ayant perdu leur emploi ou subi des réductions de salaire. Parallèlement, leurs obligations financières continuaient d’augmenter. Ces personnes en difficulté ont alors dû envisager de vendre certains biens personnels pour protéger d’autres possessions.
Les objets de collection, les voitures, les cartes de baseball et autres objets de valeur, tels que les bijoux anciens des grands-mères, se sont vendus plus que jamais auparavant. En 2009, les diamants recyclés figuraient de plus en plus dans les vitrines des détaillants.
Avec 1 milliard de dollars de ventes annuelles estimées à l’échelle mondiale, les diamants recyclés représentent plus de 4 % des diamants vendus par les détaillants en 2011, selon Chaim Even Zohar. En 2012, la part des diamants recyclés a augmenté de 5,5 %, sur une offre estimée à 1,2 milliard de dollars.
Les détaillants adorent les diamants recyclés. Avec les échanges, lorsqu’un client remplace un diamant dans un bijou par un diamant plus joli ou plus gros, les détaillants entrent dans leurs stocks des pierres qui leur coûtent moins cher (parfois beaucoup moins cher) que celles achetées auprès de grossistes. Lorsqu’ils les vendent au prix de détail, et même avec une remise modeste, les détaillants obtiennent des marges bien plus importantes avec ces marchandises : entre cinquante et quelques centaines de pour cent. Pas de doute, ils adorent cette source de revenus.
Les grossistes, naturellement, sont moins enthousiastes. Leurs marges sont généralement très minces, environ 3 % à 5 %, au mieux. Ils n’ont donc pas la capacité de rivaliser avec les consommateurs qui cherchent désespérément à vendre des diamants anciens et qui sont mal informés des prix du gros. Perdre 5,5 % de son activité, voilà un coup sérieux porté aux grossistes. Il ne fait aucun doute que cet élément a contribué aux grands surstocks (stocks croissants détenus par les fabricants) en 2011.
Les diamants recyclés ont progressé de 20 % entre 2011 et 2012, mais la hausse s’est-elle maintenue en 2013 ? Selon nos informations anecdotiques, la réponse est non. L’amélioration de l’économie a largement refroidi la motivation des consommateurs à se débarrasser de leurs vieux bijoux.
Non seulement le marché du logement s’améliore aux États-Unis, mais l’économie mondiale en général se reprend, même dans une Europe malmenée. Face à un redressement vigoureux de certains des plus grands marchés boursiers au monde en 2013, les consommateurs se sentent moins en détresse.
Les échanges continueront à offrir de jolies marges aux détaillants. Plus haut dans la filière, les prêteurs sur gages ont appris la valeur des diamants et les vendent plus cher, principalement à des fabricants qui les retaillent, les nettoient, les certifient, puis les revendent à des détaillants au prix de gros, ou avec un léger rabais. Les marchandises recyclées ne disparaîtront pas de sitôt. Pourtant, et jusqu’au prochain grand choc économique, les diamants recyclés perdront du terrain.