Diamants – Réajustement des stocks

Avi Krawitz

La partie médiane du pipeline parvient difficilement à s’aligner sur les niveaux de la demande, actuellement en baisse. Résultat : fabricants et négociants de taillé continuent de vivre des situations difficiles, malgré l’augmentation de la demande des consommateurs.[:]
Ainsi, des articles récents sur la demande record pour les bijoux en diamants et la forte hausse des prix des diamants en 2014 ont pu se révéler trompeurs. Ils n’ont pas tenu compte des déséquilibres actuellement constatés sur le marché.

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Bien que la demande de bijoux en diamants ait progressé l’année dernière, les échanges de taillé ont reculé. Et même si les sociétés minières ont profité de bénéfices satisfaisants, les tailleurs ont eu des difficultés à conserver de minces marges opérationnelles. Pendant que les prix du brut augmentaient, ceux du taillé régressaient.

Ces disparités se sont effectivement maintenues en 2015, imposant des pressions supplémentaires sur le secteur de la fabrication.

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« Bien que la demande de bijoux en diamants ait progressé l’année dernière, les échanges de taillé ont reculé. »

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L’élément le plus notable a peut-être été l’effet qu’a eu le ralentissement de la demande des consommateurs sur la demande de diamants. Dans un rapport publié pendant la semaine du 16 mars, la De Beers a estimé que la demande pour les bijoux en diamants avait progressé de 3 % en glissement annuel, pour atteindre le chiffre record de 81,4 milliards de dollars en 2014. Or, le rythme de croissance a ralenti par rapport aux années précédentes. En dehors d’un marché américain stable, tous les autres grands territoires ont subi une décélération, et plus particulièrement en Chine, en Inde et au Japon, comme l’a montré l’étude.

Les grossistes et détaillants de bijoux achètent donc des volumes réduits de diamants. Le développement agressif des détaillants chinois dans les villes de niveau III et IV semble s’être tassé. Les gros besoins en diamants, destinés à remplir les nouvelles vitrines de ces villes – et qui avaient stimulé les échanges ces dernières années – ont ainsi ralenti.

La demande chinoise provient désormais de détaillants qui achètent pour satisfaire les commandes à mesure de leur arrivée, plutôt que pour se constituer un stock. Cette stratégie est claire, en particulier dans un environnement où les prix ont tendance à baisser.

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En réalité, le nouveau paysage mondial est celui de détaillants qui gèrent des stocks plus limités. Au lendemain de la crise de 2008-2009, ils se montrent plus sages et ne veulent plus être gênés par un stock excédentaire ou immobile.

Ces derniers mois, les fabricants ont tenté de les imiter en réduisant leur production. Ils ont toutefois été piégés par des problèmes d’approvisionnement en brut. Les sociétés minières ont maintenu des niveaux de production relativement stables et se refusent à engendrer du stock.

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« En réalité, le nouveau paysage mondial est celui de détaillants qui gèrent des stocks plus limités. »

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Bien que l’approvisionnement en brut ait diminué en début d’année, une augmentation a pu être notée de nouveau au mois de mars. Le sight de la De Beers de la semaine du 23 mars a été estimé aux environs de 700 millions de dollars.

3-rough-diamond-6-small-polishedAvant cette vente, l’approvisionnement en brut avait connu un repli, les grandes sociétés minières ayant «autorisé» les fabricants à reporter jusqu’à 25 % de leurs attributions aux mois de janvier et février. Le but était d’offrir une chance au marché de réduire ses stocks de taillé.

L’opération a fonctionné dans une certaine mesure. Les délais de traitement du Gemological Institute of America (GIA) sont brusquement repassés à deux semaines, certainement du fait d’une baisse des volumes de marchandises adressées pour certification, suite à un recul de la fabrication.

Le marché semble toutefois se trouver à un étrange carrefour, avec une sensation d’offre excédentaire associée à des pénuries évidentes dans certaines catégories. Il se pourrait très bien que la demande soit sélective et que les pénuries concernent des articles pour lesquels les acheteurs ont des besoins très spécifiques.

[two_third]Quoi qu’il en soit, les fabricants ne semblent pas encore prêts à accélérer leur production de taillé et les premiers rapports évoquant un sight important pour la De Beers ne vont pas les aider. (Rapaport News publiera un rapport complet sur le sight au cours de la semaine du 30 mars.) Les sightholders auraient repoussé le gros de leur approvisionnement pour la prochaine période contractuelle, qui débute en avril, jusqu’au second semestre. On ne sait donc pas si les sociétés minières pourront maintenir leurs prix dans les mois à venir, comme elles l’ont fait en mars. Parallèlement, les prix du taillé ont continué à reculer le mois dernier et les marges des fabricants se retrouvent de nouveau dans un étau.[/two_third][one_third_last]

« Les acheteurs hésitent à augmenter leurs stocks de diamants car ils sont face à un environnement économique volatil et à un ralentissement de la croissance de la demande chez les consommateurs. »

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Bain & Co. a noté, dans son Rapport mondial sur les diamants de 2014 (Global Diamond Report), que les marges opérationnelles des fabricants et des négociants allaient de 1 % à 4 % en 2013. Il est probable qu’elles se trouvent actuellement dans la partie basse de la fourchette.

Les fabricants subissent des pressions supplémentaires, liées à leur mode de travail. Comme l’a indiqué Erik Jens, le PDG de la division Clients de bijoux et diamants pour ABN Amro, dans un récent entretien avec Rapaport News, c’est le segment le moins rentable de l’industrie qui supporte la plus grosse charge financière. Les fabricants achètent leur brut comptant, passent trois mois à le tailler, puis entre deux semaines et un mois (au mieux) à attendre les rapports de certification pour vendre le taillé, principalement à crédit. Les délais entre le moment où ils doivent payer le brut et celui où ils sont payés pour le taillé peuvent aller de six à neuf mois.

Rien d’étonnant donc à ce qu’ils soient sous pression, dans cet environnement de marché peu florissant. La fabrication est une activité risquée, qui exige une importante création de valeur, bien au-delà de la simple transformation de brut en taillé. L’activité est particulièrement décourageante, puisque la demande ne devrait pas se reprendre fortement dans les mois à venir. Le deuxième trimestre est traditionnellement calme sur le marché, aucune fête importante ne venant stimuler les ventes de détail. Et surtout, rien n’indique encore qu’un réapprovisionnement important pourrait avoir lieu, comme cela est généralement le cas après les fêtes de Noël et du Nouvel An chinois. Même si la De Beers et d’autres ont récemment estimé que les stocks seraient reconstitués un peu plus tard cette année, il semble aujourd’hui qu’aucune ruée vers les marchandises ne doive avoir lieu.

[two_third]Les détaillants de bijoux paraissent disposer de suffisamment de marchandises et se contentent d’acheter ce dont ils ont besoin pour satisfaire les commandes en cours. Rapaport l’a indiqué récemment dans ses commentaires hebdomadaires, « [il y a] trop de diamants en quête d’acheteurs trop peu nombreux. » Dans le même temps, même si les sociétés minières ont maintenu une production stable, elles forcent des fabricants peu enthousiastes à acheter leur approvisionnement.[/two_third][one_third_last]

« Le marché doit cibler les achats et le négoce de taillé, plutôt que la fabrication de brut à court terme. »

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En réalité, les acheteurs hésitent à augmenter leurs stocks de diamants car ils sont face à un environnement économique volatil et à un ralentissement de la croissance de la demande chez les consommateurs. La partie médiane de la chaîne de distribution doit donc ajuster son stock à ses clients de détail, plutôt qu’à ses fournisseurs de brut. Pour y parvenir, le marché doit cibler les achats et le négoce de taillé, plutôt que la fabrication de brut à court terme. Il doit ensuite réussir à maintenir cet équilibre, qui traduit une baisse de la demande de gros. Ce faisant, il permettra une répartition plus égale des bénéfices à long terme. Peut-être qu’alors l’industrie pourra s’enorgueillir d’une demande record des consommateurs.

Source Rapaport