Les industries des diamants naturels et de laboratoire sont désormais en lutte ouverte et certains en appellent à un cessez-le-feu. Voyez ce billet tiré du blog de Melvin Moss: :[:]
Le fait est que les diamants de laboratoire existent et personne ne peut réfuter leurs propriétés. Il s’agit d’un article de bijouterie, tout comme peut l’être Pandora. Les producteurs de diamants de laboratoire ont le droit de vendre leurs produits et l’industrie des diamants naturels n’a absolument aucun droit de tenter d’empêcher leur commercialisation légitime. En revanche, les producteurs de diamants de laboratoire doivent vendre leurs produits de façon responsable et ne pas se positionner en adversaires des diamants naturels. Il y a de la place dans les bijouteries pour de nouveaux produits, mais pas pour de la négativité autour des diamants.
Difficile de ne pas être d’accord. Pourtant, cela n’est peut-être pas aussi simple qu’il y paraît. Il y a peu de choses en commun entre les sociétés qui produisent des diamants artificiels et celles qui extraient des diamants naturels. Les deux secteurs n’ont aucune obligation de s’entraider.
Au contraire, elles ont toutes deux des raisons de poursuivre leur guerre froide.
– Du côté des diamants naturels :
Ce secteur a toujours occupé seul le terrain. Comme toute industrie existante, elle ne veut pas partager un marché déjà difficile avec un nouveau venu.
Les miniers doivent également contrecarrer l’argument principal des diamants de laboratoire : c’est le même produit que les diamants naturels, mais fabriqué différemment. Aussi vraie que puisse être cette affirmation, il est peu probable que le secteur des diamants naturels concède ce point. C’est une menace pour son modèle d’activité. Peut-être pas une grande menace, mais qui oserait prendre le risque ? Cela reviendrait à jouer avec le destin non seulement d’une industrie, mais aussi du moyen de subsistance de plusieurs pays.
Il y a plusieurs années, Carter Clarke, le fondateur de Gemesis, expliquait son raisonnement face aux diamants de laboratoire :
Si vous offrez à une femme de choisir entre une pierre de 2 carats et une pierre de 1 carat, toutes choses étant égales par ailleurs, y compris le prix, que va-t-elle choisir ?… Va-t-elle s’inquiéter de savoir si elles sont synthétiques ou non ? Quelqu’un dans une fête va-t-il aller la voir pour lui demander : « Est-ce que c’est du synthétique ? »
Comment l’industrie des diamants naturels peut-elle répondre à cela ? Elle pourrait souligner – ce qu’elle va sûrement faire – le mystère d’un produit issu de la Terre. Elle pourrait également avancer que les diamants naturels conserveront leur valeur bien mieux que les pierres artificielles. Mais ces messages pourraient apparaître globalement négatifs.
– Du côté des diamants de laboratoire :
Même après une décennie de production, le prix des diamants de laboratoire n’a pas beaucoup baissé. Certains producteurs prétendent que leurs pierres coûtent jusqu’à 40 % de moins que les pierres naturelles. Or, lorsque vous étudiez les chiffres, les différences de prix sont généralement bien moins importantes. Certes, un écart de 10 % à 15 % pour un produit de grande valeur n’est pas négligeable. Mais si vous vous penchez vraiment sur la question, vous pouvez économiser autant en achetant un diamant sur Craigslist.
Du coup, les arguments de l’écologie et de l’absence de conflit – et, dans le cas de Diamond Foundry, l’absence de recours aux cartels – occupent désormais une place centrale. (C’est un virage notable de politique pour certaines sociétés.) En plus de cela, les consommateurs de la génération Y s’inquiètent beaucoup de ces questions, davantage que les précédentes générations, et l’industrie des diamants naturels n’a pas réussi à répondre à ces préoccupations sur l’origine des diamants. Les producteurs de diamants de laboratoire – comme le fabricant de moissanite Charles & Colvard – a senti une opportunité. Pourquoi la laisser passer ?
L’impasse actuelle lèse les deux secteurs. L’arrêt des hostilités est donc logique. Mais je ne pense pas que cela arrive bientôt.