La Belgique a fortement agacé Global Witness, un groupe de surveillance mondial des diamants du conflit, en déclarant la semaine dernière que l’Union Européenne (UE) devait lever les sanctions imposées à la Zimbabwe Mining Development Corporation (ZMDC), qui extrait des diamants à Marange.[:]
Les ministres des Affaires étrangères de l’Union Européenne doivent se réunir aujourd’hui pour examiner les restrictions économiques imposées au Zimbabwe, après des années de violations présumées des droits de l’homme et de troubles politiques et économiques.
La Belgique, qui abrite le plus grand centre d’échange de diamants, Anvers, a évoqué une évolution de la situation à Marange ; selon elle, les sanctions contre la ZMDC ne sont plus justifiées, a rapporté Reuters.
Le ministère des Affaires étrangères du pays a également déclaré que le Kimberley Process avait certifié conformes des diamants de Marange.
« L’expérience a montré que, dans ce cas bien précis, les sanctions sont contre-productives, elles détournent les diamants vers des marchés moins transparents », a-t-il affirmé dans un communiqué.
Or, Global Witness s’est montré irrité par la suggestion.
Dans un communiqué publié le jour de la Saint-Valentin, le groupe a mis en garde contre ce qu’il a appelé « un triangle amoureux » entre la Belgique, ses diamantaires et le Zimbabwe.
Et d’ajouter : « Même si l’Union Européenne cherche à promouvoir démocratie et stabilité au Zimbabwe, elle doit éviter un ménage à trois avec la Belgique et ses diamantaires pour cette Saint-Valentin. »
Global Witness a rappelé que tout assouplissement des interdictions sur l’industrie du Zimbabwe risquerait d’engendrer une recrudescence de fonds pour la police loyaliste et les militaires de Mugabe, quelques mois seulement avant les élections de 2013.
« L’Union Européenne doit maintenir le cap et limiter le commerce avec les exploitations de Marange, tant que des élections libres et régulières n’ont pas eu lieu », a-t-il rappelé.
Rien de plus facile que d’établir ces hypothèses, nullement étayées par des preuves empiriques, compte tenu de la gravité des revendications.
Jamais un opposant à Mugabe n’a affirmé que l’UE ne devait pas lever les sanctions.
Alors, pourquoi Global Witness pleurnichent-ils ?
Les victimes de violence supposées de Mugabe sont muettes sur la question.
Reuters a cité des diplomates de l’UE, qui ont souhaité rester anonymes ; selon eux, les autres pays de l’UE réclamaient une contrepartie à la levée des sanctions sur la ZMDC, pour attendre la fin des élections prévues dans le pays en juin ou juillet.
Les dirigeants mondiaux de l’industrie ont déclaré en novembre dernier, lors d’une conférence à Victoria Falls, au Zimbabwe, que les sanctions sur les miniers de diamants étaient contre-productives, elles encouragent les exactions même qu’elles sont censées limiter.
Ils ont affirmé qu’une levée des sanctions mettrait à bas les justifications du Zimbabwe lui permettant de dissimuler son commerce des diamants par crainte de représailles.
Le World Diamond Council (WDC) a également déclaré à cette occasion qu’il engagerait le Trésor américain et l’Union Européenne à lever les sanctions imposées aux miniers travaillant à Marange.
Eli Izhakoff, président du WDC, a évoqué un consensus dans l’industrie, la volonté de voir disparaître les sanctions sur les diamants de Marange, le pays ayant satisfait à toutes les exigences imposées à ce commerce.
Il est très peu probable que l’UE tienne compte de la demande de la Belgique, mais il faudrait répondre à la question suivante : Global Witness est-il du mauvais côté de la barrière ?
L’organisation continue à en appeler au boycott des diamants du Zimbabwe, à une époque où les dirigeants et les consommateurs réclament la levée des sanctions.
Il ne fait aucun doute que ces pénalités favorisent le commerce dissimulé, lui-même difficile à évaluer.
Global Witness doit en finir avec son obsession des diamants de Marange et de sa campagne pour une prise de responsabilité et ne pas prêcher pour l’exclusion de ces diamants.
Il est grand temps que le monde s’intéresse à un gouvernement zimbabwéen transparent sur ses activités diamantaires et ses revenus, qui mette fin au camouflage par crainte de sanctions.