Lettre ouverte aux dirigeants d’entreprises de l’industrie des bijoux.
L’année dernière a donné lieu à toutes sortes de considérations, de réflexions et de réévaluations de nos relations mutuelles et de notre lien avec la planète. On a beaucoup glosé sur les changements provoqués par cette année sans précédent et sur la nouvelle normalité qui semble se profiler à un horizon pas si lointain. Dans ce contexte, je suis convaincue de l’importance d’une valeur qui a pris une place énorme et qui adopte davantage de formes que ce nous aurions pu imaginer avant le début de la pandémie : les liens interpersonnels. Selon moi, c’est ce qui permettra à notre industrie de bien se porter. Nous sommes une famille mondialisée d’entreprises qui ont toujours été interdépendantes, associées pour apporter un produit aux consommateurs, produit façonné par l’émotion et la confiance. Parmi les nombreuses leçons qui ont été tirées de cette année perturbée, l’une d’elles s’est révélée universelle – nous sommes tous engagés ensemble dans cette histoire.
Début 2020, nous entamions la « Décennie de l’action », qui nous laissait à peine 10 ans pour atteindre les 17 Objectifs de développement durable et mettre en place des actions décisives face à la crise du climat. Alors que nous sommes en mesure de faire la rétrospective de 2020, notre façon d’aller de l’avant – grâce à la collaboration, à l’investissement et aux rapports sur les avancées – va déterminer l’avenir de notre monde et celui des générations à venir.
Voici mon humble initiative pour évoquer quelles seront, à mon avis et de l’avis des experts cités ci-après, les tendances capables de diriger nos entreprises, nos communautés et nos collaborateurs vers un avenir durable.
1. Valoriser le bien-être des employés
L’heure est venue pour les organisations de profiter de l’opportunité qui se présente et d’encourager une culture durable, d’intégrer la diversité et l’inclusion et de créer de l’harmonie. Dans le même temps, elles doivent favoriser un lieu de travail virtuel sûr et sécurisant, et motivant.
Ayant quitté 2020 pour entrer dans cette nouvelle normalité, nous sommes davantage conscients de notre bien-être physique et psychologique. La question de la vulnérabilité des actifs les plus importants des organisations – leurs employés – a pris une importance accrue. Une étude de McKinsey and Company évoque la façon de créer une culture de la sécurité psychologique.
Les actifs incorporels d’une société, comme le capital humain et la culture, sont désormais estimés représenter en moyenne 52 % de la valeur de marché d’une société. Un nombre croissant d’entreprises cherchent à aller plus avant que les soins de santé et les prestations de base, en tentant de nouvelles approches envers le bien-être et l’équilibre vie privée/vie professionnelle pour aider leurs employés à s’épanouir. Elles commencent également à s’intéresser à l’une des plus grandes causes de perte de productivité : la santé mentale. L’Organisation mondiale de la santé estime que la dépression et l’anxiété peuvent, quand elles ne sont pas traitées, provoquer à elles seules environ 1 000 milliards de dollars de pertes de productivité dans le monde chaque année.
Au RJC, depuis le début du confinement, nous travaillons avec un coach sportif issu du Comité olympique en Belgique afin d’être guidés et conseillés au niveau du groupe, pour accélérer la cohésion et se faire les champions des performances d’équipe. Je suis fière de l’équipe du RJC, de la façon dont ils se soutiennent mutuellement et de nos 1 300 membres dans 71 pays engagés à mieux reconstruire.
2. Apporter des changements profonds dans les chaînes logistiques
Étant donné la nature mondiale et hautement complexe des chaînes logistiques actuelles, les progrès dans la mise en place du développement durable dans ce domaine n’ont pas été faciles. L’envers du décor, c’est que l’atteinte des objectifs de la chaîne logistique pourrait entraîner des avancées majeures, d’une importance critique, en matière d’impacts dans tous les autres aspects du développement durable. De l’éradication du travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement à une « zéro déforestation nette », les impacts peuvent être larges et de grande portée. De plus, des technologies comme l’intelligence artificielle, la Blockchain et la numérisation des données continuent de se sophistiquer, faisant ainsi progresser la transparence dans les chaînes logistiques de bout en bout.
Les abus des droits de l’homme dans les chaînes logistiques persistent, malgré des efforts croissants de la part des entreprises, des investisseurs et des législateurs. D’après l’Organisation internationale du travail, près de 25 millions de personnes sont soumises à des conditions de travail forcé partout dans le monde, dont 47 % dans la région Asie-Pacifique. L’absence de réglementation dans de nombreux pays oblige les entreprises à lutter elles-mêmes contre le travail forcé et le travail des enfants.
Avec tout juste 10 ans pour atteindre les Objectifs de développement durable, nous devrons parvenir à une collaboration plus approfondie et à un partage étendu des meilleures pratiques entre les industries et à l’intérieur de celles-ci (entre concurrents et homologues), pour que des solutions puissent être déployées à l’échelle prévue, sans qu’il soit besoin de réinventer la roue.
Au RJC, nous sommes heureux de notre engagement constant auprès de Human Rights Watch. Cette année, nous avons engagé des capacités supplémentaires pour nous concentrer sur la due diligence en matière de droits de l’homme et pour aider nos membres, grâce à des outils professionnels visant à accélérer les avancées dans ce domaine.
3. Accueillir l’économie circulaire
Le concept d’économie circulaire consiste à réduire, recycler et réutiliser. Autrement dit, il s’agit de maintenir les ressources en état d’utilisation aussi longtemps que possible pour en extraire un maximum de valeur. Il est également essentiel de modérer sa consommation pour aider à préserver les ressources.
Nous avons observé que des sociétés pilotaient et adoptaient des stratégies circulaires en 2020 et que cette tendance va continuer de prendre de l’ampleur. Malgré ce rythme croissant, le monde ne fonctionne de façon circulaire qu’à 8,6 %, d’après le rapport intitulé The Circularity Gap Report 2020. Combler le fossé de la circularité vise à empêcher et réduire l’accélération de la dégradation de l’environnement et des inégalités sociales. Le rapport Planète vivante du WWF a révélé que jusqu’en 1970, l’empreinte écologique de l’humanité était inférieure au taux de régénération de la Terre. Or, pour nourrir et assurer nos modes de vie du XXIe siècle, nous dépassons les capacités biologiques de la Terre d’au moins 56 %.
D’après la fondation Ellen MacArthur, l’Inde et la Chine sont deux marchés qui offrent d’importantes opportunités d’économie circulaire. Selon un autre rapport publié par la même fondation, si elle était mise en œuvre dans certains secteurs clés en Europe, en Inde et en Chine, l’économie circulaire pourrait réduire les gaz à effet de serre de 22 % à 44 % d’ici 2050 par rapport à la trajectoire actuelle. Contrairement aux idées reçues, d’après circulatory-gap.world, la transition vers une économie circulaire pourrait engendrer des retombées économiques de 4 500 milliards de dollars supplémentaires d’ici 2030. Ainsi, ce qui profite aux écosystèmes naturels est également bon pour l’écosystème des entreprises !
Avec son écosystème mondial, l’industrie des bijoux occupe une position idéale pour dénicher des opportunités dans l’économie circulaire et accélérer les progrès dans ce domaine, dans toute la chaîne de valeur. Pandora, membre certifié du RJC depuis 2015, s’est engagée à cesser totalement l’emploi d’argent et d’or nouvellement extraits pour ses bijoux d’ici 2025 et de n’acheter qu’auprès de sources recyclées. Cela réduira les émissions de carbone de deux tiers pour l’argent et de plus de 99 % pour l’or. Depuis 2013, le MIL (Materials Innovation Lab) de Kering recense et étudie des matériaux durables à utiliser dans la mode et les bijoux. De surcroît, certains membres certifiés du RJC informent leurs clients pour les aider à réaliser des choix conscients. Ainsi, Harriet Kelsall encourage ses clients à ne pas plaquer leurs bijoux avec du rhodium. Elle doit pour cela leur expliquer ce qu’est le placage au rhodium et l’utilisation de produits chimiques à cet effet et donne le pouvoir au consommateur pour qu’il réalise un choix plus durable.
4. Une consommation durable et un changement des comportements
Les clients du monde entier sont de plus en plus préoccupés par l’état de la planète. Ce sentiment est particulièrement prononcé chez la génération Y et la génération Z qui « votent avec leur porte-monnaie » et choisissent des marques dont les valeurs s’alignent sur les leurs. Et même s’il peut exister un décalage entre la volonté des personnes de vivre durablement et leur comportement de consommation (conformément à une étude), ce décalage se réduit maintenant du fait d’une sensibilisation accrue et de la disponibilité de produits durables. Dans des industries allant du tourisme à la mode, les consommateurs s’attendent désormais à ce que les sociétés proposent des choix durables. Même les comportements alimentaires connaissent un virage rapide ; UBS prévoit que les ventes de protéines végétales et d’alternatives à la viande augmentent aux États-Unis, passant de 4,6 milliards de dollars en 2018 à 85 milliards de dollars en 2030 !
Dans l’industrie des bijoux, où les décisions d’achat sont motivées par les émotions, les entreprises doivent tout particulièrement s’accorder aux souhaits des consommateurs.
Je considère que toutes les entreprises de l’industrie des montres et des bijoux vont devoir prouver l’impact positif qu’elles ont sur les moyens de subsistance des communautés. Au RJC, nous avons développé une feuille de route allant jusqu’en 2030, afin d’aider nos sociétés à mieux comprendre leur impact sur la chaîne logistique et surtout, à mesurer leurs progrès dans le temps. Il s’agit d’un processus d’amélioration continue et je considère que les consommateurs réagiront positivement si vous apportez des données fiables dans ce domaine. Les consommateurs attendent un engagement et des actions liées à ces engagements. Nous ne devons pas faire trop de promesses, nous devons partager des informations sur notre parcours vers le développement durable et l’impact qu’ont les actions à long terme sur les communautés, en nous concentrant sur les plus vulnérables comme les mineurs artisans à petite échelle (ASM) et les femmes.
5. Renforcer l’action climatique
Dans la liste des faits qui auraient pu dominer les actualités si 2020 avait été une année comme les autres, figurent plusieurs points de bascule liés au climat et survenus partout dans le monde : des incendies catastrophiques en Australie et en Amérique du Nord, une accélération de la perte de biodiversité et une fréquence accrue des événements climatiques extrêmes.
D’après le rapport sur les risques internationaux du Forum économique mondial, les craintes relatives au climat sont arrivées en tête de liste des risques sélectionnés par plus de 12 000 dirigeants d’entreprises internationaux. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) estime qu’au cours des 30 dernières années, un dollar sur trois dépensé pour le développement a été perdu en raison d’événements climatiques extrêmes – soit une perte combinée de 3 800 milliards de dollars dans le monde ! Il est maintenant communément admis que nos trajectoires actuelles entraîneront un réchauffement d’au moins 3 °C à 4 °C sur la planète au cours de ce siècle.
Il est évident qu’une meilleure collaboration est essentielle entre les entreprises, les gouvernements et les investisseurs pour parvenir à résister au changement climatique. Les entreprises doivent s’assurer que le risque climatique soit efficacement pris en compte dans les modèles de risques d’entreprise et s’engager à réduire les émissions, conformément à l’objectif de 1,5 °C, tout en encourageant leurs fournisseurs et leurs homologues à faire de même.
La procédure pourrait être plus lente que ce qu’attendent beaucoup d’entre nous mais le changement est certain. Voici quelques exemples remarquables :
- L’année dernière, Microsoft a annoncé l’objectif ambitieux de devenir neutre en carbone d’ici 2030.
- L’Inde et le Brésil ont formellement accepté de collaborer à l’accélération de production de bioénergie.
- Les avancées dans la technologie des batteries, qui permettra d’amplifier le transport électrifié dans les secteurs commerciaux et publics, ont commencé à être déployées.
- La Global Commission on Adaptation a lancé une collaboration avec plus de 75 partenaires dans des gouvernements, des sociétés internationales, des ONG et des fondations afin d’intensifier les solutions d’adaptation climatique en suivant huit chemins d’action.
L’industrie des bijoux a également démontré son engagement envers une action climatique positive et immédiate. Comme l’a indiqué le Natural Diamond Council, ses membres, qui représentent 75 % de la production de diamants dans le monde, appliquent une série de programmes afin de réduire la consommation d’énergie et les émissions de CO2, à commencer par une déclaration transparente de cet impact par chacune des sociétés membres.
- ALROSA s’est assurée que 85,5 % de la consommation d’énergie totale proviennent de sources renouvelables.
- La mine diamantaire Diavik, dans le nord du Canada, est devenue un leader mondial de la technologie en climat froid, prouvant que les énergies renouvelables fonctionnent dans des sites subarctiques éloignés.
- De Beers Group s’est engagée à devenir neutre en carbone d’ici 2030 dans toutes ses opérations et travaille avec toute sa chaîne d’approvisionnement et la chaîne de valeur pour parvenir à cet objectif.
Au RJC, la question tient aussi une grande place et nous continuerons à guider nos membres grâce à des textes de référence, des formations et des webinaires sur l’action climatique avec l’aide de nos partenaires stratégiques.
6. Placer l’égalité au cœur de l’activité
Les femmes et les personnes issues d’une minorité ethnique figurent parmi les plus touchées par la pandémie et ses retombées économiques. En tant que dirigeants d’entreprise, nous devons nous assurer de ne pas compromettre les avancées obtenues en termes de diversité et d’inclusion et ainsi renouveler nos efforts pour parvenir à des conseils d’administration équilibrés, atteindre l’égalité des chances et favoriser des pratiques commerciales responsables qui garantissent que tous les employés, quels que soient leur ethnie, leur capacité, leur genre et leur statut, bénéficient des mêmes salaires, prestations et opportunités, à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement des bijoux.
La boîte à outils Diversité, équité et inclusion du Forum économique mondial étudie les opportunités et les risques pratiques que représentent les technologies se développant rapidement pour les projets de diversité, d’équité et d’inclusion.
Au RJC, nous avons intégré un focus sur le genre dans diverses dispositions de notre Code de pratiques, certaines abordant de façon plus intuitive ou directe l’égalité des genres (comme la non-discrimination) et d’autres relatives aux situations de vulnérabilité pour les femmes (comme les horaires et organisations de travail). Nous en appelons au droit à un congé maternité payé et à des heures et organisations de travail flexibles, pour créer un environnement professionnel assurant l’égalité de tous, en définissant des standards sur ce que doit être l’égalité dans l’industrie. Le Code de pratiques du RJC montre en quoi les dispositions COP du RJC concordent avec les Objectifs de développement durable (SDG), y compris SDG5.
Étant nous-mêmes une équipe diversifiée, nous sommes réunis par notre mission commune et notre engagement accru envers l’égalité des générations, notamment avec notre série 2021 de tables rondes sur l’égalité des genres avec BSR. Elle présente notre position afin de faire progresser la diversité et l’inclusion à tous les niveaux de l’industrie internationale des bijoux et des montres, du conseil d’administration aux équipes de terrain.
7. Innovation dans les Objectifs de développement durable
L’accélération des progrès dans des domaines comme l’intelligence artificielle, la mobilité, la gestion de données et d’autres technologies apporte de grands espoirs de résoudre certains des problèmes les plus complexes au monde, en nous rapprochant des Objectifs de développement durable.
Les avantages d’une hausse de la pénétration d’Internet dans les économies émergentes sont évidents. Il semble qu’une meilleure connectivité jouerait un rôle essentiel pour aborder les SDG4 – « garantir un enseignement inclusif et de qualité équitable et promouvoir des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie, pour tous ». Dans des pays comme le Nigéria, l’accélération des débits Internet et la hausse de la couverture offrent des opportunités d’enseignement à distance et de télémédecine, ce qui améliore les soins médicaux dans les zones rurales et permet un développement socio-économique inclusif. La technologie des réseaux assure également la possibilité d’un apprentissage à distance avec une plus faible consommation d’énergie.
De façon plus large, des études ont montré que le déploiement d’applications d’intelligence artificielle dans certaines industries clés pourrait renforcer le PIB mondial de 4 % et créer jusqu’à 38 millions de postes d’ici 2030, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre de 4 %.
Au sein de l’industrie des bijoux, nous avons constaté des innovations pionnières dans toute la chaîne logistique, en particulier la technologie de suivi qui vise à accroître la transparence sur le parcours de chaque diamant, et notamment Tracr™. Initiée et lancée par De Beers Group et conçue en collaboration avec l’industrie diamantaire, Tracr™ est une plate-forme inclusive, actuellement pilotée par des sociétés membres du RJC comme De Beers, ALROSA, Rosy Blue, Signet, Venus Jewel, KGK et Finestar.
Nous voyons également que l’application de technologies émergentes (comme l’Internet des objets, l’intelligence artificielle et la Blockchain) entraîne des développements exceptionnels comme :
- l’application de la technologie Blockchain (grand-livre distribué) pour améliorer la traçabilité
- des systèmes d’identification de nanoparticules pour les pierres
- un marquage ultrafin des diamants pour identifier les pierres individuelles
- des systèmes de contrôle des stocks pour suivre les diamants et les bijoux tout au long du processus de fabrication et jusqu’au détaillant/consommateur
- l’imagerie 3D des diamants bruts pour optimiser le rendement et parvenir à des tailles idéales sur chaque pierre brute
- la découpe au laser de diamants bruts pour préparer les pierres à un finissage et un polissage de précision
- des tailles de diamants spéciales permettant d’optimiser la brillance et la réfraction de lumière
- le moulage simultané de grande qualité de plusieurs bijoux dans de l’or ou d’autres métaux précieux.
8. Normaliser les rapports ESG
De nombreux investisseurs intègrent les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) et celles liées au climat dans leur portefeuille pour s’adapter à l’évolution des attitudes et des réglementations. La tendance a peu de chance de disparaître, elle va s’intégrer à notre nouvelle normalité. Dans le monde de la finance et des capitaux privés, la transparence est devenue le nouveau mot-clé : données, données, données et rapports sur les progrès, ces facteurs vont devenir incontournables !
Lors du repli du marché dû à la Covid-19, les actions du secteur Environnement, social et gouvernance (ESG) ont continué de dépasser les index S&P 500 et MSCI Europe. Cette tendance, qui démontre le virage plus prononcé des investisseurs vers les sociétés qui considèrent l’avis des actionnaires sur leur activité plutôt que les avis d’actionnaires en général, pourrait changer la nature de la responsabilité sociale des entreprises. Les gouvernements et le secteur privé se recentrent sur la nécessité de s’attaquer au changement climatique et à d’autres défis du développement durable.
Dans son courrier annuel de 2020 aux dirigeants de sociétés, Larry Fink, PDG de BlackRock, a affirmé que le changement climatique nous a amenés « au seuil d’une refonte fondamentale de la finance » et exigera une « réattribution importante des capitaux » dans un proche avenir. Larry Fink a attiré l’attention sur l’importance de la gérance des investissements, expliquant que les équipes de gérance de BlackRock continueraient de travailler sur la question et seraient « de plus en plus disposées à voter contre la direction et les administrateurs lorsque les sociétés ne réalisent pas suffisamment de progrès en matière de déclarations relatives au développement durable et de pratiques commerciales et plans qui les sous-tendent. »
Sur le plan international, les Nations unies ont lancé les Principes d’investissement responsable en 2006. Il y a quelques mois à peine, le Forum économique mondial (WEF) a publié son cadre de déclaration ESG, développé en collaboration avec les cabinets comptables appelés « Big Four ». Le cadre WEF est un jalon essentiel pour établir une référence universelle qui permettra de déclarer une création de valeur durable. Parmi les options disponibles, ce cadre est celui qui détient les meilleures chances de devenir une référence sur les marchés privés, en termes de rapports sur l’ESG. En Europe, l’UE a adopté le Pacte vert pour l’Europe, un ensemble général d’initiatives de politique destiné à parvenir à la neutralité climat sur le continent d’ici 2050. En outre, le règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR) de l’UE, qui devrait entrer en vigueur en mars 2021, représentera la première arme du législateur pour améliorer la transparence des critères ESG dans les décisions et recommandations d’investissement.
Le RJC travaille en étroite collaboration avec ses membres et de grands acteurs des marchés de la finance et des capitaux pour bâtir et mettre en place des outils qui soutiendront l’industrie des bijoux et des montres, afin d’intégrer un cadre ESG dans les rapports de gestion.
Dans un passé récent, nous avons vu des sociétés de notre propre industrie (et de nombreux pays et gouvernements) recourir à de vieilles promesses de développement durable des entreprises et d’investissement responsable. Nos chaînes d’approvisionnement mondiales et souvent complexes – impliquant des matériaux, des personnes, la distribution, des processus créatifs et le retail, pour n’en citer que les principaux éléments – présentent à la fois des difficultés uniques et des opportunités uniques. J’ai la ferme conviction que les interfaces entre ces différents composants exigent un effort collectif et qu’il existe certaines valeurs centrales, absolument non négociables. De même, il est urgent de tenir compte du vrai coût de l’activité dans nos organisations.
Tandis que l’industrie des bijoux se réaligne sur cette normalité à venir, mes espoirs et mes efforts sincères vont dans le sens de s’assurer que nous agissons dans cet esprit de liens interpersonnels et que notre éthique, nos valeurs professionnelles et nos principes clés sont conformes aux objectifs de développement durable auxquels nous nous sommes collectivement engagés. Je n’ai jamais vu une telle collaboration, tant de partage de connaissances, nous allons dans la bonne direction. Convenons que nous devons accélérer nos efforts en nous concentrant sur les droits de l’homme et l’action climatique. Nous le devons à la prochaine génération.
Enfin, nous sommes une industrie ancrée dans la beauté et les émotions. Les bijoux jouent un rôle particulier dans les vies des personnes et l’histoire de chaque pièce est souvent aussi précieuse que le bijou lui-même. En rendant les chaînes logistiques des bijoux dans le monde responsables et durables, nous créons de la beauté, d’une belle façon. Ce faisant, nous reconstruisons la confiance dans l’industrie mondiale de la bijouterie et soutenons son avenir, pour que les gens continuent de placer des bijoux près de leur cœur pendant encore plusieurs siècles. C’est notre promesse au consommateur pour les générations à venir.
Créez de la beauté.
Iris Van der Veken
Directrice exécutive