De Beers a annulé les attributions de diamants bruts d’une dizaine de sightholders pour 2025 et prévoit de réduire son offre globale de marchandises, selon certaines personnes informées du marché qui se sont entretenues avec Rapaport News dimanche 15 décembre.
Les sociétés en question conserveront leur statut de sightholder, mais le minier ne leur accordera pas d’attribution régulière, en raison d’achats insuffisants en 2024, ont indiqué les sources. Plusieurs de ces sociétés se situent dans des pays miniers comme le Botswana, où les achats de diamants bruts et la production de diamants taillés ont chuté cette année, a-t-il été précisé.
Selon les estimations des sources, la valeur totale des attributions pour 2025 sera de 20 % à 30 % inférieure à celle de cette année, reflétant une baisse du volume de production, ainsi qu’un fléchissement des prix. La baisse du volume sera toutefois probablement plus modérée que ce qui est annoncé.
Vendredi 13 décembre, De Beers a publié son ITO (intention de vendre) pour 2025, informant ainsi les sightholders de la quantité de diamants bruts qui devrait leur être distribuée au cours de l’année. De Beers révise ces chiffres chaque année, en appuyant ses décisions sur l’historique d’achat des clients, ainsi que sur la disponibilité prévue de la production. Les sightholders sans ITO peuvent malgré tout acquérir des marchandises au cas par cas.
Mercredi 11 décembre, dans un courrier qu’a pu consulter Rapaport News, la société a déclaré aux sightholders avoir procédé à des « ajustements » des volumes d’approvisionnement pour l’année prochaine, sans donner plus de détails.
Les motifs sont entre autres, toujours selon le courrier, des variations des prévisions de production dans les mines, ainsi que la « demande justifiée » – à savoir les achats réalisés précédemment par les clients. Il évoque également « les accords de fabrication et les exigences en matière de distribution et de commercialisation des sightholders ».
Cette situation intervient également dans un contexte d’incertitudes quant aux possibilités de De Beers d’accéder à la production du Botswana à l’avenir, des négociations étant en cours avec le gouvernement sur un accord de vente.
Un porte-parole de De Beers a refusé de commenter le contenu du courrier jeudi 12 décembre et n’était pas disponible pour s’exprimer sur les changements de l’ITO dimanche 15 décembre.
Des clients moins nombreux, mais plus fiables
Les clients n’ont pas été surpris : le minier leur avait déjà annoncé son intention d’appliquer une obligation d’achat minimum, comme en 2024, de 15 millions de dollars et de trois boîtes de marchandises.
Certains observateurs du marché considèrent cette baisse du nombre de clients actifs comme une étape vers une réduction du nombre officiel de sightholders – un plan évoqué par le PDG Al Cook le mois dernier lors de la conférence Facets 2024 à Anvers.
Dans le même ordre d’idées, la société oblige les sightholders à partager à égalité leurs attributions de marchandises sur chaque semestre. Ils avaient jusqu’à maintenant la possibilité d’affecter jusqu’à 60 % des marchandises à un semestre et 40 % à l’autre. Les négociants y voient un effort pour améliorer les flux de trésorerie et écarter les sociétés les plus fragiles.
Les sightholders sont également invités à répartir leurs achats de manière égale sur chaque trimestre (25 % à chaque fois), a indiqué De Beers dans son courrier du mercredi 11 décembre. Les mots employés laissent entendre qu’il ne s’agit pas d’une obligation. Ils pourront enfin demander un report de marchandises durant un même semestre, comme par le passé, mais ils ne pourront pas reporter des marchandises d’un semestre à l’autre.
En 2024, les ventes de De Beers ont été fortement concentrées au premier semestre, alors que le marché semblait se redresser après avoir ralenti en 2023. Le recul en glissement annuel de la valeur consolidée des ventes de diamants bruts de De Beers s’est aggravé, passant de 20 % au premier semestre 2024 à 76 % au troisième trimestre, une baisse de la demande ayant obligé le minier à assouplir ses règles d’approvisionnement.
De Beers est à la recherche d’« un flux de trésorerie plus régulier tout au long de l’année », a déclaré un commentateur du marché sous couvert d’anonymat. « Ils veulent déterminer qui sont les sightholders qui s’approvisionnent de manière continue, sans se mettre en danger. »
Accompagnés vers la sortie
L’annonce des attributions est intervenue après le sight de décembre, la 10e et dernière séance de négociation de l’année pour le minier. Selon les sources, sa valeur totale avoisinait les 200 millions de dollars.
De nombreux clients ont effectué des achats pour garantir leur approvisionnement de l’année prochaine, et non en raison d’une demande réelle. D’autres en revanche étaient prêts à risquer de perdre leur ITO, ont expliqué les sources. Les diamants bruts de De Beers sont plus chers que ceux proposés sur le marché des tenders. Ainsi, une grande partie de ses produits ne sont pas rentables malgré la baisse des prix de 10 % à 15 % du minier, ont fait valoir des sources internes.
« Certains sightholders qui n’ont pas accepté leurs attributions en 2024 ont été parmi les premiers à être accompagnés vers la sortie », a déclaré dimanche 15 décembre un dirigeant d’un sightholder sous couvert d’anonymat. « Les professionnels préfèrent ne pas acheter plutôt que de continuer à perdre de l’argent. »
Image : tri de diamants bruts (Ben Perry/Armoury Films/De Beers).
Source : Rapaport