La présence croissante des diamants de laboratoire est source de grande inquiétude chez les fabricants et grossistes indiens. Récemment en visite à Mumbai, je me suis entretenu avec plusieurs fabricants. [:]Tous sauf un ont posé des questions à ce sujet. Ils s’inquiétaient de la possible popularité croissante des diamants de laboratoire et de l’impact sur leur activité. Les marchandises de laboratoire se vendent de 20 % à 25 % de moins que les pierres extraites naturellement. Du fait de leur origine technologique, les coûts de production vont diminuer au fil du temps. Les prix de détail diminueront parallèlement au perfectionnement de la technologie. Les négociants craignent par-dessus tout que la valeur de leur stock de diamants naturels ne soit aussi tirée vers le bas. Reste à déterminer le rôle que joueront les diamants de laboratoire sur le marché de la grande consommation. Une chose est sûre : les diamants de laboratoire de qualité ne vont pas disparaître. Selon toute vraisemblance, ils vont devenir un produit de niche, sans pour autant remplacer les diamants naturels.
Des diamants de laboratoires, produits de grande consommation
Plusieurs négociants se sont interrogés cette semaine : pourquoi un consommateur voudrait-il acheter un diamant naturel s’il peut avoir, pour moins cher, un produit perçu comme identique ? La réponse est simple : il est faux de croire que les consommateurs n’achètent que les articles à bas prix. Certains veulent une montre simple, d’autres un produit haut de gamme, certains achètent un bureau en contreplaqué, d’autres veulent du chêne ou du marbre. La liste est longue : sacs à main de mode, voitures et même planchers massifs ou stratifiés.
Les options disponibles sont nombreuses et diffèrent tant en prix qu’en qualité, mais aussi en valeur perçue, sociale ou personnelle. Nous achetons une montre de luxe pour célébrer une augmentation de revenus, non pas parce qu’elle indique l’heure avec plus de précision. Dès lors, si certains consommateurs achètent des diamants de laboratoire, d’autres insisteront pour acheter du « vrai », des diamants naturels issus de notre bonne vieille terre.
Mais si les diamants naturels deviennent plus haut de gamme, qu’adviendra-t-il des piqués ? Comment justifiera-t-on d’acheter un diamant naturel de faible qualité quand, pour le même prix, il existe une alternative de qualité supérieure, fabriquée en laboratoire ? Il est probable que les pierres naturelles bas de gamme perdent en attrait et, donc, que l’argument économique pour les tailler disparaisse. Les piqués, les pierres de couleur basse, et surtout les petites marchandises (ou toute combinaison de ces trois) risquent de payer le prix fort face aux marchandises fabriquées en laboratoire.
À l’inverse, les marchandises de qualité, comme les diamants naturels de grosseur supérieure, de couleur haute et de grande pureté, seront mieux positionnés. Ils profiteront ainsi d’une hausse des prix.
Une manne d’opportunités
Mais il existe aussi des opportunités. Si les marchandises de laboratoire gagnent en popularité, leur éclat pourrait rejaillir sur les pierres naturelles, tout comme les publicités pour l’iPhone profitent aux smartphones en général. Les fabricants pourraient aussi tailler des marchandises de laboratoire dans des sections séparées de leurs installations existantes.
La question actuelle, plus brûlante, reste celle de la transparence. On considère de plus en plus probable que les plis de petites marchandises puissent contenir des diamants de laboratoire. Ces petites pierres, comme les articles de 0,10 carat, n’étant pas certifiées (aucun laboratoire de gemmologie ne les examine), un négociant peu scrupuleux peut aisément les mélanger à des marchandises naturelles.
Les craintes sont nombreuses. Personne d’honnête ne souhaiterait tromper un consommateur ou un fabricant de bijoux, en faisant passer des diamants de laboratoire à bas prix pour des diamants naturels. La raison de cette tromperie reste, bien sûr, la différence de prix. Les négociants intègres, qui achètent des marchandises non déclarées, ne veulent pas être accusés de pratiques contraires à l’éthique.
La stricte application de la loi, la poursuite des coupables et l’interdiction de traiter avec les contrevenants limiteront ce problème.
L’élément important est la perspective à long terme. Il est étonnant de constater que de très nombreuses sociétés intègrent déjà cet aspect dans leurs réflexions sur l’avenir. Le premier aspect reste cependant psychologique. Les diamants de laboratoire ne sont ni un ennemi ni une menace, ils représentent un changement de l’environnement commercial et doivent donc faire l’objet d’analyses.
Les négociants qualifient généralement les diamants de laboratoire de pierres « synthétiques », bien qu’ils n’aient rien de synthétique. Ils ne sont pas plus synthétiques que les bébés-éprouvettes ne sont des êtres humains synthétiques. Les négociants doivent relever les défis des diamants de laboratoire et accepter qu’ils aient une place sur le marché des bijoux. Ils vont en effet durer et sont devenus une réalité dans le secteur.