Le marché du brut a maintenant atteint un seuil critique et la De Beers doit réduire ses prix de 10 % à 20 % si elle veut avoir une chance de rétablir ses propres perspectives de croissance, quels que soient les bénéfices de fabrication. [:]Au vu des niveaux de prix du brut en 2015, impossibles à soutenir, l’humeur du marché est redescendue jusqu’aux creux que l’on a connus il y a six ans.
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Même si les annonces de faillite, l’absence de crédit, la rareté des liquidités, voire des suicides dans l’industrie nous rappellent la crise financière internationale, cette fois-ci, c’est différent. À l’époque, le marché a plongé sous l’effet d’influences macro-économiques. L’année dernière, les conditions déplorables étaient principalement dues au marché, et majoritairement aux acteurs côté approvisionnement.
Il faudrait donc encenser les sightholders d’avoir refusé environ 65 % des marchandises proposées lors du sight de juillet de la De Beers. Dans cette rubrique, nous appelons les fabricants à refuser le brut non rentable depuis presque 12 mois (voir l’éditorial Correction des prix du brut, 2ème partie, publié le 30 janvier). Alors, même si la De Beers, et ALROSA d’ailleurs, ont réalisé de légères corrections de prix au premier semestre, les efforts n’ont pas été suffisants.
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« Il faudrait donc encenser les sightholders d’avoir refusé environ 65 % des marchandises proposées lors du sight de juillet de la De Beers. »
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La De Beers a patienté, attendant un sursaut de la demande au second semestre. En maintenant une offre réduite – et en offrant aux sightholders la possibilité de reporter 25 % tout au long de l’année – la société espère que les stocks de brut et de taillé des fabricants vont baisser suffisamment pour que les achats reprennent pour les fêtes de fin d’année.
Or, les fabricants ne sont pas d’humeur à acheter si les marchandises ne sont pas rentables. C’est la loi de l’économie. Ils achètent du brut si les évaluations du taillé sont à la baisse, plutôt que pour des questions d’approvisionnement à long terme. Si les prix du brut ne sont pas alignés sur ceux du taillé, ils continueront de refuser des marchandises lors du prochain sight, prévu pour la semaine du 24 août.
Passer les fêtes grâce aux surplus
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Reste à savoir si une brusque baisse des prix suffira à stimuler les achats de brut. Il est possible que les fabricants trouvent leur compte en se tenant loin du marché du brut, quels que soient les prix, à l’heure où ils tentent de faire baisser d’importants stocks de taillé. Comme l’a expliqué un sightholder à Rapaport News, les joailliers recevront leur approvisionnement [pour la saison pour les fêtes de fin d’année] principalement sur les surplus de taillé, et non à partir de brut… le brut ayant quasiment disparu du système.
Cela pourrait contribuer à ramener une certaine normalité sur le marché en janvier, lorsque les stocks devraient avoir suffisamment baissé pour stimuler la demande après les fêtes. Puisque les réapprovisionnements traditionnels ne sont pas intervenus au premier trimestre 2015 et que le mois de juin a été tout aussi atone, l’événement devrait finalement se produire en 2016.
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« Les joailliers recevront leur approvisionnement principalement sur les surplus de taillé, et non à partir de brut… le brut ayant quasiment disparu du système. »
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Des Kilalea, analyste chez RBC Capital Markets, suppose que la stratégie de la De Beers consiste plutôt à tenter de maintenir les prix et sacrifier les volumes, dans l’espoir que les prix actuels seront rationnels en 2016, lorsque les volumes augmenteront. « Le problème, pour la De Beers, c’est que si les prix chutent de 10 % ou 15 %, il faudra environ trois ans pour revenir au niveau d’aujourd’hui », a-t-il imaginé.
Pourtant, pour les fabricants, si les prix du brut ne baissent pas, l’offre ne pourra pas être rentable en janvier. Les prix du taillé continuent de subir des pressions et ne devraient pas beaucoup augmenter en 2015.
Le cercle vicieux continue
Les fabricants doivent avoir la garantie d’une croissance durable des bénéfices lorsque le marché du taillé commencera à se réapprovisionner. Si les hausses de prix attendues pour le taillé engendrent à leur tour des hausses des prix du brut en 2016, en se basant sur les niveaux actuels, ils pourchasseront de nouveau les fantômes du brut et le cercle vicieux continuera.
Tout cela nous amène aux conséquences pour Anglo American, qui détient 85 % de la De Beers. Certes, la De Beers a été l’élément phare d’Anglo en 2014, mais Des Kilalea, de RBC, prévoit que la contribution de la division diamantaire aux gains du groupe sera en baisse de 50 % au premier semestre 2015, ainsi que devrait l’annoncer la société quand elle publiera ses chiffres vendredi 24 juillet, après l’heure de clôture des médias. Cela viendrait porter un nouveau coup aux liquidités du conglomérat minier, d’après Des Kilalea, dans une note préalable à la déclaration des gains adressée aux investisseurs.
Si Anglo est à court de liquidité, le groupe ne voudra pas voir associer un faible volume des ventes et des prix en forte baisse au second semestre 2015. Déjà, la valeur du sight de juillet, estimée à 200 millions de dollars, constitue une baisse considérable par rapport aux années précédentes. Les sights de juillet et d’août sont généralement les plus importants de l’année, les fabricants en profitant pour se réapprovisionner avant les fêtes.
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Le niveau des refus, plus important que prévu, est un signe évident que les sightholders ne sont pas prêts à proposer le taillé obtenu à perte. Peu leur importe désormais que leurs refus leur fassent perdre la face auprès de la De Beers. Si les dirigeants de la De Beers et d’Anglo n’entendent pas le signal d’alarme, peut-être faudra-t-il que les sightholders exercent à nouveau des refus au mois d’août, et ce jusqu’à ce que les prix baissent.
La dynamique du marché a changé au cours du sight de juillet. Elle devrait participer à un retour aux fondamentaux, avec un marché entraîné par la demande des consommateurs, plutôt que par les chiffres de l’offre de brut.
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« La dynamique du marché a changé au cours du sight de juillet. Elle devrait participer à un retour aux fondamentaux, avec un marché entraîné par la demande des consommateurs, plutôt que par les chiffres de l’offre de brut. «
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« Les miniers doivent comprendre ce qu’est la poule et ce qu’est l’œuf, en particulier dans un marché tel que celui-ci », a indiqué Des Kilalea. Les miniers ne peuvent plus croire que le brut peut augmenter alors que les prix du taillé chutent.