Le minier utilise la technologie qui sous-tend les crypto-devises comme le bitcoin pour consigner les diamants dans un registre numérique. [:]Le mois dernier, des dizaines de personnes se sont rassemblées en plein Manhattan pour s’informer sur l’initiative Diamond Blockchain de De Beers, un projet destiné à renforcer la confiance dans les diamants en créant un registre permanent des pierres.
Certes, Blockchain est plutôt connue pour son rôle technologique en arrière-plan des bitcoins. Mais De Beers teste un système qui enregistrera l’identité des pierres, leurs propriétaires, les contrats passés et l’historique de financement.
En réalité, le nouveau programme n’a aucun lien avec la crypto-devise. Il permet plutôt aux utilisateurs de suivre de façon sécurisée les actifs et les transferts de dossiers numériques grâce à un registre infalsifiable et décentralisé qui retrace le voyage entre les formes brute et taillée de la pierre. Tout au long du chemin, elle valide l’identité des pierres et leurs attributs, en se mettant constamment à jour à mesure que les diamants avancent dans la filière.
Cette utilisation de Blockchain permet non seulement de se prémunir contre les certificats contrefaits du Kimberley Process mais sa documentation horodatée des transactions diamantaires pourrait aussi inspirer davantage confiance aux banques, qui seraient alors plus disposées à prêter à l’industrie.
Vérifications et contrôles
Le système est-il sûr ? Très sûr, d’après les intervenants au rassemblement du 17 janvier, organisé par De Beers, en collaboration avec le United States Jewelry Council. Comme le système Blockchain répartit ses données sur plusieurs serveurs au lieu de les stocker en un même endroit, il est difficile pour les pirates d’y accéder, ont-ils expliqué. Des attaques comme celle qui a frappé la société d’évaluation de crédit Equifax en 2017 seraient mise en échec.
Enfin, De Beers voit son initiative comme une ressource pour les membres inscrits de l’industrie. Elle leur offrira un lieu centralisé pour la vérification des pierres, mais aussi un support narratif à la disposition des détaillants qui souhaitent expliquer le voyage des diamants. Le minier entend aussi engager une organisation tierce indépendante qui pourrait gérer le projet et permettre à des développeurs de proposer des applications sur cette base.
David Prager est l’un des représentants de De Beers qui a assisté à la réunion de Manhattan. Il est vice-président exécutif pour les affaires d’entreprise et il a le sentiment que le principal avantage de Blockchain est la capacité à garantir aux consommateurs que leurs diamants sont d’origine naturelle et sans conflits.
En outre, a-t-il expliqué à Rapaport Magazine, cela va « réduire les inefficacités, notamment la vérification obligatoire des pierres par rapport aux factures papier, et permettre de se procurer facilement des informations essentielles (taille, couleur, lieu d’extraction), ainsi que des données secondaires comme les certificats accumulés tout au long du parcours. »
Bien entendu, le marché n’aura peut-être pas besoin de toutes les informations que la technologie met à disposition. « Au lieu de proposer une avalanche de données, nous essayons de déterminer ce qui est vraiment nécessaire », explique David Prager.
Autre inconvénient, la plate-forme n’atteindra son plein potentiel que si de nombreuses personnes l’utilisent. Plus il y aura d’intervenants à saisir des données, plus il y aura d’éléments à exploiter.
Actuellement, le système n’intègre que les nouvelles pierres extraites, d’un minimum de 2 carats. Toutefois, De Beers cherche à traiter les petites pierres et les stocks existants.
L’objectif du minier n’est pas uniquement de suivre ses propres marchandises. Il souhaite financer la mise à disposition de Blockchain pour l’ensemble du marché. De Beers est en contact avec un petit nombre de participants pour garantir une efficacité maximale avant le lancement, fin 2018. Il n’y aura pas de frais par transaction, simplement des frais d’intégration auxquels De Beers pourrait également participer.
« Nous essayons d’abaisser les barrières à l’entrée, affirme David Prager. Les consommateurs veulent des garanties toujours supérieures. Si nous ne profitons pas de cette occasion en tant qu’industrie, nous serons dépassés. »