Dans le cadre des changements apportés à son système commercial, De Beers prévoit de répartir ses sightholders en trois catégories et d’offrir à chaque groupe un choix plus personnalisé de diamants bruts.
Les fabricants, négociants et détaillants signeront des contrats d’approvisionnement spécifiques, conçus pour couvrir les « besoins étendus » de chaque modèle d’activité, a déclaré un porte-parole de De Beers à Rapaport News jeudi 27 février.
L’accord prendra effet en janvier 2021, après la fin du contrat de sightholders actuel, qui court jusqu’à décembre 2020. Les candidatures débutent au cours de la semaine du 2 mars. Les sociétés ont quatre semaines pour achever la procédure, a déclaré une source du marché du brut sous couvert d’anonymat.
Le contrat pour les fabricants « soutiendra les atouts essentiels » de chaque société de taille, a expliqué De Beers. Les négociants, ceux qui achètent du brut pour le revendre, recevront une « gamme de marchandises régulière et de qualité constante », en particulier dans les catégories en gros volumes. Le contrat des détaillants sera adapté aux sociétés qui vendent des bijoux aux consommateurs et disposent également de structures de taille. Enfin, les contrats de valorisation, destinés aux sightholders qui s’engagent à tailler certaines marchandises dans le pays d’extraction, seront présentés comme des versions modifiées du contrat de fabrication.
« Notre ambition est de proposer des approvisionnements et des services susceptibles de mieux soutenir les forces uniques des grandes entreprises de la filière intermédiaire. Selon nous, cette approche est la meilleure façon d’y parvenir », a déclaré le porte-parole.
La société envisage depuis longtemps de faire évoluer son système de sightholders, étant donné les conditions difficiles dans les secteurs de la fabrication et du négoce, comme les faibles liquidités et le déséquilibre des stocks. Ses règles d’approvisionnement, basées sur la méthode dite de la « demande justifiée », ont également dû essuyer des critiques.
Dans le cadre de ce système, De Beers détermine l’offre de brut adressée à ses clients essentiellement en se reportant à leur historique d’achat. La politique est controversée car elle peut inciter les sightholders à accepter un stock non rentable, afin de s’assurer un accès ultérieur aux marchandises du minier. Les diamants sont présentés dans des boîtes déjà organisées, que les clients peuvent accepter ou refuser, mais la possibilité d’en ajuster le contenu est limitée. Cela oblige parfois des sightholders à acheter des articles dont ils ne veulent pas, simplement pour recevoir celles dont ils ont besoin.
La méthode actuelle a fait l’objet d’un examen minutieux, étant donné les excès de taillé sur le marché l’année dernière, lesquels avaient contribué à l’effondrement de la demande de brut. En juillet dernier, la banque néerlandaise ABN Amro avait exhorté ses clients à cesser d’acheter du brut non rentable et s’était attaquée à la pratique des achats destinés principalement à préserver les attributions d’approvisionnement.
Les revenus de De Beers ont perdu 24 %, à 4,61 milliards de dollars en 2019, tandis que les gains sous-jacents ont plongé de 87 %, à 45 millions de dollars, l’étranglement de l’offre ayant dissuadé les sightholders d’acheter davantage de brut. Le minier s’est ainsi vu obligé d’autoriser des refus sans précédent, ainsi que d’autres concessions pour éviter d’inonder le marché de marchandises.
La « nécessité de s’adapter à un monde en pleine évolution » est le sujet de discussions entre De Beers et les sightholders depuis un certain temps, a ajouté le porte-parole de la société.
« Cette nouvelle approche des contrats de sightholders est une façon pour nous d’y arriver », a-t-il noté.