L’industrie diamantaire a terminé le premier trimestre 2012 sur un sentiment de soulagement. Les échanges ont été réguliers mais prudents et les prix en mars relativement fermes. Bien que l’activité n’ait pas connu son plein essor, la situation aurait pu être pire, à l’instar des troisième et quatrième trimestres 2011.[:]
Le marché du diamant a suivi les tendances de l’économie mondiale, à peu près de la même manière qu’en 2011. Une stabilité prudente s’est installée, due en grande partie à l’absence de tout événement économique majeur qui aurait pu faire pencher la balance. Ou peut-être la prudence du marché a-t-elle été un symptôme de la forte probabilité qu’une telle calamité se reproduise.
La crise européenne continue de se propager de la Grèce à l’Espagne et au Portugal ; des signes montrent que le rythme de la croissance en Inde et en Chine ralentira cette année. En revanche, le renforcement de la confiance des consommateurs aux États-Unis, parallèlement à des marchés financiers haussiers, qui ont dépassé les attentes des analystes pour le trimestre, ont contribué à injecter un peu d’optimisme sur le marché.
Malgré les nouvelles apparemment positives des États-Unis, la croissance mondiale de la joaillerie de détail reste discrète, du moins en volume, si ce n’est en valeur. Certes, la croissance enregistrée a été stimulée par la hausse des prix des bijoux survenue en cours d’année, mais les consommateurs recherchent des prix inférieurs. Ils sont d’ailleurs prêts à transiger sur la taille et la qualité pour adapter le produit à leur budget.
Dans l’ensemble, les prix des diamants sont restés stables au premier trimestre, en particulier depuis le salon de Hong-Kong à la mi-février et jusqu’à la fin mars. L’indice RapNet Diamond Index (RAPI) pour les diamants certifiés 1,00 carat a chuté de 2,7 %, pour atteindre 94,36 points au cours du trimestre, selon le Rapport de recherche Rapaport de cette semaine, Slow Yet Stable (Lent mais stable).
Les plus fortes baisses ont été enregistrées en février.
Plusieurs facteurs ont influencé les prix au cours de la période.
Les stocks de taillé ont été encore relativement importants pendant la majeure partie du trimestre. Du fait des stocks excédentaires et d’une suraccumulation de diamants au détail au cours du premier semestre 2011, il a fallu attendre au-delà des fêtes de Noël et du nouvel an chinois pour qu’ils diminuent. Une fois ces stocks vidés, les grossistes et les détaillants se sont montrés peu enclins à les renflouer de manière significative. Les achats n’ont eu pour seul but que de satisfaire les commandes et la spéculation a été remarquablement absente des négociations.
Le caractère des échanges a considérablement changé en Inde, le gouvernement ayant introduit un droit à l’importation de 2 % sur le taillé. Les diamantaires du plus grand centre de taille du monde ont freiné leurs allers-retours et le commerce extérieur de taillé du pays a chuté. Les propositions visant à introduire d’autres droits sur les articles de bijouterie ont déclenché une grève des détaillants de bijoux. Les liquidités se sont resserrées en conséquence et la confiance est en berne. En outre, le commerce national de diamants a été affecté par la volatilité de la roupie, les consommateurs continuant à s’adapter à la hausse des prix de l’or : ils optent désormais pour des bijoux plus légers.
De façon presque paradoxale, les fabricants de diamants indiens ont renforcé leurs achats de brut en mars, entraînant ainsi une amélioration sur ce secteur. Pourtant, le stock de brut des grandes sociétés minières, De Beers notamment, a été restreint au cours du trimestre. Même si De Beers prévoit une croissance continue des bijoux au détail en 2012, sa stratégie de baisse de la production traduit sa propre prudence sur le marché au cours du trimestre. En raison de la diminution du stock, les prix du brut ont été constants et se sont même raffermis depuis le sight de mars.
Le trimestre a également été le témoin d’un afflux considérable de marchandises en provenance de Marange, au Zimbabwe, après que le Kimberley Process ait validé les mines de cette région, à la fin 2011. Bien que ces marchandises se soient initialement révélées plus rentables pour les fabricants, principalement en Inde, leurs prix ont récemment augmenté. En outre, les fournisseurs de brut ne paraissent pas particulièrement perturbés par le fait que les diamants de Marange pourraient entraîner une offre excédentaire de brut et assouplir les prix sur l’ensemble du marché. Ils se disent que la production de Marange convient surtout au segment inférieur du marché et qu’elle n’aura donc pas d’effet sur ce secteur.
Les niveaux de fabrication sont stables, mais inférieurs aux capacités, signe de l’attitude conservatrice en matière de constitution des stocks. Après tout, en dépit de rapports encourageants sur la croissance, la demande mondiale reste modeste pour la vente au détail.
Ces tendances devraient se poursuivre au deuxième trimestre 2012, la saison des mariages, au printemps et en été, apportant quelques promesses pour le secteur de détail lié aux unions. Beaucoup s’attendent à ce que la prudence et la stabilité générales perdurent pendant une grande partie de l’année, jusqu’à ce que, selon les prévisions, le marché se redresse de façon plus significative au quatrième trimestre.
La question du réapprovisionnement et des quantités continuera donc d’être subordonnée aux conditions économiques. On peut supposer que cette prise de décision adoptera une approche conservatrice et sobre en raison des incertitudes. Les acheteurs commerciaux ne veulent pas se retrouver avec un excédent de stock, de peur que les prix baissent et que les marchandises soient dévaluées.
Ainsi, le deuxième trimestre devrait suivre à peu près la même direction que le premier. Et, pour l’instant, cela devrait suffire. Par rapport aux précédentes récessions, les performances modestes du premier trimestre ont été en effet accueillies avec soulagement. Mais même avec le soupir de satisfaction du début de l’année, les échanges restent dans la balance pour le deuxième trimestre.