Je suis bien certain que nos lecteurs n’auront pas pu passer à côté du scandale de la viande de cheval vendue pour du bœuf. L’affaire a démarré en Grande-Bretagne mais atteint lentement le reste de l’Europe et même du monde. En Afrique du Sud pourtant, ce n’est pas du cheval qui a été retrouvé mais des traces de buffle, de chèvre et d’âne.[:]
Notre industrie pourrait en tirer des leçons. Elle pourrait même retirer un certain réconfort de la réaction des consommateurs trompés.
Il est toujours difficile d’analyser les réactions du grand public (et rendons tous grâce à Dieu de ne pas en faire partie), confronté à une situation donnée.
Les économistes tentent souvent de les modéliser à l’aide de la notion de « l’homme économique rationnel ». Or, bien souvent, la théorie n’a aucun rapport avec la réalité.
Dans le cas du scandale de la viande, l’homme économique rationnel réfléchirait ainsi : j’aime le bœuf, je ne fais pas la différence entre le bœuf et le cheval, le cheval vaut moitié moins cher, je vais acheter un hamburger de cheval.
Et effectivement, la majorité des consommateurs continuent, semble-t-il, d’acheter des produits au bœuf bon marché, comme avant. Ils supposent que la chaîne d’approvisionnement est mieux contrôlée ou qu’ils ne feront pas partie des un pour cent environ à tomber sur la viande de cheval. Pour une minorité, mieux vaut acheter plus haut de gamme et payer plus cher des fournisseurs qui garantissent leur approvisionnement.
Quelle serait la réaction des consommateurs si l’on découvrait que des diamants vendus comme des pierres naturelles étaient en fait des diamants de culture ? Ceux-ci, comme les restaurants chevalins, continueront d’alimenter un marché de niche. Il y a peu de chances que le grand public dise un jour : « Je ne sais pas faire la différence, donnez-moi du synthétique. » La plupart des clients vont supposer que la chaîne d’approvisionnement est mieux contrôlée. Certains monteront en gamme, en faisant appel à des fournisseurs capables de garantir la provenance.
Que doit faire l’industrie si l’on découvrait la substitution ?
En premier lieu, le détaillant doit rembourser le consommateur, immédiatement et en intégralité. Dans cette crise de la viande, les supermarchés, qui après tout ont été victimes de fraude, n’ont bénéficié d’aucune sympathie du public.
Nous devons être rassurés sur l’authenticité des stocks actuels. Des enquêtes criminelles exhaustives doivent être menées pour identifier et punir les coupables.
Il nous faut également une structure pour rassurer ceux qui en ont besoin et qui sont prêts à payer un peu plus. La chose est possible, soit par un contrôle dans toute la filière, soit par des tests rapides et simples en magasin.
Enfin, il faut encourager ceux qui souhaitent satisfaire la demande de marchandises de culture, sous condition que les deux catégories ne soient pas mélangées. Après tout, les convives d’un restaurant chevalin seraient contrariés de savoir qu’ils ont mangé du bœuf.