Les prix du brut devraient baisser en janvier. De nombreux refus sont attendus pour les ventes d’ALROSA et de la De Beers au cours de la semaine du 19 janvier. [:]En fait, les analystes prévoient que les prix du brut reculent tout au long de 2015, après l’année euphorique que le secteur minier a connue en 2014 et ce malgré la fragilité du marché du taillé.
« Je serais surpris que, fin 2015, les prix du brut soient au même niveau qu’au début de l’année, a déclaré Des Kilalea, un analyste chez RBC Capital Markets. L’ampleur de la baisse dépendra du comportement de la De Beers et d’ALROSA, mais aussi beaucoup de l’économie chinoise. »
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Les marges bénéficiaires des fabricants ont été fortement réduites avec la baisse des prix du taillé en 2014, due en grande partie à un ralentissement de la demande chinoise, tandis que les prix moyens du brut issu de l’approvisionnement direct augmentaient. Les liquidités se sont également raréfiées, avec des banques qui ont réduit leur financement à l’industrie.
Les trésoreries s’étant taries, Des Kilalea prévoit d’importants refus lors du sight de janvier de la De Beers. Cela pourrait inciter le minier à baisser ses prix, si ce n’est au cours de la semaine du 19 janvier, au moins lors du sight suivant, en février.
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« Les trésoreries s’étant taries, Des Kilalea prévoit d’importants refus lors du sight de janvier de la De Beers. »
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La De Beers a réagi aux mauvaises conditions de marché en proposant aux sightholders de reporter jusqu’à 25 % de leur attribution de janvier jusqu’aux mois de février ou mars. Cela va à l’encontre de sa politique habituelle en matière de reports, qui permet généralement de différer une boîte d’un sight au suivant, mais pas plus, et ce une fois par semestre. En outre, les sightholders peuvent généralement refuser jusqu’à 10 % du volume en carats de chaque boîte, qui sont alors remis en stock pour le sight suivant.
David Johnson, le responsable des communications du secteur intermédiaire pour la De Beers, a affirmé que sa société avait conscience d’une certaine « indigestion » à court terme sur le marché intermédiaire. La situation proviendrait des problèmes liés aux niveaux de stock et aux liquidités.
Il a ajouté que la De Beers attend toujours une demande stable pour le réapprovisionnement des boutiques dans les mois à venir. La société estime que les bijoux en diamants se sont bien vendus pendant les fêtes de fin d’année.
Et même si ce réapprovisionnement a généralement lieu en janvier – ce qui stimule la demande de taillé et les hausses de prix au premier trimestre, comme c’était le cas l’année dernière – David Johnson pense que, cette année, il faudra peut-être attendre un peu. « Notre stratégie consiste à répondre à la demande. Cette possibilité de report devrait donc en satisfaire certains », a-t-il expliqué.
Réduire les stocks
Les sightholders ont applaudi cette initiative. Mike Aggett, le PDG de H. Goldie & Company, un courtier accrédité de la De Beers, a souligné que cette décision prouvait que la De Beers avait compris le problème du secteur intermédiaire. Jusqu’à présent, a-t-il expliqué, la De Beers se montrait très optimiste. Nous voyons qu’il est possible qu’elle se soit trompée et que le marché ait besoin d’être rééquilibré.
Les prix du taillé vont donc devoir augmenter ou ceux du brut baisser, a-t-il suggéré. Or, Mike Aggett – et d’autres – lance un avertissement : une baisse drastique des prix du brut pourrait saper encore plus la confiance du marché et dévaluer les stocks de taillé.
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Russell Mehta, le directeur général de Rosy Blue India, un fabricant basé à Mumbai, également sightholder de la De Beers, préférerait que la De Beers maintienne les prix du brut, les prix du taillé ayant déjà beaucoup baissé.
« Nous serions malavisés de vouloir une baisse similaire des prix du brut, a-t-il indiqué. Une légère baisse de la De Beers n’aurait que peu de sens au vu des prix actuels du taillé. La solution évidente ne consiste donc pas à réduire les prix du brut. Elle passe par un refus de marchandises de la part des fabricants afin de limiter les niveaux de stocks et de générer des liquidités. »
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« Une baisse drastique des prix du brut pourrait saper encore plus la confiance du marché et dévaluer les stocks de taillé. »
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Russell Mehta remarque que, « dans le bon vieux temps », le mieux aurait été que la De Beers réduise considérablement ses prix et vende des quantités limitées, afin que la fabrication reste rentable. Il se demande pourtant si cela serait encore possible avec le système actuel des contrats de la De Beers, l’ITO (intention de vendre).
Aujourd’hui, souligne-t-il, si les prix du brut baissaient considérablement, ceux du taillé reculeraient davantage encore : les fabricants auraient besoin de vendre rapidement pour obtenir des liquidités et acheter le brut au tarif corrigé. « Le vrai problème, ce n’est pas le prix ; c’est une demande de taillé [limitée] et un volume [excessif] de marchandises dans les catégories supérieures et le taillé certifié », a ajouté Russell Mehta.
Il remarque que les fabricants préfèrent maintenant des marchandises moins grosses et de qualité inférieure, plus adaptées au marché américain. La demande chinoise pour les dossiers a également ralenti.
Baisse de la fabrication
[two_third]Les fabricants ont remarqué un étranglement depuis déjà quelques mois. Depuis leur retour des fêtes de Diwali en novembre, ils ont réduit leurs commandes de brut et leur production d’usine. À la suite de cela, la demande et les prix du brut sur le marché secondaire ont reculé en fin d’année. Russell Mehta estime que la fabrication en Inde a été réduite de 20 % à 30 %.
Lors du sight de décembre déjà, les sightholders avaient refusé une grande quantité de marchandises. David Johnson a remarqué que la De Beers avait en fait autorisé certains sightholders – ceux qui achètent du brut destiné à être taillé au Botswana, en Afrique du Sud et en Namibie – à reporter jusqu’à 50 % de leurs marchandises de décembre à janvier. Ceux-ci sont donc obligés d’accepter ces marchandises en janvier, au risque de perdre l’ensemble des marchandises attribuées.[/two_third][one_third_last]
« Les fabricants préfèrent maintenant des marchandises moins grosses et de qualité inférieure, plus adaptées au marché américain. »
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Les sightholders pourraient se montrer réticents à refuser en bloc l’approvisionnement de la De Beers puisqu’ils postulent actuellement pour les nouveaux contrats de sight sur trois ans, qui débutent en avril de cette année. La De Beers a expliqué que, pour être admissibles, les sightholders existants avaient simplement à prouver qu’ils respectaient ses principes de bonnes pratiques, qu’ils étaient en bonne voie pour obtenir la conformité financière – conformément aux normes internationales d’information financière (IFRS) – et qu’ils justifiaient d’une demande suffisante pour garantir un sight.
Il peut être difficile de justifier une demande suffisante dans les conditions actuelles du marché, alors même que les sightholders se livrent une concurrence effrénée pour obtenir un nouveau contrat. Mike Aggett considère que les « achats politiques », destinés à prouver les capacités d’un sightholder, ne seront pas aussi importants qu’au cours des précédentes procédures. Aujourd’hui, les sociétés ont besoin d’acheter à la source la plus rentable car les capitaux sont limités.
« Je pense que nous allons commencer à constater un changement dans les habitudes d’achat des grands fabricants. Ils vont rechercher l’offre la plus rentable, et ne plus simplement vouloir prouver leur fidélité », a-t-il affirmé.
Cela pourrait renforcer la demande lors des enchères et tenders de brut qui, selon Des Kilalea, reflètent souvent mieux la réalité que l’offre sous contrat, lorsque les conditions de marché sont difficiles.
Un début atypique
En théorie donc, la De Beers devrait rester avec des invendus dans les mois à venir. Les sightholders espèrent d’ailleurs qu’elle profitera de ces excédents de stock pour améliorer les assortiments de ses boîtes lors du sight de janvier.
Mais il est peut-être encore trop tôt pour dire si les niveaux de stock actuels joueront sur la production de la De Beers en 2015. Des Kilalea pense que la société attendra jusqu’à la fin du premier trimestre avant de réévaluer son plan de production. David Johnson a affirmé que la société serait plus à même de communiquer sur ses prévisions de production pour l’année le 13 février, lorsque Anglo American aura publié les gains de la De Beers pour 2014.
Dans tous les cas, la société a peu de chances de répéter ses performances exceptionnelles de l’année dernière. En fait, Des Kilalea considère que tout le secteur de l’extraction minière de diamants aura du mal à maintenir la croissance dont il a profité récemment.
« Ces deux dernières années, les sociétés [de l’extraction minière] de diamants se sont révélées d’excellents investissements mais elles auront certainement plus de mal à devenir les championnes de l’espace minier en 2015 », a-t-il déclaré.
Parallèlement, Des Kilalea a souligné que la plupart des sociétés minières cotées en bourse – dont Petra Diamonds, Dominion Diamond, Gem Diamonds et Lucara Diamond – ont tous les atouts pour surmonter ce qui s’annonce comme une année difficile. Toutes ont de bons bilans et n’ont pas besoin d’argent, a-t-il expliqué. En outre, les devises des pays dans lesquels elles exercent – comme le rand sud-africain, le dollar canadien et le rouble russe – se sont toutes affaiblies, un bon point pour elles, puisqu’elles pourront obtenir davantage de devises contre leurs dollars pour financer leurs coûts d’exploitation et leurs dépenses sur place.
« Elles peuvent donc se permettre de voir les prix du brut baisser un peu. Cela ne gênera pas beaucoup leurs marges », a expliqué Des Kilalea.
En effet, d’après ses prévisions, les prix du brut baisseront tout au long de 2015. Beaucoup s’attendent à ce que la correction la plus nette se produise au premier trimestre. L’ambiance sur le marché est donc à la prudence, puisque c’est généralement au premier trimestre que les sociétés minières vendent le plus. Les échanges de diamants sont souvent les plus dynamiques au premier trimestre.
Notant l’évolution des tendances déjà évidente cette année, Mike Aggett et Russell Mehta espèrent que la baisse des prix du brut sera graduelle, pour que les fabricants se débarrassent lentement de leurs stocks de taillé et que le marché revienne à l’équilibre.
« Nous sommes un peu dans le creux de la vague pour le moment, en attendant d’y voir un peu plus clair, a expliqué Mike Aggett. Il y a trop d’inconnues à l’heure actuelle, alors beaucoup hésitent. Pour un mois de janvier, c’est très étrange. » Au cours de la préparation du premier sight de 2015, le marché espère que la baisse des prix du brut aidera à redonner confiance dans le marché, à une époque de l’année où elle devrait être à son apogée.