Contribution de poids d’ALROSA au retour de la taille « Made in Russia »

Rough and Polished

ALROSA est réputée pour être la plus grande société d’extraction de diamants dans le monde. Pourtant, tout le monde ne sait pas qu’elle possède également sa propre division de taille. [:]Pendant longtemps, les activités de DIAMONDS ALROSA sont restées dans l’ombre, n’attirant qu’à de rares occasions l’attention des journalistes.

Toutefois, récemment, une extraordinaire collection de diamants produite par DIAMONDS ALROSA, The Dynasty, a été présentée en grande pompe, une première fois à Moscou, puis au Eastern Economic Forum de Vladivostok et enfin à Hong Kong. La collection, qui a déjà suscité un grand enthousiasme, sera mise en vente en novembre lors d’enchères en ligne organisées sur la propre plateforme informatique d’ALROSA.

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Pavel Vinikhin, directeur de DIAMONDS ALROSA, a parlé à Rough & Polished du travail réalisé sur la collection, des perspectives d’une tournée internationale, ainsi que des projets de développement de son activité de taille.

Qu’est-ce que la collection The Dynasty a de tellement extraordinaire ?

Par exemple, le fait que cinq diamants de qualité supérieure soient réalisés à partir d’un seul très gros diamant brut de 179 carats, extrait deux ans plus tôt dans la mine de Nyurba en Yakoutie. Le nom The Dynasty a d’abord été donné au plus gros des diamants, puis à l’ensemble de la collection. Chacun des cinq diamants emprunte son nom aux dynasties de l’élite russe, associées d’une façon ou d’une autre au développement du secteur de la joaillerie dans le pays. En outre, le nom The Dynasty évoque la tradition de la célèbre « taille russe », ainsi que l’artisanat local qui a commencé avec la création de la première usine de taille de pierres précieuses au début du XVIIIe siècle sous Pierre Le Grand.

La singularité de la collection est également soulignée par le fait que son diamant principal est le plus pur et le plus cher jamais taillé en Russie. La pierre s’est vu attribuer le grade Triple Excellent, le plus élevé en termes de qualité de taille, qu’on ne retrouve que dans moins de 1 % des diamants taillés dans le monde. L’ensemble de la collection a été certifié par le Gemological Institute of America (GIA) qui a attesté de ses caractéristiques exceptionnelles. On a là la preuve du talent de nos tailleurs qui ont réalisé l’ensemble du travail, depuis le marquage assisté par ordinateur jusqu’au découpage et à la taille de ces pierres.

Comment s’est effectué le travail sur la collection ?

Après avoir reçu la pierre en juillet 2015, nous avons rencontré les technologues et spécialistes du marketing à plusieurs reprises. La préparation nous a pris environ un an – c’est-à-dire qu’il nous a fallu un an pour décider de la façon dont nous allions réaliser la pierre. Habituellement, tout est fait de manière plutôt simple : un diamant brut est analysé par un programme informatique qui simule plusieurs tailles possibles et calcule même leurs prix potentiels. Vous pouvez les comparer et choisir l’option la plus rentable. Mais dans le cas de The Dynasty, tout a fonctionné différemment : le diamant était si gros qu’il ne rentrait pas dans la machine d’analyse.

La pierre a donc dû être marquée à la main. L’opération s’est révélée difficile car elle était recouverte d’une « chemise », une légère pellicule transparente. Nous avons dû commencer par disposer des « fenêtres » en taillant le diamant sur différentes faces pour regarder à l’intérieur. Il y avait deux fissures et nos technologues ont décidé de commencer par tailler le long de celles-ci.

Bien entendu, cela comportait certains risques. La pierre était tendue, il était donc impossible de la tailler avec un disque. Il a fallu avoir recours au découpage au laser, ce qui est bien plus dangereux : la chaleur pouvait faire exploser le diamant. Heureusement, nos spécialistes connaissent leur métier et tout s’est bien fini, mais je dois avouer que la tension était grande.

Au tout début, face aux caractéristiques élevées du diamant brut, nous nous sommes fixé un objectif ambitieux : obtenir le plus gros diamant possible avec les meilleurs attributs. Nous avons immédiatement pris conscience que nous allions réaliser une pierre ronde de plus de 50 carats. Les autres sont « nées » durant le processus. Il nous a fallu plus d’un an pour tailler le diamant et nos célèbres artisans Nikolay Bogachev, Sergey Timonin, Alexey Tsurikov et Vladimir Konovalov, qui ont des années d’expérience au compteur, ont travaillé vraiment dur et nous sommes fiers du résultat obtenu.

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La collection a été montrée à Saint-Pétersbourg, à Moscou et à Vladivostok. Où en est la tournée internationale aujourd’hui ?

Nous avons récemment montré The Dynasty à Hong Kong et constaté l’intérêt qu’elle suscitait là-bas, notamment chez les collectionneurs. Durant la deuxième quinzaine d’octobre, nous avions programmé une exposition en Israël, dans nos bureaux à Ramat Gan. Les inscriptions étaient ouvertes à tous ceux qui désirent la voir. En novembre, une présentation est prévue à New York, aux Etats-Unis. La collection n’a rien d’ordinaire alors, bien sûr, elle provoque beaucoup d’émotions chez les gens.

Qu’attendez-vous de votre vente aux enchères en ligne prévue en novembre ?

Ce seront nos premières enchères en ligne de diamants. D’ici novembre, nous allons envoyer des invitations et des codes d’accès à tous les clients qui ont manifesté leur intérêt et nous annoncerons également la date des enchères. Parmi les participants, beaucoup ont déjà vu la collection, il s’agit de négociants de premier plan et de sociétés diamantaires et joaillières connues.

Ces enchères sont très importantes pour nous. Nous n’avons jamais vendu de telles pierres, nous n’avons jamais organisé d’expositions itinérantes dans différents pays ni d’enchères en ligne. Tout est nouveau et nous considérons cela comme une sorte de défi. Nous pensons que tout va bien se passer : le nombre d’acheteurs intéressés nous donne des raisons de croire que nous pourrons en tirer un bon prix. Des pierres aussi exceptionnelles que celles de notre collection sont généralement très demandées et ne subissent pas la volatilité du marché.

Comment décririez-vous le changement d’activité de votre société et quelles sont ses perspectives de développement ?

À l’heure actuelle, nous procédons au « reformatage » des opérations de taille. Aujourd’hui, DIAMONDS ALROSA possède deux zones de production, à Moscou et à Barnaul. Le brut de petite taille sera entièrement traité à Barnaul. C’est l’économie mondiale qui dicte la tendance : on transfère la fabrication des diamants depuis des grandes villes qui coûtent cher vers des endroits moins onéreux. Nous taillons à Moscou les grosses pierres de prix. Ce type de brut nécessite une approche différente : le coût de traitement initial des grosses pierres n’a pas d’incidence majeure sur leur valeur finale. Ce sont plutôt la technologie, l’équipement et le savoir-faire des tailleurs qui comptent. Nous confions même la plupart des opérations de marquage et de découpage à Moscou car l’équipement sur place est meilleur et parce que les artisans ont plus d’expérience. Les pierres que nous envoyons à Barnaul sont donc déjà prêtes pour la taille.

Lors de la présentation de la collection à Moscou, Sergey Ivanov, le président d’ALROSA, a souligné la possibilité de développer le centre de taille de la société, en taillant notamment des pierres de couleur et des pierres exceptionnelles. Le travail réalisé sur la collection The Dynasty prouve que nous sommes capables d’œuvrer au plus haut niveau.

Cela signifie-t-il que DIAMONDS ALROSA prévoit de se concentrer sur la taille de diamants exceptionnels ?

Pas seulement, mais les collections exceptionnelles deviendront l’une de nos activités principales. Et nous préparons l’infrastructure nécessaire au développement de la société dans ce sens. En mettant en vente la collection The Dynasty dans des enchères en ligne, nous lançons par la même occasion notre plate-forme Internet, où nous exposerons par la suite d’autres produits, et notamment des diamants de couleur et des pierres exceptionnelles.

Il a récemment été annoncé qu’un diamant rose exceptionnel de 27,85 carats avait été extrait par Almazy Anabara, filiale d’ALROSA. Sera-t-il vendu brut ou taillé par DIAMONDS ALROSA ?

Quand la société découvre un diamant brut exceptionnel, nous évaluons la taille réalisable. La société décide ensuite de la tailler ou de la vendre brute. C’est ce qui se passe avec le diamant rose, il est aujourd’hui examiné par les experts d’USO ALROSA et les nôtres, et jusqu’ici aucune décision ferme n’a été prise. Et de nombreuses autres grosses pierres arriveront bientôt pour être transformées.

Nous travaillons beaucoup sur la technologie. Nous associons les technologies modernes aux techniques de taille russes traditionnelles. Actuellement, notre équipement est très bon, c’est précisément l’un des meilleurs de Russie et il est au premier plan au niveau mondial, comme l’ont indiqué les experts étrangers qui ont visité nos sites de production. Nous continuons à nous rééquiper techniquement, nous attendons actuellement de recevoir des systèmes de marquage de diamants supplémentaires et nous modifions nos lasers. Et, bien entendu, nous avons de très bons tailleurs, ce sont tous des spécialistes hors pair.

Ces 25 dernières années, il n’y a pas eu un seul diamant provenant de Russie qui puisse être comparé en termes de qualité et de caractéristiques de couleur au diamant The Dynasty. La taille « Made in Russia » poursuit son chemin. Et si, au départ, elle n’était pas associée au nom d’ALROSA, nous participons aujourd’hui au « revival » de ces traditions et nous espérons apporter une contribution de poids à la promotion des diamants russes sur le marché mondial.

Source Rough&Polished


Photo © ALROSA.