Lors des quatre premiers mois de l’année 2014, les prix du brut ont connu leur croissance saisonnière, estimée par les acteurs de l’industrie entre 5 % et 10 %. [:]Le regain de la demande a permis à la De Beers d’augmenter les prix de ses marchandises à trois reprises – lors des sights de janvier, mars et avril. Au cours de cette période, ALROSA n’a augmenté les siens qu’une seule fois (en février, de 2,5 %), contribuant ainsi, selon de nombreux participants du marché, à éviter les refus.
Actuellement, la demande de brut reste solide, ce qui a un effet sur les prix des principaux fournisseurs. Toutefois, les résultats de certains tenders n’ont pas été aussi florissants que prévu, selon l’analyse de marché de Bonas en mai. Ce repli n’a pourtant pas eu d’effet sur le brut de grosseur supérieure, dont les prix restent élevés. Généralement, en cette saison, la demande de taillé est faible dans les grands centres d’échange. Les problèmes de liquidités sont toujours présents bien que, jusqu’à présent, il n’y ait que peu de preuves de ce manque d’argent. Le salon JCK de Las Vegas, fin mai, et le Jewellery & Gem Fair 2014 de Hong Kong en juin, qui traduit l’humeur du marché asiatique, sont très représentatifs de l’humeur des détaillants.
Le marché a vécu un mois de mai plutôt constant. Le recul des ventes d’ALROSA, souligné par les acteurs du marché, de même que la déclaration de Philippe Mellier, le PDG de la De Beers, selon laquelle il n’appliquerait aucune hausse des prix dans un proche avenir, ainsi qu’une demande modulable pour le taillé devraient poser les bases d‘une évolution durable dans les mois à venir. Celle-ci, telle que la prévoient les PDG d’ALROSA et de la De Beers, garantit une croissance de 4 % à 5 % des prix du brut d’ici fin 2014.
Les sights d’ALROSA et de la De Beers
Généralement, le sight de mai de la De Beers ne connaît pas une forte demande. Cette année n’a pas fait exception à la règle. Après le sursaut des prix en avril, les échanges de boîtes à Anvers ont fortement ralenti au seuil du sight, car la plupart des sightholders s’attendaient à une baisse des prix. Dès que le marché a constaté qu’ils n’avaient pas bougé, les prix des boîtes ont bondi. La plupart se sont ainsi vendues au prix d’achat ou légèrement en baisse, comme en avril. En mai, les producteurs étaient au seuil de rentabilité.
ALROSA a ressenti le changement d’humeur sur le marché et réduit ses ventes, ce qui a fortement soutenu la demande de diamants russes, comme l’ont remarqué plusieurs sources sur le marché qui évoquaient les échanges à Anvers. Pourtant, le brut d’ALROSA reste d’une qualité inférieure (par rapport à celui de la De Beers), en particulier dans la catégorie des 3 grains, un facteur qui influe sur les prix. Les premiums sur les lots d’ALROSA étaient d’environ 5 % à 6 %.
Tenders organisés par d’autres producteurs
Le dernier sight de Petra a permis d’écouler 281 000 carats pour un total de 36,25 millions de dollars, contre 324 000 carats le mois précédent (48,13 millions de dollars). Gem Diamonds a fait état d’une augmentation d’environ 75 % de ses recettes (à 82 millions de dollars) lors des trois premiers tenders de cette année, l’augmentation en carats n’étant que de 4 %. Malgré les difficiles conditions de marché, l’activité de Lucara lors du tender a constitué un record. Les résultats des tenders organisés par d’autres sociétés à Anvers ont été positifs, en particulier dans le segment du brut de grosseur supérieure.
Inde
En avril-mai, les ventes ont reculé à Mumbai et les prix de la catégorie VVS (très très petites inclusions) ont chuté de plusieurs points en pourcentage. Avec l’approche des vacances d’été, l’inquiétude grandit à Mumbai comme dans d’autres centres de taille indiens car tous les diamantaires ne pourront pas reprendre leur activité après la stagnation. Toutefois, les professionnels remarquent quelques tendances positives (tout d’abord pour les segments Prepared et Small MB, « Prepared » désignant les pierres taillées ou broyées en deux morceaux et « Small Makeable » désignant de petits octaèdres irréguliers) et prévoient des échanges vigoureux au second semestre.
Le brut d’ALROSA reste populaire à Mumbai, en particulier pour les catégories Small MB et Z (« Z » désignant des octaèdres réguliers) et la catégorie Rejections (brut de faible qualité, proche du bort utilisé par les tailleurs indiens pour produire du taillé de très petite grosseur).
Israël
À Tel-Aviv, le marché du brut s’enlise, avec un ralentissement des transactions spéculatives, contre lesquelles se battent les acteurs du marché israélien. La demande de brut reste solide mais les acheteurs se montrent prudents, tout en s’intéressant au segment haut de gamme du marché du taillé. Les commentaires des diamantaires suggèrent cette conclusion : le brut ne génère ni marges ni pertes significatives. Les marchandises sur le marché secondaire se vendent pratiquement sans aucun premium. Seules quelques boîtes de brut peu onéreux prennent plusieurs points en pourcentage, les autres sont vendues moins cher (catégories Crystals et Select MB).
ALROSA demeure le vendeur préféré en termes de valeur.
Afrique
Les sightholders d’Afrique du Sud et de Namibie se disent préoccupés par le possible déficit de l’offre sur le marché, susceptible de se prolonger tant que la mine Venetia n’est pas à même de fonctionner à pleine capacité. En raison des grèves, l’industrie minière des diamants en Afrique du Sud a subi une baisse de ses extractions en glissement annuel, bien que la production de diamants ait été moins affectée (au premier trimestre, la chute de production n’était que de 1,2 % contre 44 % pour celle de platine).
Le sight a profité aux clients de la De Beers basés au Botswana. Avec peu de refus, le tender organisé par Okavango Diamond Company a même créé une certaine surprise. Ses participants s’attendaient à trouver du brut de qualité inférieure. En réalité, les résultats ont été satisfaisants, avec seulement trois lots invendus. Les revenus ont représenté 68,3 millions de dollars pour un prix moyen de 186 dollars par carat.
Marché du taillé
D’après les négociants, les prix du taillé sont en repli et il est plus difficile d’obtenir des marges. L’enthousiasme refroidit sur le marché du taillé par rapport au premier trimestre. Les acheteurs ont diminué leurs commandes et sont réticents à payer plus cher pour le taillé, à l’exception de pierres très rares, selon ce qu’indique l’analyse Bonas.
En raison d’une baisse des ventes, les diamantaires devraient se retrouver en situation de stocks excédentaires ces deux prochains mois. L’accès aux liquidités se complique, ce qui amène les négociants à adopter des solutions d’appoint.
Les divergences de prix dans les diverses catégories de taillé génèrent des incohérences, les clients se voyant proposer des pierres VVS pour moins cher que des pierres VS. Malgré cela, ces offres ne rencontrent pas de succès : les acheteurs se concentrent sur le taillé VS.
En Israël, les ventes de taillé ont été satisfaisantes au premier trimestre mais, après le festival de Pesah (début avril), les échanges ont considérablement ralenti. Il semblerait que de nombreux diamantaires aient plus ou moins terminé de réachalander leurs stocks. La demande en provenance des États-Unis reste actuellement sélective. Un espoir demeure toutefois sur de prochains bons résultats pour le salon JCK Las Vegas. De grandes quantités de taillé se sont retrouvées « coincées » au Gemological Institute of America (GIA), dans l’attente d’une certification. Un trop grand nombre de pierres risque donc d’apparaître en même temps sur le marché durant une saison estivale morose.
Les tailleurs indiens sont également inquiets des délais importants imposés par le GIA, ainsi que du ralentissement de la demande en Chine, après un affaiblissement du yuan.
Les sentiments sont mitigés à l’égard du salon JCK Las Vegas, qui démarre fin mai : les optimistes sont certains que la demande va augmenter et que les prix se renforceront ; les pessimistes considèrent que l’attention sera tournée vers les marchandises bas de gamme et les promotions.