Dubaï, Émirats arabes unis – Après la réunion plénière du Kimberley Process à Dubaï, le pays qui assure la présidence du KP s’est targué de l’adoption de deux propositions « historiques », qui constitueraient une étape très importante pour un organisme incapable d’avancer sur des questions de fond.[:]
Seul problème : aucun des accords ne semble en fait avoir été réellement adopté.
Jeudi 17 novembre, les Émirats arabes unis ont publié un communiqué de presse indiquant que, lors de la réunion, les membres du KP étaient parvenus à un « accord historique », approuvant par le vote la création d’un secrétariat permanent et une proposition d’élaboration d’un fonds commun pour sa coalition de la société civile, le groupement d’ONG impliquées dans le processus.
Le communiqué, qui a été repris par les sites Internet du marché IDEX Online et Rapaport, citait le président du KP, Ahmed Bin Sulayem, qui déclarait : « Les décisions historiques prises aujourd’hui auront un effet durable sur la pérennité du KP et de l’industrie diamantaire. Nous sommes très fiers de la façon dont la famille KP s’est réunie pour adopter ces propositions essentielles qui renforceront la structure et la transparence du système de certification du Kimberley Process. Je suis impatient de me rapprocher du prochain président du KP pour m’assurer que ces initiatives soient mises en place de façon efficace. »
Le communiqué indiquait également que les deux propositions passeraient devant l’Assemblée générale des Nations unies pour y être adoptées avant la fin de l’année.
Toutefois, plusieurs personnes informées de la situation ont indiqué à National Jeweler qu’aucune de ces propositions n’avait été adoptée à la réunion. Un observateur a qualifié le communiqué de presse des EAU de « déformation de la vérité » apparemment « assez inédite ».
Le communiqué final de la réunion, publié sur le site Internet du KP, va dans le sens de cette déclaration puisqu’il indique que la séance plénière « a reconnu les efforts engagés et pris note des » deux propositions réalisées par le président du KP et « attendait avec impatience de poursuivre les discussions sur ces propositions sous l’égide de la prochaine présidence. »
Le texte ne mentionne absolument pas l’adoption de la proposition et cet événement soi-disant « historique » n’a pas non plus été cité par Andrey Polyakov, le président du World Diamond Council, dans son discours de clôture de la séance plénière.
En réalité, selon une transcription de ces remarques communiquée à National Jeweler, Andrey Polyakov a affirmé : « Nous pensons qu’il est nécessaire de travailler davantage sur ces grandes initiatives que sont l’établissement d’un secrétariat permanent et d’un fonds indépendant pour le financement de la participation des ONG. »
Interrogé sur les divergences entre le communiqué de presse et le récit de la réunion fait par d’autres, un porte-parole de la présidence du KP a déclaré vendredi 18 novembre : « Les principes ont été adoptés, comme cela se voit dans le communiqué final, et ils vont devoir maintenant être peaufinés. Conformément à la procédure, tout ce qui a été adopté dans le communiqué final doit être approuvé par une résolution des Nations unies. Sans résolution annuelle des Nations unies, le KP cesse d’exister. »
Le président du KP n’a pas répondu à de nouvelles interrogations sur le sujet.
Dan Thomas, un porte-parole du président de l’Assemblée générale des Nations unies, n’a pas répondu à de multiples questions sur le KP.
Le communiqué de presse publié par le président du KP après la séance plénière vient clôturer une année au cours de laquelle Ahmed Bin Sulayem s’est montré très actif : il s’est rendu dans de nombreux pays producteurs de diamants, a lancé une série d’ateliers sur l’évaluation du brut et a défendu l’idée d’un secrétariat permanent et du financement de la coalition de la société civile.
En outre, l’année 2016 a permis la reprise des exportations de brut depuis plusieurs régions de République centrafricaine, un pays exclu du KP depuis 2013.
Toutefois, cette année a également été celle au cours de laquelle les déclarations d’Ahmed Bin Sulayem à la presse ont été plusieurs fois remises en question, notamment celle concernant la coalition de la société civile du KP juste avant la séance plénière.
De plus, Ahmed Bin Sulayem s’est montré incapable de se réconcilier avec la coalition, qui a maintenu son boycott entamé il y a un an et n’a toujours pas décidé de ce qu’elle ferait en 2017, a expliqué Zuzia Danielski, une porte-parole du Partenariat Afrique Canada, un coordinateur de la coalition.
Lors de la séance plénière, le KP a voté la réadmission du Venezuela, qui s’était volontairement retiré en 2008.
Les membres du KP ont également conclu un accord visant à désigner l’Australie comme prochain président de l’organisme.
Robert Owen-Jones, secrétaire assistant de l’Agence sur la compétitivité australienne du département des Affaires étrangères et du Commerce, représentera son pays à la présidence.
De même, lors de la séance plénière, le KP a choisi les vice-présidents pour les deux années à venir.
L’Union européenne a été choisie pour occuper le poste en 2017, l’Inde la remplacera en 2018. Cela signifie que l’Union européenne devrait présider le KP en 2018, suivie par l’Inde en 2019.
Dans un communiqué de presse adressé par le WDC après l’assemblée, Andrey Polyakov a qualifié la sélection de deux vice-présidents de « précédent extrêmement important » qui « permettra au KP de chercher davantage à garantir la stabilité et la cohérence de l’organisation. »