La Confédération internationale de la bijouterie a organisé ses dernières rencontres en date à Jaipur, en Inde, du 3 au 5 octobre. Voici un résumé des sujets les plus débattus lors de l’événement.
Plus de formations
La nécessité de disposer de formations plus nombreuses a été largement évoquée par les intervenants de l’atelier « Approvisionnement responsable, développement durable et ESG ». Ceux-ci ont notamment souligné que les PME avaient besoin de directives pour atteindre les objectifs de développement durable (SDG) des Nations unies et autres textes de référence écologiques.
« Nous devons encadrer l’ESG (gouvernance environnementale, sociale et d’entreprise) car c’est un sujet déstabilisant pour les entreprises », a déclaré Jon Key, consultant en ESG travaillant avec la CIBJO.
La Watch & Jewellery Initiative (WJI) 2030 s’est donné pour mission de mettre à disposition de l’industrie ses ressources éducatives, a déclaré Iris Van der Veken, la directrice exécutive de cet organisme de commerce.
« Toutes les entreprises doivent se préparer à ce qui arrive et aider les PME à comprendre les différentes étapes », a ajouté Alba Cappellieri, qui dirige le programme de design de bijoux et d’accessoires à Politecnico di Milano.
Aider les femmes
L’égalité entre les genres et le soutien apporté aux femmes ont aussi été abordés lors des discussions. Kimberly Collins, la présidente du conseil d’administration de l’American Gem Trade Association (AGTA) s’est souvenue de ses débuts dans l’est de l’Afrique et de l’importance qu’avaient les femmes sur les sites miniers.
Le travail à engager dans ce domaine demeure toutefois énorme, a souligné Iris Van der Veken, de la WJI 2030 : « Notre industrie est fortement influencée par les femmes. Pourtant nos efforts pour atteindre l’égalité entre les genres ont encore des siècles de retard. »
Sean Gilbertson, le PDG de Gemfields, a reconnu que certaines de ses sociétés minières n’étaient pas encore au niveau dans ce domaine.
« Lorsque nous avons racheté la mine d’émeraudes de Kagem, il y avait une règle qui interdisait l’accès aux femmes, a-t-il raconté. On considérait que les femmes portaient malheur dans la production d’émeraudes. C’est l’une des premières choses que nous avons changées. Nous avons mis en place une formation pour les équipements lourds, même si notre démarche n’était pas totalement altruiste. Nous avions eu vent d’une étude australienne qui montrait que les femmes s’occupaient mieux des équipements et géraient mieux la consommation de carburant. »
Un approvisionnement responsable
La filière des pierres de couleur croule sous les problèmes : offre limitée, prix élevés, hausse de la demande en Chine, difficultés d’exportation et de déclaration et recherche de la transparence de l’approvisionnement dans toute l’industrie.
« Il est quasiment impossible de parvenir à une transparence totale pour la plupart des pierres, a déclaré Damien Cody, président de l’International Colored Gemstone Association (ICA). Il faut pourtant encourager les négociants à entreprendre des efforts poussés pour améliorer l’ESG dans la chaîne d’approvisionnement. Mais si l’on insiste trop lourdement, des conséquences inattendues pourraient se faire ressentir là où les gens sont le plus fragile, c’est-à-dire dans le secteur de l’extraction artisanale. »
Pour expliquer les différents niveaux des bonnes pratiques d’approvisionnement, Feriel Zerouki, la présidente du World Diamond Council, a défini l’approvisionnement responsable comme un ensemble d’opérations qui « respectent les lois internationales et ne sont pas dangereuses. L’approvisionnement éthique s’appuie quant à lui sur ces bases et intègre les aspects sociaux, comme les bénéfices apportés aux employés et la compréhension des différentes cultures. Enfin, le développement durable repose sur ces deux piliers pour assurer la persistance dans les environnements sociaux. »
Diamant naturels ou synthétiques
De nombreux membres de la CIBJO se sont réjouis du nouvel investissement marketing engagé par De Beers en faveur des diamants naturels, notamment avec la reprise de la campagne publicitaire A Diamond Is Forever pour les fêtes, financée par 20 millions de dollars. La nouvelle a été particulièrement bien accueillie au vu des récentes chutes de prix des diamants naturels et synthétiques.
« Nous en revenons aux diamants naturels, a déclaré Udi Sheintal, président de la commission diamantaire de la CIBJO. Si l’on agit intelligemment, le marché peut se développer car l’activité des diamants naturels est liée aux émotions des consommateurs. »
Mahiar Borhanjoo a rappelé aux participants que le marché diamantaire est cyclique. « Il y aura davantage de marchandises disponibles, à des prix plus intéressants, et les détaillants vont avoir besoin de plus de diamants naturels », a prévu le PDG de la plate-forme de négoce Uni Diamonds.
Quant aux pierres synthétiques – qui, selon lui et d’autres, ont récemment grignoté la part de marché des marchandises naturelles de qualité inférieure –, il estime qu’ils sont destinés aux acheteurs d’entrée de gamme : « Les diamants synthétiques sont l’objet d’un premier achat. Par la suite, les acheteurs veulent « du vrai ». C’est ce que nous affirment nos partenaires de retail. »
Ce que veulent vraiment les miniers
L’une des présentations les plus commentées à la CIBJO a dévoilé les commentaires sans fard de personnes actives sur le terrain dans les pays producteurs. L’animatrice était la chercheuse Jenna White – une doctorante de la Colorado School of Mines que l’AGTA avait engagée pour enquêter sur les bonnes pratiques dans la chaîne d’approvisionnement des pierres.
« L’AGTA recherche des faits, et non des contes de fées », a expliqué John W. Ford, PDG du groupe, qui a également participé à la session de la CIBJO.
Dans ses premières conclusions, Jenna White soulignait l’importance de clarifier les termes. Ainsi, de nombreuses personnes interrogées ont affirmé être des mineurs, or cela voulait souvent simplement dire qu’ils travaillaient dans la chaîne d’approvisionnement, et pas véritablement dans les mines en tant que creuseurs. D’autres lui ont expliqué qu’ils voulaient obtenir des prix équitables et être traités comme des partenaires commerciaux. La plupart ne voulaient pas que les sociétés utilisent des photos d’eux ou d’orphelins locaux pour vendre des pierres.
Image: The opening ceremony of the CIBJO conference. (CIBJO)