Cartier haute joaillerie : la nature recommencée 

Isabelle Hossenlopp

La nouvelle collection de haute joaillerie de Cartier n’est pas un nouveau chapitre du Voyage Recommencé , le nom que la Maison parisienne avait donné à ses dernières collections, mais l’approche reste la même. Dans Nature Sauvage, le regard de Cartier sur son héritage et ses racines, son style et son histoire est toujours présent. Remodelage des concepts, extensions des inspirations à l’intérieur d’un territoire, nouvelle facette d’une esthétique bien ancrée, c’est sous cet angle qu’il faut apprécier les créations.

Magnifiques par leur expressivité, le travail d’articulation qui leur donne une souplesse et une légèreté remarquables, les diamants et les pierres exceptionnelles, les histoires qu’elles racontent, elles sont tout simplement envoûtantes.

Apporter de la modernité au bestiaire de Cartier

Baptisé Nature Sauvage, le corpus des nouvelles créations révèle les animaux familiers de la Maison. « C’est un nouveau regard sur le bestiaire Cartier. Pour surprendre, interpeller et apporter de la modernité au travers de rencontres inattendues » ditJacqueline Karachi, Directrice de Création Haute Joaillerie.

Dans cette insolite galerie animalière, la panthère domine, évidemment. Avec son corps tendu, prêt à bondir, le félin avance à pas feutrés sur le collier Panthère des Glaces, mosaïque de diamants kyte, taillés, comme l’indique leur nom anglais, comme des cerfs-volants et cernés de bordures en cristal de roche. Ardente gardienne de sa précieuse banquise de lumière, la panthère s’aventure avec ses yeux d’émeraude au regard coupant. On se demande par quel prodige les artisans joailliers ont réussi à reproduire son expression de fauve, où tous les sens semblent en éveil.  

Ailleurs, sur le bracelet-bague Panthère Jaillissante, sans doute la création la plus originale, le corps de l’animal culte s’étire à l’infini, enlaçant tout à la fois le poignet, la main et le doigt. Une superbe émeraude de Zambie taille pain de sucre, de plus de 8 carats, vient sertir cet étonnant bijou aux accents d’Orient.

Animaux iconiques et historiques

Que trouve-t-on encore dans ce bestiaire précieux ? Une tortue se dissimule dans les motifs en chute du collier Mochelys et s’en détache pour se transformer en broche.

L’arrondi et le volume de sa carapace rappellent la montre Tortue au double galbe inventée par Cartier en 1912 ou encore le cadran de la montre Rotonde serti de 1 167 minuscules tesselles de pierres pour composer une tortue en mosaïque. Ici, elle retient dans son bec une sublime goutte de tourmaline rose de 71,90 carats.

Autre animal ayant des antécédents chez Cartier : le serpent, présent lui aussi dans la collection Nature Sauvage. Le souple reptile de diamant ornait déjà un collier réalisé pour l’actrice Maria Felix en 1968. Dans cette collection moderne, il s’insinue sur le collier Amphista où deux têtes de reptile se glissent le long d’une géométrie d’émeraudes carrées et de diamants taille kyte, émeraude et princesse.

Le flamant rose, dessiné pour la duchesse de Windsor, est devenu une pièce de patrimoine de la Maison.

Sur le fastueux collier Celestun, il se fond dans un paysage aquatique ruisselant de diamants et d’émeraudes – celles-ci symbolisant des roseaux – où se trouve retenue une imposante aigue-marine couleur lac de glacier de plus de 38 carats. Ce collier majestueux a demandé plus de 1 000 heures de travail.

La charte graphique de Cartier

Dans l’univers de Cartier, les assemblages de couleurs constituent une véritable charte graphique. Les verts et les bleus, les rouges et les noirs, les éclats d’onyx ou d’aigue-marine, les yeux d’émeraude, … les nombreuses associations sont familières pour qui regarde attentivement les créations de la Maison depuis des décennies. Sur le collier Alae, rutilant plastron de lumière, les pointes d’onyx soulignent une architecture de diamants évoquant les gratte-ciels américains. La parure est tout entière composée d’éléments de diamant articulés pour assurer une fluidité parfaite sur la peau. Même immense travail d’atelier pour réaliser le corps souple et fuselé du dragon Tatsu.  Soulignant ses écailles, l’alliance du noir et du rouge – éclats d’onyx et rubis – est indissociable de la palette chromatique de Cartier dans ses inspirations chinoises depuis le début du XXème siècle.

La rigueur de la géométrie typique de l’Art déco irradie dans toute la collection. Très symbolique de Cartier plus que de tout autre joaillier, elle est sans doute sa signature majeure, référence d’une élégance qui traverse toutes les époques.

Autre signe fort de l’identité de Cartier que l’on retrouve dans toutes les pièces de la collection : la forme des colliers en chute, les corps des animaux très étirés, enlaçant le cou ou la main, la présence des gemme majeures au centre, à la pointe, comme si elles venaient clôturer la pièce, la rigueur du style, géométrique mais infiniment féminin, fluide, léger.

La nature, un engagement

Enfin, avec Nature Sauvage, la Maison rappelle que la nature et en particulier l’habitat naturel des animaux font partie de ses promesses en termes de Responsabilité. Cartier s’est donné pour mission de protéger la biodiversité de la planète et d’avoir un impact positif sur la conservation des espèces sauvages, allant jusqu’au « réensauvagement » de certaines régions d’Europe.

La nouvelle collection fait d’autant plus écho à cet engagement durable qu’elle met en lumière de fabuleux diamants et autres pierres naturelles offertes par la terre comme des trésors.