Les diamants rouges, roses et violets de l’avant-dernier tender des diamants roses d’Argyle sont actuellement en exposition, principalement en ligne, bien entendu.
La mine de diamants de Rio Tinto, l’une des rares sources de diamants roses et le plus grand fournisseur de diamants de couleur naturelle au monde, atteint sa fin de vie.
La production cessera à la fin de l’année et il ne restera qu’un seul tender de diamants roses, organisé en 2021 sur la production de 2020.
Après cela, d’après Rio Tinto, il faudra cinq ans pour déclasser et démanteler la mine, puis entamer la restauration du terrain.
La fermeture d’Argyle signe, comme l’affirme Larry West, négociant en diamants et spécialiste des diamants de couleur naturelle, la fin d’une époque.
L’extraction alluviale avait débuté sur place en 1983. Les opérations à puits ouvert avaient été lancées en 1985 et la mine est passée entièrement en souterrain en 2013.
Larry West achète des diamants de la mine depuis la fin des années 80. Il a été le premier Américain à acquérir ces pierres et l’un des rares négociants qui n’était pas issu d’une société diamantaire bien établie, soutenue par un financement bancaire.
Il a développé son entreprise au fil des décennies, en achetant et en retaillant plusieurs pierres majeures venant d’Argyle.
Parmi elles, figurait notamment le diamant qu’il juge être son préféré, l’Argyle Violet, de 2,83 carats, obtenu lors du tender de 2016 et l’un des plus rares au monde.
« C’est un moment vraiment particulier, notamment pour les experts, a expliqué Larry West, président de la L.J. West Diamonds Inc. Cet événement est triste. Pour moi, cela ressemble un peu à la mort d’un grand artiste. »
Le tender des diamants roses d’Argyle rassemble tous les diamants pouvant être taillés, issus de la production de l’année.
Cette année, le tender, intitulé One Lifetime, One Encounter (Une vie, une rencontre), en hommage à la fermeture imminente de la mine, regroupe 62 diamants, pour 57,23 carats.
En tête de liste, figurent six pierres exceptionnelles, des « héroïnes », allant de 0,33 carat à 2,45 carats, comme l’Argyle Ethereal, un diamant Fancy Intense Purple-Pink, un radiant taille émeraude.
La vente propose également 12 ensembles « soigneusement élaborés » de petits diamants roses, rouges, bleus et violets, pesant au total 13,90 carats. Baptisés « The Petite Suites », les lots ont été assemblés sur une période de cinq ans.
Comme sur presque tous les événements de cette année, la Covid-19 a eu des conséquences sur le tender des diamants roses d’Argyle.
Rio Tinto a annulé la tournée mondiale habituelle des pierres – qui fait généralement escale à New York –, organisé des présentations virtuelles et repoussé et réduit le nombre d’expositions physiques.
Celles-ci se tiendront dans trois endroits : à Anvers, à Singapour et à Perth, dans l’ouest de l’Australie, là où se trouve la mine.
Les offres, qui sont généralement clôturées en octobre, pourront cette année être déposées jusqu’au 2 décembre.
L’une des dernières ventes de certains des diamants les plus rares au monde est également éclipsée par la démission récente des grands dirigeants de Rio Tinto après que la société minière a détruit un site vénéré par des indigènes australiens.
Le minier a annoncé il y a deux semaines que Jean-Sébastien Jacques, directeur exécutif, et deux autres dirigeants démissionneraient. La société est aux prises avec les conséquences de la destruction d’abris rocheux vieux de 46 000 ans dans l’ouest de l’Australie, des lieux sacrés pour les peuples Puutu Kunti Kurrama et Pinikura.
L’incident a mis à mal la réputation de minier de Rio Tinto. Dans un article publié plus tôt en septembre, le Financial Times a souligné l’importance croissante de la responsabilité sociale.
Rio Tinto a refusé de s’exprimer sur les répercussions de la controverse sur l’intérêt porté au tender des diamants roses d’Argyle de cette année, évoquant une enquête en cours du Parlement australien.
Photo © Rio Tinto, Argyle, DR.