Les tailles ovale, émeraude, coussin et poire constituent aujourd’hui des alternatives aux diamants taille brillant pour les consommateurs.
Lorsque les grossistes et les fabricants évoquent leurs stocks, ils emploient souvent les termes « ronde » et « fantaisie ». Les diamants « fantaisie » qualifient, en termes génériques, toutes les formes qui ne sont pas rondes. Sur le marché des diamants naturels incolores, le succès croissant des tailles fantaisie reflète les nouveaux styles mis en avant aujourd’hui.
« À l’heure actuelle, ce sont les influenceurs sur les réseaux sociaux qui établissent les tendances », affirme Gaurav Khandelwal (alias GK), directeur des ventes chez Union Gems à Houston, Texas, connu pour la taille remarquable de ses diamants. « Les tendances ne sont plus uniquement dictées par les marques, mais aussi par des sites comme Ring Concierge et des joailliers comme Olivia Landau et Stephanie Gottlieb », très présents sur les réseaux sociaux.
Selon les fournisseurs de diamants, la popularité de certaines tailles fantaisie n’est plus nécessairement associée à une origine géographique en particulier. Auparavant, aux États-Unis, les tendances étaient lancées sur la côte Est ou la côte Ouest avant de gagner tout le pays.
Les consommateurs âgés de 22 à 38 ans sont séduits par la modernité des tailles fantaisie. Alors que tout le monde choisit une bague de fiançailles avec un diamant taille brillant, les tailles fantaisie leur permettent d’exprimer leur différence.
La forme, un élément majeur
Les tailles ovale et fantaisie allongées sont les plus prisées par les clients. Pour Gaurav Khandelwal, « les trois lauréates sont les tailles ovale, radiant et émeraude, suivies des tailles coussin et poire. »
Joseph Ladd, propriétaire et président de Ladd Diamonds, un diamantaire et grossiste installé à Los Angeles, admet que les « ovales ont le vent en poupe ». Il estime que les tailles radiant et coussin allongées seront aussi bientôt parmi les plus recherchées. Il a d’ailleurs déjà vendu plusieurs diamants taille poire, mais uniquement ceux qui étaient « un peu plus allongés, avec des ratios de 1,6 et plus ».
« Les tailles ovale sont les fantaisies dont les ventes sont les plus régulières, mais aussi les plus rapides », affirme Jai Bhansali, vice-président des ventes chez le grossiste Diagem à Chicago, dans l’Illinois. Selon lui, les tailles poire sont convoitées en pureté VS, plutôt que SI. Et même si certains de ses clients se sont renseignés à propos des tailles marquise, il ne sait pas si cela annonce une hausse de la demande ou si cela est dû à la rareté des pierres.
David Rakower anticipe une progression des tailles marquise. « La taille émeraude allongée n’est presque plus d’actualité. Mais les tailles marquise s’installent en tête de liste », souligne le président de Joseph Asher Collection, une société de taille new-yorkaise.
Selon lui, les tailles marquise « seront en vogue en 2024 et 2025 », à l’occasion des mariages de la génération des 22-38 ans. « Ils sont séduits par la modernité des tailles fantaisie. Alors que tout le monde choisit une bague de fiançailles avec un diamant taille brillant, les tailles fantaisie leur permettent d’exprimer leur différence. À la place d’une forme ovale, ils choisissent une taille marquise, un peu plus originale. »
Selon Jai Bhansali, la taille et la fabrication demeurent les critères les plus importants pour les acheteurs. « Les diamants dont la taille est de qualité se vendent rapidement », affirme-t-il. Il constate d’ailleurs que « les tailles ovale, de réalisation médiocre, trop lourde ou trop courte » ne trouvent pas preneur.
Les clients se détournent complètement de certaines tailles. « Rares sont les personnes à se renseigner sur les tailles princesse et coussin en ce moment », affirme David Rakower. Selon Jai Bhansali, les Asscher sont « particulièrement difficiles à écouler ». Gaurav Khandelwal classe lui aussi les princesses et les Asscher dans la catégorie des marchandises problématiques. Joseph Ladd y ajoute les tailles cœur.
Redimensionner le marché
En termes de poids, les consommateurs semblent rechercher des pierres supérieures à 1 carat, même si les fournisseurs ne s’accordent pas tous sur le même chiffre. Pour David Rakower, les fantaisies de 1 à 2 carats se vendent facilement. Gaurav Khandelwal classe dans ses meilleures ventes les tailles ovale et radiant, entre 1,50 carat et 2 carats. Les tailles émeraude « ne présentent guère de difficultés » entre 1,75 carat et 3 carats.
Pour Jay Bhansali, les « tailles inhabituelles » – entre 1,25 carat et 1,75 carat – sont plus demandées que les fantaisies entre 1,50 carat et 2 carats. « Les clients estiment que cette gamme a plus de valeur », explique-t-il. Selon lui, les ventes sont moins régulières pour les pierres de 3 carats.
Les diamants entre 2 carats et 3,99 carats en puretés SI à VS « se vendent très bien » pour Joseph Ladd, malgré une certaine atonie pour les SI2 de 1,50 carat, situation qu’il attribue à la concurrence des diamants synthétiques.
Des écarts de prix qui se resserrent
Les prix des tailles fantaisie connaissent une baisse en glissement annuel d’environ 5 % à 7 %, annonce Gaurav Khandelwal, un « ajustement qui demeure raisonnable, et plus acceptable que celui du marché des diamants taille brillant, où le ralentissement est plus notable. »
Il est toutefois surpris que l’écart de prix entre les diamants taille brillant et les fantaisies, qui a « autrefois atteint jusqu’à 40 %, ne [soit] plus aussi important. Les prix des différentes formes sont plus resserrés que jamais. » Il attribue ce phénomène au fait que les diamants taille brillant – généralement les plus chers des deux catégories – sont « un peu plus communs et moins demandés. »
Gaurav Khandelwal estime aussi que les « tailleurs de diamants se montrent réticents à travailler des pierres SI, préférant des puretés VS et supérieures », d’où la prédominance des qualités les plus élevées.
« Quoi qu’il en soit, explique Jai Bhansali, les tarifs se sont un peu nivelés. » Cette stabilisation s’explique, selon lui, par la rareté des marchandises dans toutes les catégories et par une offre plus contrôlée, ce qui a évincé les pierres moins recherchées.
« Tout est affaire d’offre et de demande », affirme David Rakower. Les prix des diamants taille brillant et des diamants naturels fantaisie ont décliné tout au long de l’année dernière, affirme-t-il, « mais se sont un peu renforcés fin 2023 et début 2024. »
Joseph Ladd a constaté une « légère baisse » des prix des diamants fantaisie, mais un rebond de ceux des diamants taille brillant, qui a comblé le « grand écart » qui existait auparavant entre les deux. Pourtant, les prix sont restés fermes pour les pierres délicatement travaillées, étant donné leur rareté.
L’année à venir
En ce qui concerne l’avenir, certains fournisseurs s’attendent à tous les cas de figure.
« Une année d’élections est toujours un peu effrayante pour les entreprises en général, pas seulement dans l’industrie des bijoux, explique David Rakower. Ce ne sont pas les périodes fiscales ou les élections qui engendrent des surprises, ce sont les périodes intermédiaires qui me posent problème. »
Par prudence, Joseph Ladd affirme qu’il évitera de trop acheter d’ici à la fin de l’année. « Nous nous procurerons de quoi garnir les vitrines. Je préfère un stock diversifié, plutôt que vingt exemplaires d’une même pièce », explique-t-il.
Jai Bhansali exprime un optimisme prudent. « Nous n’allons pas revivre [les fortes ventes de] 2021 ou 2022, mais d’après ce que j’ai vu, j’espère que 2024 sera un peu meilleure que l’année dernière, ou au moins identique. Nous devrions assister à un retour à la normale. »
Gaurav Khandelwal est un peu plus positif. « Je suis assez serein, je pense que l’année sera satisfaisante. Les détaillants devraient avoir une bonne surprise d’ici à la fin de l’année. Ils vont adorer le segment des tailles fantaisie car, derrière chacun de ces diamants, il existe une histoire unique. »
Image principale : une sélection de tailles fantaisie (Shutterstock).