Mardi 16 mars, le Responsible Jewellery Council et le World Diamond Council annonçaient leur adhésion croisée. Un projet de collaboration inédit et novateur, grâce auquel les deux organisations phares de l’industrie du diamant et de la joaillerie joignent leurs forces pour faire avancer la mise en place de pratiques professionnelles plus responsables et éthiques tout au long de la chaîne de valeur de notre industrie.
Élodie Daguzan, directrice exécutive du WDC, a accordé à Rubel & Ménasché une interview exclusive pour nous permettre de mieux comprendre le bien-fondé, la nécessité et les objectifs de cette collaboration.
Rubel & Ménasché : pourquoi mettre en place cette affiliation, ou plus précisément cette « adhésion mutuelle », et en quoi consiste-t-elle exactement ?
Élodie Daguzan : concrètement cette adhésion croisée signifie qu’aujourd’hui le Responsible Jewellery Council est officiellement membre du World Diamond Council et que, pour la première fois, le WDC est membre d’un autre organisme, à savoir le RJC. Cette démarche est officiellement approuvée par nos conseils d’administration respectifs.
Le RJC, qui est donc un organisme qui produit des standards de RSE qu’il fait auditer par de tierces parties, compte environ 1 300 membres, petites entreprises comme grands acteurs.
Le WDC de son côté est la seule organisation internationale à défendre les intérêts et l’intégrité de l’industrie du diamant auprès du Kimberley Process.
Le RJC et le WDC représentent chacun l’intégralité de la chaîne de valeur et d’approvisionnement de l’industrie de la joaillerie et de l’industrie du diamant.
Cette association de nos deux entités arrive au moment opportun. Le RJC a pris un engagement très fort envers l’agenda des Nations Unies et ses Objectifs de Développement Durable. Quant au WDC, il finalise à l’heure actuelle la nouvelle version de son Système de Garanties (SoW), qui sera un mécanisme global d’autoévaluation, d’autorégulation et d’aide à l’amélioration des pratiques. Le SoW, qui complète le Kimberley Process Certification Scheme, est en phase de test et verra son périmètre s’étendre afin d’inclure de grands principes universellement acceptés, tels que les droits de l’homme, le droit du travail, la corruption, la lutte contre le blanchiment d’argent ou le financement du terrorisme.
Il s’agit donc du début d’une coopération des organisations internationales de l’industrie, qui vise à élever les pratiques éthiques et responsables de notre industrie.
Ensemble, le RJC et le WDC, entendent agir pour faire grandir la prise de conscience, le niveau de connaissance et la montée en compétences des membres de notre industrie concernant le Kimberley Process et son mécanisme de certification, le Kimberley Process Certification Scheme. Main dans la main, nous pourrons expliquer, implémenter et faciliter l’adoption du nouveau Système de Garanties du WDC.
Concrètement comment cela va-t-il fonctionner ?
Le RJC, au travers de sa directrice exécutive Iris Van der Veken, devient un membre actif de la Kimberley Process Task Force et va présider l’un des groupes de travail du KP. Plus largement, le RJC, de par son expertise, apportera son soutien au WDC pour contribuer à la réouverture de la discussion sur l’extension de la définition des diamants du conflit…
Quant à moi, Élodie Daguzan, en ma qualité de directrice exécutive du WDC, je deviens membre de la SDGs Task Force du RJC, qui va être lancée sous peu. Je fais déjà partie d’un groupe de travail sur le SDGs 5, à savoir Gender Equality/Égalité entre les sexes. Notre travail consistera à trouver des solutions concrètes afin de garantir un « même » accès aux opportunités pour les femmes comme pour les hommes. Nous allons aborder cet enjeu continent par continent sur les différentes chaînes de valeur et en prenant en compte les différents segments de ces industries (diamants, pierres de couleur, métaux précieux, etc.)
Un défi pour l’avenir ?
La collaboration du WDC et du RJC représente une formidable opportunité de mieux expliquer et promouvoir nos mandats et nos visions respectifs et d’étendre nos réseaux. Chacun de nous est convaincu de l’importance cruciale de l’autre et a à cœur de coopérer pour le bien de notre industrie, par ailleurs très bien régulée. Un organisme comme le Kimberley Process, qui est le squelette de l’industrie diamantaire et sans lequel aucune transaction de brut ou de taillé ne serait possible, est unique !
Je souhaite que la collaboration entre le RJC et le WDC ne soit que le début de partenariats entre de grandes organisations internationales pour le bien de tous. Le WDC espère que les ONG accepteront de collaborer avec nous pour faire avancer les pratiques éthiques et responsables. Et nous aimerions que tous dans l’industrie du diamant, quelle que soit la taille de leur entreprise, comprennent l’importance de rejoindre le WDC comme ils l’ont fait avec le RJC ! Nous sommes fermement engagés dans la voie de l’amélioration continue et souhaitons faire comprendre notre volonté d’avoir un impact économique et social positif sur la vie et le quotidien de tous les acteurs de l’industrie.
Source Rubel & Ménasché