Une fabuleuse histoire de diamants

Isabelle Hossenlopp

Trois colliers de diamants anciens ont dépassé leur estimation haute aux enchères. Plus que des joyaux, ces pièces sont des témoins de notre histoire et d’un art joaillier d’exception.

Le diamant n’est pas seulement apprécié pour sa beauté, son authenticité et sa lumière incomparable. Sa rareté en a toujours fait un objet d’investissement, quelles que soient les époques. Aujourd’hui, la preuve en est encore donnée avec l’exemple de trois pièces somptueuses dont l’histoire et le style en font des objets de collection. Témoins d’un travail d’atelier très minutieux, d’une créativité qui a marqué leur siècle, parfois auréolés d’une histoire intrigante (le cas du collier issu de la parure de la reine Marie-Antoinette), ces objets d’art nous rappellent à quel point leur acquisition et leur préservation est précieuse.

©Sotheby’s

Récemment, un fabuleux collier de 500 diamants (en tout 300 carats) a fait couler beaucoup d’encre. Il a appartenu à la famille britannique des marquis d’Anglesey et son histoire rejoint celle de la reine Marie-Antoinette. Estimé entre 1,6 et 2,2 millions CHF, il a été adjugé pour 4,26 millions CHF, doublant presque son estimation haute. Cette vente historique du 13 novembre restera gravée dans les annales de la Maison Sotheby’s à Genève. Si les origines du collier restent mystérieuses, certains historiens émettant l’hypothèse qu’il pourrait être composé de diamants venant du célèbre collier dont la disparition scandaleuse avait impliqué Marie-Antoinette en 1785 (la fameuse « affaire du collier de la reine »). Des dessins d’archives montrent en effet une certaine similitude entre les deux pièces sans qu’aucune preuve ne soit apportée. Le style de ce collier, que l’on appelle « négligé » en raison de sa souplesse qui permet de le porter comme un foulard ou de le nouer sur le devant, ainsi que sa transformabilité, sont emblématiques du style géorgien, incarnant une nouvelle façon de vivre de l’aristocratie.

©Christie’s

Un collier Cartier de style Art déco ayant appartenu à la dynastie Sassoon, une influente famille britannique d’origine irakienne, a dépassé trois fois et demie son estimation haute chez Christie’s à Genève. Il s’est vendu pour un peu plus de 5 millions $ alors que son estimation se situait entre 1 et 1,5 million $. Ce rare joyaux de 1935 totalisant près de 140 carats a lui aussi une histoire rocambolesque. Pendant la seconde guerre mondiale, il a miraculeusement échappé au bombardement de la banque où il était entreposé dans un coffre.

©Christie’s

Un autre collier de diamants s’est vendu chez Christie’s le 12 novembre au-dessus de son estimation haute. Il s’agit encore d’une pièce exceptionnelle, un collier de maharajah réalisé par Van Cleef & Arpels. Adjugé pour 5,490 millions CHF, il a dépassé son estimation initiale (3,500 – 5 millions CHF). Les pierres dont il est serti sont exceptionnelles, en particulier trois diamants poire sur les pampilles centrales de 25.50, 11.24 et 11.13 carats. Typique de la transformabilité dont la Maison Van Cleef & Arpels fut l’une des pionnières dans l’histoire de la joaillerie, il se métamorphose pour se porter en 7 colliers différents, 3 bracelets, 1 broche et une paire de boucles d’oreilles.

Si ces joyaux n’égalent pas l’importance du célèbre collier de cérémonie du maharajah de Patiala* (2 930 diamants pour 962 carats dont un diamant jaune De Beers de 234,65 carats d’origine sud-africaine), ils ont marqué leur époque par leur style, la complexité de leur réalisation et leur rôle de témoin de l’histoire.

*Le collier de Patiala est aujourd’hui une pièce majeure du patrimoine de Cartier. Il comprend en partie des pierres synthétiques, suite à la disparition de certaines pierres d’origine, dont le fameux diamant jaune.