Un nouveau paquet de sanctions proposé par la Commission européenne interdirait à la Russie d’exporter du brut et du taillé vers la Belgique et d’autres pays de l’UE à compter de janvier 2024, d’après un article de Reuters.
Un porte-parole de la Commission européenne a confirmé que le 12e paquet de sanctions « vise à supprimer les derniers revenus que la Russie obtient de l’exportation des diamants vers l’Europe et ses partenaires. » Le porte-parole a toutefois refusé de préciser la proposition, qui doit encore être approuvée par le Conseil européen.
Le projet d’interdiction s’appliquerait aux diamants naturels et synthétiques non industriels, ainsi qu’aux bijoux en diamants, selon un deuxième article de Reuters.
Que l’interdiction soit adoptée ou non, une source anversoise estime que cela ne devrait pas changer grand-chose car les importations directes de brut russe dans la ville portuaire belge se sont taries – même s’il est possible que certaines marchandises russes entrent au sein de plis « d’origine mixte ».
L’Union européenne, conjointement avec le G7, s’est engagée à mener une série d’actions pour mettre fin aux ventes de pierres russes. Pendant la majeure partie de l’année, les officiels du G7 ont travaillé sur un projet qui empêcherait le taillé extrait en Russie d’entrer aux États-Unis ou sur d’autres marchés du G7. Actuellement, les États-Unis autorisent les diamants extraits en Russie et taillés dans d’autres pays, selon le principe de la « transformation substantielle ».
Étant donné que la plupart des pierres sont taillées en Inde, interdire le taillé extrait en Russie nécessiterait probablement de nouvelles exigences de traçabilité. Politico a annoncé, au cours de la semaine du 11 novembre, que le G7 avait encore « des opérations techniques à réaliser pour mettre en place le mécanisme de traçabilité ». L’UE espère commencer à appliquer son interdiction du taillé d’ici mars, d’après Reuters.
Les délibérations, qui ont duré un an, ont incité divers groupes de l’industrie à développer des propositions pour prévoir le fonctionnement d’un éventuel régime de traçabilité. Martin Rapaport, commentateur de l’industrie, a récemment mis en avant son propre protocole diamantaire américain, qui obligerait les importateurs à expédier des marchandises assorties d’un numéro d’identification Blockchain américain, contenant des informations sur l’origine des pierres. Le projet de Martin Rapaport délègue la responsabilité de la vérification de l’origine des marchandises au Bureau de contrôle des actifs étrangers du Département du Trésor et des douanes des États-Unis.
Martin Rapaport a signalé au JCK que la proposition du World Diamond Council, qui oblige les bijoutiers à assurer le suivi de leurs garanties, leur impose des charges injustes. « Il n’y a aucune raison qu’un bijoutier lambda aux États-Unis ait quoi que ce soit à faire », explique-t-il.
À l’occasion d’une conférence de presse lors du Natural Diamond Summit (Sommet pour les diamants naturels), organisé au cours de la semaine du 11 novembre à Gaborone, au Botswana, Lefoko Moagi, le ministre des Mines du pays, a critiqué une proposition soutenue par la Belgique et consistant à faire transiter la plupart des diamants par une « plaque tournante » anversoise.
« Qui va supporter les coûts et indemniser les producteurs de diamants pour le temps passé ? s’est interrogé Lefoko Moagi. Nous aurions dû être consultés pour la formulation de ces propositions. Asseyons-nous autour de la table et parlons-en. »
Top: European Commission headquarters in Brussels (photo: Christophe Licoppe/courtesy of the European Commission)