De Beers étudie toute une série de possibilités concernant l’avenir de sa marque de diamants Forevermark, a indiqué au JCK Sarah Kuijlaars, directrice financière, après la publication des résultats financiers 2022 de la société.
« Nous voulons trouver le modèle le plus efficace pour le retail et pour nos interactions avec nos clients et consommateurs, explique-t-elle. Je pense que c’est un modèle que nous devrons faire évoluer car les consommateurs changent. »
Interrogée sur l’avenir du marché de gros de Forevermark, elle affirme : « Nous étudions toutes les options pour développer le secteur aval de l’activité et le faire progresser de manière rentable. »
Malgré de récents changements chez Forevermark, on constate une « grande continuité », explique Sarah Kuijlaars. « C’est l’avantage de voir Bruce Cleaver, ancien PDG de De Beers, rester co-président. Nous travaillons pour aboutir au modèle le plus efficace à l’avenir, afin de développer le côté retail de notre activité, ainsi que la filière intermédiaire et le segment amont dans leur ensemble. »
La société applique maintenant sa technologie de traçage Tracr sur la moitié des marchandises qu’elle vend, pour répondre à une plus forte demande d’informations sur la provenance de la part des consommateurs. De Beers facture aux sightholders des frais « minimes » pour ce service, explique Sarah Kuijlaars. « Nous avons investi d’énormes sommes d’argent dans cette plate-forme au cours des cinq dernières années. Lorsque nous serons certains de notre proposition de valeur, nous commencerons à la facturer. »
Au cours de la semaine du 13 février, Mokgweetsi Masisi, le président du Botswana, s’est retrouvé dans l’actualité en laissant entendre que le pays était prêt à abandonner sa relation de longue date avec De Beers. Le minier a réagi en se disant « confiant » dans la possibilité de parvenir à un nouvel accord.
Sarah Kuijlaars n’est pas certaine qu’un nouveau contrat puisse être signé avec le Botswana avant le terme de l’accord actuel, en juin. (Celui-ci a été prorogé trois fois depuis son expiration initiale en 2021.) Mais elle ajoute : « Je suis convaincue que nous assisterons à des progrès cette année. »
Les négociations « portent sur l’accord de ventes mais également sur le prolongement de la durée de vie de Debswana, explique-t-elle. C’est une procédure assez complexe, concernant de nombreux aspects de la chaîne de valeur. Il faudra évidemment un certain temps pour que cela se concrétise. »
Elle ajoute : « Notre relation avec le Botswana remonte à plus de 50 ans. C’est un lien dont nous sommes vraiment fiers. Mais il faut remettre la situation dans son contexte. Sur l’EBITDA de 1,4 milliard de dollars (gains avant intérêts, taxes, dépréciation et amortissement) que nous avons annoncé aujourd’hui, environ 614 millions de dollars viennent de la joint-venture avec Debswana. Cela représente 19,2 % des revenus de Debswana. Ainsi, les 81 % supplémentaires iront directement au gouvernement du Botswana. »
Concernant les commentaires de Mokgweetsi Masisi, elle explique : « Il faut souligner que nous avons de bonnes relations avec le président. Bruce Cleaver a présenté le nouveau PDG de De Beers Al Cook au président l’automne dernier et ils lui rendront visite de nouveau dans peu de temps. Les résultats de ces conversations privées sont très positifs. Les sujets sont véritablement ciblés sur la façon de parvenir à un accord gagnant-gagnant pour l’avenir, en profitant de cette relation installée depuis 50 ans. »
Dans l’ensemble, les résultats financiers de De Beers pour 2022 étaient solides, traduisant le boom de l’industrie post-Covid.
Les revenus de De Beers pour l’année se sont élevés à 6,6 milliards de dollars (contre 5,6 milliards de dollars l’année précédente). Les ventes de brut ont représenté 6 milliards de dollars du total. Le prix moyen réalisé a augmenté de 35 %, à 197 dollars par carat, entraîné par une proportion supérieure du brut plus onéreux. L’EBITDA sous-jacent a augmenté de 29 %, à 1,4 milliard de dollars, contre 1,1 milliard de dollars en 2021.
« La saison des fêtes 2021 a été particulièrement positive, explique Sarah Kuijlaars. La situation a perduré début 2022 : janvier et février ont connu des résultats solides. En milieu d’année, les choses s’étaient un peu calmées. Les préoccupations se sont intensifiées face au macro-environnement, à l’inflation et au coût de la vie. La dynamique a un peu ralenti vers la fin de l’année mais sur les 12 mois de 2021, les ventes de diamants ont été exceptionnelles et 2022 a semble-t-il emprunté la même trajectoire. »
Pour 2023, De Beers estime que le marché chinois va repartir à la hausse. « Dans les semaines à venir, après le salon de Hong Kong, nous pourrons nous faire une bien meilleure idée de la trajectoire du marché. »
Elle admet effectivement que le premier sight de 2023 était « plutôt réduit ».
« Cela traduit un optimisme prudent de notre part et de celle de nos sightholders mais nous envisageons, à plus long terme, une forte résilience du marché diamantaire et estimons qu’au final, l’offre et la demande évolueront à notre avantage. Nous restons optimistes mais prudents pour l’avenir. »
Al Cook a pris le poste de PDG de De Beers le 20 février et a publié ses premières impressions sur LinkedIn.