Iris Van der Veken a démissionné de son poste de directrice exécutive du Responsible Jewellery Council (RJC), en réaction à la gestion du statut actuel du minier russe ALROSA, d’après ce qu’ont indiqué des sources au JCK.
Iris Van der Veken, défenseur passionnée du RJC et des questions de développement durable, qui est également l’image publique marquante du RJC, est devenue directrice exécutive en 2019. Elle a refusé de s’exprimer pour cet article.
La nouvelle est intervenue alors que deux grandes sociétés – Pandora et Richemont – ont annoncé leur départ du groupe en réaction à la gestion de la crise ukrainienne.
La question la plus importante est de savoir si ALROSA doit conserver sa certification au RJC après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le minier est détenu à un tiers par le gouvernement de Russie et a reçu sa première certification du RJC en 2017.
Certains, y compris Brad Brooks-Rubin, conseiller stratégique du RJC et responsable du commerce nord-américain – ont appelé à une suspension temporaire de la certification d’ALROSA, étant donné les perturbations engendrées dans le groupe. Le minier russe a été sanctionné précédemment ce mois-ci par les États-Unis et vendredi 25 mars, par le Royaume-Uni.
Aucun organisme britannique n’est autorisé à réaliser des transactions avec une entité sanctionnée, ce qui pourrait poser un problème pour le RJC, installé à Londres.
Le RJC a déclaré dans un communiqué au JCK qu’au début de l’invasion, il avait « commencé à évaluer le statut d’ALROSA en tant que membre du RJC, afin d’engager une action appropriée, conforme à ses pouvoirs. »
Le RJC « comprend que la lenteur du processus puisse paraître frustrante mais la situation est sans précédent, elle évolue constamment et nécessite que l’on prenne du temps pour appliquer une procédure adaptée, de manière aussi exhaustive que possible. Elle sera toutefois imminente. »
En tant qu’association commerciale fonctionnant avec des membres, le RJC doit agir conformément à ses « devoirs constitutionnels et statutaires et assumer ses responsabilités de bonne foi », a-t-il déclaré.
Brad Brooks-Rubin indique au JCK : « D’autres approches pourraient être engagées face à ce qui est à l’évidence une situation difficile, où la gravité de la crise ukrainienne aurait dû être traitée avec toutes les contraintes juridiques qui existent. Au lieu de cela, c’est le silence qui a résonné. »
« Iris a été une dirigeante exemplaire, avant et pendant cette crise, explique-t-il. J’espère que le RJC trouvera un moyen pour la retenir à son poste de directrice exécutive. »
Plus tôt ce mois-ci, le RJC avait annoncé que Peter Karakchiev, vice-responsable des relations internationales d’ALROSA, avait volontairement quitté son poste de vice-président. En dehors de cela, le groupe ne s’est pas exprimé sur la situation d’ALROSA au RJC.
Ce silence a suscité une réaction à de nombreux niveaux de l’industrie. Mercredi 30 mars, Pandora a annoncé qu’elle mettait fin à son adhésion vieille de 12 ans au RJC.
« Cette décision est la conséquence de l’incapacité du RJC à suspendre l’adhésion des sociétés russes et les certifications d’activité responsable. Le RJC n’a pas non plus exhorté ses membres à suspendre leur activité avec la Russie, a déclaré le fabricant de breloques dans un communiqué. Pandora avait déjà demandé que le RJC engage de telles actions. »
Peu après, Richemont, propriétaire de Cartier, Van Cleef & Arpels et de nombreuses marques de montres et de mode, qui avait lancé une nouvelle initiative avec le RJC il y a quelques mois, a annoncé qu’il se retirait du groupe.
« Richemont et ses maisons ne souhaitent plus faire partie d’une organisation dont certains membres aident à financer des conflits et des guerres », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Un courrier adressé au conseil d’administration et signé par les membres de l’équipe du RJC indiquait : « Iris a apporté une immense valeur et un très grand professionnalisme au RJC depuis son arrivée il y a trois ans ; elle en a fait l’organisation très estimée qu’elle est devenue et pour laquelle nous sommes fiers de travailler. »
« Nous comprenons la décision d’Iris et sommes incroyablement déçus que l’issue n’ait pas été différente. En tant qu’équipe, nous sommes extrêmement inquiets pour l’avenir du RJC. »
Ironiquement, le RJC avait évoqué les trois ans de présence d’Iris Van der Veken dans un article sur LinkedIn lundi 28 mars.
Par ailleurs, Politico a annoncé que Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, qui devrait s’adresser au Parlement belge jeudi 31 mars, devrait critiquer la gestion du pays qui a continué à autoriser les importations de diamants russes.
Alexander De Croo, le premier ministre belge, a déclaré que le pays n’empêcherait pas d’éventuels efforts de l’Union européenne pour interdire les pierres russes.
Mais le Antwerp World Diamond Centre, un groupe de l’industrie, a estimé qu’une interdiction pourrait être contre-productive.
Tom Neys, son porte-parole, a déclaré à Politico : « Nous avons investi 20 ans pour nous assurer que le marché diamantaire soit plus transparent. Allons-nous vraiment balayer tout cela au profit de Dubaï, qui ouvre déjà ses portes aux oligarques russes ? »