Cela devient clair : les consommateurs veulent des garanties fermes que leurs diamants ne sont pas associés à de mauvaises choses. Il en va de même des gouvernements. Et l’industrie accélère ses efforts pour permettre cela – mais peut-être un peu tardivement. La transparence et le suivi sont brusquement devenus « tendance ».[:]
Comme nous le disions dans le dernier podcast du JCK, le nombre de séminaires et d’initiatives sur la traçabilité au salon JCK Las Vegas de cette année était vraiment impressionnant, de la plate-forme Tracr créée par De Beers au nouveau programme permettant de tracer les synthétiques.
« Il s’agit d’un domaine qui suscite vraiment un intérêt croissant, explique Tom Moses, le vice-président exécutif et directeur de la recherche et du laboratoire du Gemological Institute of America (GIA). Et cela n’arrive pas que dans notre industrie. On voit que toutes les marques veulent savoir d’où vient le cuir de leurs marchandises. Il est naturel que les gens veuillent savoir d’où vient leur diamant. »
Par conséquent, le GIA a repensé son programme Mine 2 Market (de la mine à la boutique), qu’il propose désormais sous la forme d’un Diamond Origin Report (rapport sur le pays d’origin).
« Peut-être étions-nous un peu en avance et peut-être notre solution était-elle trop compliquée il y a quelques années, explique Tom Moses. Mais nous avons pris un nouveau souffle. Nous recevons constamment des marques d’intérêt. »
Une évolution particulièrement intéressante est venue du minier russe ALROSA qui a annoncé une initiative de traçabilité lors du salon.
ALROSA se trouve dans une position unique. La société dispose d’une mine. Elle a une usine de taille. Elle n’a donc pas beaucoup à faire pour suivre sa production. Pas de blockchain, pas de formules scientifiques, ni autres déplacements.
« Nous pensons que le fait de pouvoir suivre nos pierres représente un avantage concurrentiel, explique la porte-parole Jenya Kozenko. Selon nous, certains clients attendent ce genre de garantie. »
Les diamants seront livrés avec un « passeport numérique » comprenant des informations à propos du diamant, notamment son lieu d’origine et sa mine de production.
Mais la Russie, en tant que pays d’origine, constituera-t-elle un argument de vente pour les diamants ? Étant donné toutes les controverses à propos de l’ingérence russe dans les élections américaines de 2016, certains risquent d’y voir un point négatif.
« Nous considérons que le marché diamantaire est indépendant de la politique, explique Jenya Kozenko. La responsabilité sociale, la responsabilité environnementale, les conditions de travail sont pour nous un atout. Nous pouvons assurer à nos clients que leurs diamants sont naturels et éloignés des conflits. »
Même si ALROSA propose ces diamants aux bijoutiers, elle les vendra aussi sur son nouveau site Internet, diamonds.alrosa.ru. Son offre initiale porte sur 2 000 pierres.
Jenya Kozenko admet que tous les joailliers – même ceux sensibles aux conflits – n’étaient pas très heureux d’apprendre qu’un minier vendait au grand public.
Mais elle affirme que la plupart des diamants seront vendus en B2B et que les prix de gros et de détail seront différents. Elle vient de lancer la plate-forme B2B et espère que la plate-forme de retail sera prête plus tard dans l’année.
Lorsque l’on fait le lien entre ceci et l’annonce de Tiffany à propos de son approvisionnement, on voit qu’un modèle clair est en train d’émerger. Pendant des années, l’industrie a fait l’objet de provocations dans les gros titres qui demandaient aux consommateurs : « Savez-vous d’où viennent vos diamants ? » Dans la plupart des cas, ils ne savent toujours pas. Mais dans un nombre croissant de cas, ils seront maintenant informés.