À l’occasion de ses résultats annuels, Richemont, le titan du luxe, a annoncé une croissance des ventes à deux chiffres aux États-Unis et en Chine, soutenue par de bons résultats du secteur des bijoux.[:]
Les ventes globales ont totalisé 13,99 milliards d’euros (15,63 milliards de dollars), soit une hausse de 27 % par rapport aux 11,01 milliards d’euros (12,30 milliards de dollars) d’il y a un an.
Les bénéfices nets ont plus que doublé, atteignant 2,79 milliards d’euros (3,12 milliards de dollars), dont 1,38 milliard d’euros (1,54 milliard de dollars) issus de son acquisition récente du détaillant en ligne Yoox NET-A-PORTER (YNAP) et de la plate-forme de montres d’occasion Watchfinder.
Les ventes de sa division de bijoux, comprenant Cartier et Van Cleef & Arpels, étaient en progression de 10 % à taux de change constants, à 7,08 milliards d’euros (7,91 milliards de dollars), contre 6,45 milliards d’euros (7,20 milliards de dollars) l’année dernière.
Les résultats opérationnels de la division ont pris 16 %, à 2,22 milliards d’euros (2,48 milliards de dollars), tandis que sa marge opérationnelle s’est améliorée de 160 points de base, à plus de 31 %.
Burkhart Grund, directeur financier de Richemont, a attribué les bons résultats à « des ventes en hausse, des améliorations de l’efficacité de fabrication, un franc suisse relativement favorable et une bonne régulation des coûts, qui ont plus que compensé les investissements dans le retail et la communication. »
Les ventes de bijoux étaient solides dans toutes les régions et sur tous les canaux, avec 51 % du chiffre d’affaires du groupe, a indiqué Burkhart Grund lors d’une conférence téléphonique sur les gains.
Les gammes Evergreen Collections, comprenant « Love » et « Juste un Clou » de Cartier et « Alhambra » et « Perlée » de Van Cleef & Arpels, ont offert de bons résultats. Les nouvelles collections, comme « Galaxies » de Cartier et « Frivole » de Van Cleef & Arpels, n’ont pas non plus démérité.
Les ventes de sa division horlogère spécialisée, comprenant A. Lange & Söhne et IWC Schaffhausen, étaient en hausse de 10 % à taux de change constants, à 2,98 milliards d’euros (3,33 milliards de dollars), contre 2,71 milliards d’euros (3,03 milliards de dollars) il y a un an.
La croissance a été « généralisée dans toutes les collections », a indiqué Burkhart Grund. Le lancement de « Santos de Cartier » et de « Poetic Complications » par Van Cleef & Arpels a également eu des résultats très satisfaisants.
Les résultats opérationnels de la division ont pris 44 %, à 378 millions d’euros (422 millions de dollars) mais sa marge opérationnelle était de 12,7 %.
Malgré une amélioration par rapport à l’année dernière, les analystes se sont dits préoccupés par la faible rentabilité de la division horlogère.
« La rentabilité semble toujours à la traîne, en particulier dans la division d’horlogerie spécialisée », a déclaré Melania Grippo, analyste d’Exane BNP Paribas, à Reuters.
« Selon moi, si vous n’observez que les chiffres annoncés, les résultats des horlogers spécialisés sont sous-évalués », a indiqué Burkhart Grund lors de la conférence téléphonique sur les gains, signalant une croissance à deux chiffres dans le réseau de retail.
Autre cause de préoccupations, la perte opérationnelle de 264 millions d’euros (295 millions de dollars) chez ses distributeurs en ligne, perte incluant des investissements technologiques et 165 millions d’euros (184 millions de dollars) liés à ses récentes acquisitions.
YNAP a annoncé une croissance à deux chiffres dans toutes les régions, tandis que les ventes de Watchfinder ont connu une croissance inférieure à 10 %, en raison notamment d’« incertitudes persistantes autour du Brexit » et de la fermeture temporaire de sa boutique phare de London Royal Exchange pour rénovation.
Bien que ses distributeurs en ligne aient constaté une hausse des ventes, la division n’a que « peu contribué » sur la base du BAIIA, a indiqué Burkhart Grund.
En termes de région, les ventes dans les Amériques ont bondi de 40 %, à 2,55 milliards d’euros (2,85 milliards de dollars), tandis que les ventes en Europe ont pris 37 %, à 4,12 milliards d’euros (4,60 milliards de dollars).
La société a en partie attribué la forte croissance dans les régions à l’acquisition de YNAP qui dispose d’une solide base commerciale aux États-Unis et en Europe.
Au Japon, les ventes ont pris 16 %, à 1,15 milliard d’euros (1,28 milliard de dollars), tandis que les ventes en Moyen-Orient et en Afrique ont pris 8 %, à 929 millions d’euros (1,03 milliard de dollars).
Les ventes en Asie-Pacifique, la plus vaste région de la société, ont augmenté de 20 %, à 5,24 milliards d’euros (5,85 milliards de dollars). Les ventes en Chine continentale ont été en tête de liste. Cette année, la société a ouvert 20 boutiques internes et 19 boutiques franchisées dans la région.
Cherchant à s’implanter plus solidement sur le marché chinois du luxe, Richemont a annoncé une joint-venture avec le géant du commerce électronique chinois Alibaba en octobre dernier, évoquant des projets de lancement de deux applications mobiles pour Net-A-Porter et Mr Porter de YNAP.
Jérôme Lambert, PDG de Richemont, a déclaré lors de la conférence téléphonique sur les gains que la joint-venture de la société avançait « très bien » et qu’elle recherchait un PDG. Elle n’a toutefois pas donné d’échéance pour la mise en service des applications.