Voilà un couple bien étrange : Richemont, propriétaire de Cartier et Van Cleef & Arpels, établit un partenariat stratégique avec Alibaba, la méga-place de marché chinoise, parfois critiquée pour avoir proposé des contrefaçons et des listes d’articles douteuses.[:]
Dans le cadre de la joint-venture annoncée le 26 octobre, Alibaba développera des applis axées sur la Chine pour Yoox Net-A-Porter, filiale de Richemont, et Mr Porter, une marque destinée aux hommes. Alibaba gérera l’aspect marketing de l’appli, les paiements et la logistique et assurera l’assistance technologique.
La nouvelle association – qui sera contrôlée à 51 % par Richemont et 49 % par Alibaba – lancera également des boutiques Net-A-Porter et Mr Porter sur Tmall Luxury Pavillion d’Alibaba, la plate-forme du site réservée aux marques haut-de-gamme.
En août, Tiffany a également annoncé qu’elle vendrait sur le Luxury Pavillion.
Dans un communiqué, Daniel Zhang, PDG d’Alibaba Group, a évoqué des statistiques estimant que d’ici 2025, les consommateurs chinois constitueront près de la moitié du marché du luxe dans le monde.
Selon Bloomberg, Johann Rupert, président du conseil de Richemont, a déclaré aux journalistes lors d’une téléconférence : « Il n’existe pas de société de luxe dans le monde capable de rivaliser avec la position d’Alibaba. Nous n’avons tout simplement pas les outils nécessaires… Personne ne doute, me semble-t-il, que désormais, les achats de luxe se vivront comme une toute nouvelle expérience. »
Johann Rupert a également indiqué au Financial Times qu’il n’était pas inquiet quant à la réputation de paradis des contrefaçons d’Alibaba. Il y a trois ans à peine, le conglomérat de luxe rival Kering avait poursuivi Alibaba en justice pour avoir, selon ses termes, « favorisé » des listes de montres contrefaites. Un règlement a ensuite été trouvé. Les deux sociétés ont convenu de travailler ensemble pour lutter contre les contrefaçons sur le site.
« Nous avons étudié les systèmes d’Alibaba, a-t-il déclaré, et ce qu’ils font pour lutter contre la contrefaçon. Je pense qu’il s’agit maintenant d’un scénario à très, très, très faible risque. »
Cette initiative n’est que l’une des nombreuses mesures récemment engagées par Richemont dans le monde du numérique. En juin, il a racheté Watchfinder, un site de montres d’occasion.