Alors que 2016 touchait à sa fin, Rapaport News a profité de cette période pour s’entretenir avec des grands experts de l’industrie sur l’année écoulée et sur leurs attentes pour les 12 prochains mois.[:]
La plupart ont convenu que 2016 avait été une année pour le moins difficile. Les personnes interrogées divergent dans leurs prévisions sur les prix du taillé en 2017, même si toutes ont fait part d’un optimisme relativement fort pour le Nouvel An. En ce qui concerne le président élu Donald Trump, les intervenants semblaient particulièrement confiants dans le fait que ses propositions de politique économique amélioreraient les conditions de marché.
Voici ce que les diamantaires suivants ont déclaré sur l’année passée et sur les mois à venir :
- Michael Meirov, PDG de MID Diamonds, fabricant et négociant à Ramat Gan
- Sabyasachi Ray, directeur exécutif à Mumbai du Gem & Jewellery Export Promotion Council
- Stéphane Fischler, associé anversois de la société de fabrication et de négoce Fischler Diamonds
- Polnauer, président de Leibish & Co. à Ramat Gan, un fournisseur de diamants de couleur fantaisie
- Russell Mehta, directeur général de Rosy Blue, fabricant basé à Mumbai
- Alan Bronstein, propriétaire d’Aurora Gems, fournisseur de diamants de couleur fantaisie installé à New York
Quelles sont vos attentes pour 2017 ?
Michael Meirov : L’année prochaine devrait être bonne. L’humeur sur le marché boursier est à l’optimisme. L’indice Dow Jones Industrial Average a atteint des niveaux record. Wall Street va obtenir des bonus en 2017, les choses semblent aller pour le mieux !
Sabyasachi Ray : Tout d’abord, les ventes de bijoux au détail ont augmenté aux États-Unis et la tendance est durable. Deuxièmement, la Diamond Producers Association va offrir un vrai coup de pouce à l’industrie dans ce pays. Troisièmement, pour aider à différencier les diamants naturels des diamants de laboratoire, les joailliers américains devraient faire pression sur le gouvernement afin qu’il légifère pour créer un code harmonisé pour les diamants de laboratoire, comme c’est le cas dans certains autres pays.
Stéphane Fischler : Je m’attends essentiellement à un effet plus positif sur le marché et à de très bonnes ventes de détail dans l’ensemble mais je ne pense pas que les prix du taillé augmentent. Je pense en revanche que les prix du brut peuvent se renforcer.
Leibish Polnauer : Je pense que l’activité à venir sera bonne, avec une augmentation importante des prix et des ventes de taillé dans toutes les catégories.
Quel a été le facteur externe le plus important qui ait affecté votre activité en 2016 ?
Michael Meirov : Les cours du pétrole ont vacillé. Il y a aussi eu des problèmes pour faire voyager l’argent dans le monde, bien que les réglementations bancaires aient aussi eu des conséquences.
Sabyasachi Ray : Le facteur le plus important a été le financement qui est soudain devenu un vrai problème. Nous pensons que les banques qui ont financé l’industrie par le passé devraient continuer à le faire.
Stéphane Fischler : Le regroupement des financements dans l’industrie. De nombreux acteurs ont été laissés de côté et ont besoin de plus de crédit, qu’il s’agisse de fabricants ou même de certains négociants.
Russell Mehta : Chaque jour, il se passe quelque chose ayant des conséquences sur l’activité. Il peut s’agir de l’élection de Donald Trump ou de la démonétisation de Narendra Modi. Il y a tellement de choses que nous oublions ce qui s’est passé au premier semestre. Nous vivons dans un monde caractérisé par la volatilité, l’incertitude, la complexité et l’ambiguïté.
Leibish Polnauer : Les restrictions monétaires à Hong Kong et en Chine.
Alan Bronstein : 2016 a été une année difficile ; la concurrence des diamants synthétiques a pris de l’ampleur.
Quel est votre plus gros motif d’optimisme pour 2017 ?
Michael Meirov : L’humeur s’améliore sur le marché mais cela peut rapidement changer. Pour l’instant, la tendance est à l’optimisme. Les prix ont atteint un niveau plancher et vont se reprendre, c’est ce que je pense. Actuellement, on constate une pénurie de marchandises sur le marché en raison de la situation des liquidités en Inde depuis la démonétisation mais, là aussi, les choses peuvent changer très rapidement.
Sabyasachi Ray : Le nouveau gouvernement américain. Il se passe des choses positives, avec un vrai changement d’optique. Le marché chinois se stabilise et montre ses premiers signes de croissance.
Stéphane Fischler : Sur les gros marchés, en particulier aux États-Unis, nous allons assister à un assouplissement de la réglementation, ce qui pourrait, à court terme, rassurer les consommateurs sur les diamants. Les relations commerciales vont connaître des bouleversements partout dans le monde. Cela pourrait aussi être positif pour les diamants à court terme.
Russell Mehta : Je suis en quête de cet aspect positif. La plus grosse source d’optimisme serait le fait que les gens tirent une leçon de ces dernières années. Espérons que les fabricants vont maintenant davantage se concentrer sur les marges que sur les revenus. Cela réglerait tout.
Alan Bronstein : Si notre industrie s’exprime d’une seule voix pour faire passer un message honnête et authentique, les consommateurs préféreront le sens profond des diamants naturels aux ersatz créés dans les laboratoires.
Leibish Polnauer : Donald Trump et le regain d’optimisme sur le marché, ainsi que l’humeur positive des consommateurs.
Que craignez-vous le plus pour 2017 ?
Sabyasachi Ray : Un resserrement du financement dans l’industrie.
Stéphane Fischler : De nouveaux « tsunamis », du style Brexit ou Donald Trump, de grands événements géopolitiques. Le monde est devenu beaucoup moins prévisible.
Russell Mehta : L’industrie minière qui inonderait le marché de brut parce que de nouvelles mines sont entrées en service. Je prévois une demande stable ou en légère baisse en 2017.
Quel a été le diamant ou le bijou le plus beau ou le plus important que vous ayez vu ou tenu en mains en 2016 ?
Sabyasachi Ray : Kate Winslet portant une collection Nirav Modi aux Oscars. Le fait qu’elle ait porté des bijoux indiens a été important pour nous.
Stéphane Fischler : Il n’était pas très gros mais c’était un beau… un très beau diamant taillé en poire de 3 carats. L’une des pierres dont vous tombez amoureux et dont vous avez beaucoup de mal à vous séparer.
Leibish Polnauer : Des boucles d’oreilles en diamants comportant deux diamants Fancy Vivid Yellow taillés en poire de 4,16 carats au total, montés sur de l’or blanc et jaune de 18 carats.