La De Beers prévoit une baisse de sa production à un niveau compris entre 26 et 28 millions de carats en 2016, contre 29 millions cette année. C’est ce qu’a affirmé le géant minier, évoquant les perspectives de la « crise des stocks » qui touche l’industrie. [:]
La baisse des prix du brut et du taillé trouve ses origines dans une accumulation des stocks, plutôt que dans un recul majeur de la demande des consommateurs, a affirmé la De Beers, et ce malgré les estimations de la société selon lesquelles le marché de gros du taillé mondial s’est contracté de 1 % à 2 % en 2015.
« La crise n’est pas une crise de la demande, c’est une crise des stocks, a indiqué Philippe Mellier, président-directeur général de la De Beers dans une présentation proposée aux analystes d’Anglo American le 8 décembre. Nous sommes tout à fait conscients que la filière intermédiaire doit obtenir des bénéfices. »
Toutefois, Philippe Mellier a estimé que la De Beers avait contribué à la création de bénéfices pour les fabricants en réduisant les prix du brut davantage que ceux du taillé. La De Beers a indiqué que les prix du brut avaient baissé de 15 % en 2015, tout en estimant le recul de ceux du taillé à 8 %. La société a également réduit son offre et laissé une plus grande flexibilité aux sightholders, afin de participer à la réduction des stocks actuellement volumineux, a indiqué le dirigeant.
Philippe Mellier a ajouté que la De Beers améliorerait sa propre transparence en communiquant ses volumes de vente pour chaque sight à compter de 2016 et qu’elle proposerait une analyse complémentaire des bénéfices et des coûts unitaires dans son rapport de fin d’année.
Cette communication coïncide avec une restructuration majeure de sa société-mère Anglo American, au terme de laquelle la De Beers deviendra l’une des trois activités essentielles du groupe, parallèlement aux métaux industriels et aux matières premières en vrac. Anglo American déménagera également son siège de Londres afin d’être colocalisée avec la De Beers en 2017.
Anglo American a décidé de se concentrer sur les actifs « prioritaires » qui vont stimuler les flux de trésorerie et produire des rendements supérieurs. Le groupe entend introduire des améliorations des coûts et de la productivité pour un montant de 3,7 milliards de dollars entre 2013 et 2017 et réduire de 1 milliard de dollars ses dépenses en capital d’ici 2016. Ces opérations permettront de diminuer ses actifs d’environ 60 %. Son personnel passera également de 135 000 personnes à 50 000 personnes. Anglo American a également suspendu ses dividendes pour le second semestre 2015 et pour 2016.
Pour sa part, la De Beers a rogné sur ses coûts de production, passant de 111 dollars/ct en 2014 à 101 dollars/ct en 2016. Les effectifs vont considérablement diminuer, avec plus de 1 500 suppressions de postes dans ses opérations diamantaires industrielles d’Element Six, ainsi qu’en Afrique du Sud et au Canada. L’usine Element Six en Suède fermera ses portes et celle d’Afrique du Sud sera restructurée.
En outre, entre 2015 et 2017, les dépenses en capital de la De Beers devraient plonger d’environ 200 millions à 500 millions de dollars, principalement avec la fin du développement de sa mine de Gahcho Kué au Canada.
La De Beers plafonne également son budget d’exploration pour 2015 et 2016 à 35 millions de dollars et réserve cette activité au Botswana, à l’Afrique du Sud et au Canada.
Parallèlement, alors que la société met en place son programme de production pour l’année prochaine, Debswana, la coentreprise entre la De Beers et le gouvernement du Botswana, a révisé sa production pour 2016 à 20 millions de carats, ce qui représente toujours plus de 70 % de la production totale de la De Beers. La De Beers a annoncé ce mois-ci la vente de sa mine de Kimberley en Afrique du Sud et la fermeture de sa mine de Snap Lake au Canada.
« Nous disposons de deux leviers avec lesquels jouer : les volumes et les prix. Il y a un temps pour réduire la production et un temps pour baisser les prix, si cela se fait de manière responsable, a expliqué Philippe Mellier. Nous avons ouvert un espace pour la création de bénéfices entre le taillé et le brut. »
Après cette annonce le 8 décembre, les actions d’Anglo American ont perdu plus de 10 % à la bourse de Londres.