En novembre, la De Beers a enregistré l’une de ses plus faibles ventes contractuelles, le sight de la semaine du 2 novembre ayant clôturé sur une valeur estimée à 70 millions de dollars. Le fournisseur de brut a maintenu ses prix et accordé plus de flexibilité en raison d’une chute de la demande des sightholders.[:]
« Il s’agissait d’un petit sight, tel que nous l’attendions, dû aux fêtes de Diwali, a expliqué David Johnson, responsable des communications pour la filière intermédiaire de la De Beers. Nous savons que l’industrie passe par une période difficile et nous sommes toujours dans une période d’écoulement des stocks. Notre but était donc d’être flexibles pour répondre aux besoins des sightholders. »
Parmi les mesures engagées, les sightholders ont pu reporter l’intégralité de leurs attributions de novembre jusqu’au mois de décembre ou avancer leurs attributions de décembre. Ils pouvaient également refuser 20 % de leurs boîtes à la place des 10 % habituellement prévus, ce que l’on appelle les « rachats ». En outre, les sightholders pouvaient demander des marchandises qui ne faisaient pas partie de leur ITO (intention de vendre) initiale, un mécanisme appelé « échanges d’ITO ».
La plupart ont choisi d’exercer l’option de report et beaucoup n’ont pas assisté au sight, qu’un sightholder israélien a qualifié de non-événement. Un fabricant indien basé à Anvers a remarqué que les entreprises fermaient déjà pour Diwali, il n’était donc pas vraiment nécessaire de passer trois à quatre jours à Gaborone.
Il a indiqué que de nombreuses usines de Surat fermaient pendant tout le mois au lieu de se contenter des trois semaines des festivités de Diwali. Cela est dû à une baisse d’activité sur le marché. Toutefois, le sightholder s’attend à une amélioration de la demande de brut en décembre, lorsque les usines auront rouvert.
Un changement en décembre ?
« Les fabricants ont arrêté d’acheter car ils savaient que leurs usines fermaient. Ils ont donc taillé le stock dont ils disposaient, a expliqué le sightholder. On craint maintenant qu’ils n’aient plus assez de stock de brut et qu’ils achètent simplement pour relancer la production. »
Le sight de décembre devrait donc être plus important, notamment parce que les sightholders ont reporté la majeure partie de leurs attributions de novembre. David Johnson a expliqué que, même si les demandes pour décembre seront satisfaites la semaine du 16 novembre, la société reprendra sa politique de report standard le mois prochain. À ce moment-là, les sightholders ne pourront plus transférer qu’une boîte par bande (sélection de boîtes), d’un sight au suivant, tous les six mois. La De Beers conservera la possibilité d’exercer des échanges d’ITO en décembre.
Pourtant, les sightholders devraient rester prudents, tant qu’ils ne seront pas en mesure d’évaluer totalement leurs besoins après la saison des fêtes. Un sightholder basé en Afrique australe a suggéré que la De Beers repense ses politiques en janvier car elle sera toujours bloquée avec une « importante quantité de diamants », étant donné la flexibilité qu’elle a autorisée en novembre et en décembre.
Toutefois, lui et d’autres sightholders qui se sont entretenus avec Rapaport News ont exhorté la De Beers à maintenir une offre basse et des prix stables à court terme, un moyen de soutenir le marché du taillé.
Ne parlez pas de brut au taillé
Quasiment à l’unanimité, les sightholders ont affirmé qu’ils ne voulaient pas assister à une brusque réduction des prix du brut, même s’ils considèrent les tarifs de la De Beers trop élevés et non rentables. « Si la De Beers baisse ses prix du brut, ceux du taillé vont encore chuter et les deux marchés ne seront jamais alignés, à expliqué un sightholder. Nous devons aborder le marché du côté de la demande. Laissez le taillé rattraper le brut en termes de tarifs au lieu de réfléchir à l’inverse, faute de quoi nous nous retrouverons sur une pente glissante. Nous devons soutenir le marché du taillé. »
La De Beers a baissé ses prix de 8 % à 10 % en août, ce qui, selon les sightholders, a nui à l’humeur sur le marché du taillé. Les acheteurs s’attendaient en effet à des baisses similaires des prix du taillé. L’indice RapNet (RAPI) pour les diamants de 1 carat certifiés par le GIA, a perdu environ 4 % depuis début septembre.
Pourtant, les sightholders entendent trouver plus de valeur dans leurs boîtes de la De Beers. Un sightholder basé à Surat a encouragé la société minière à trouver des moyens de réduire ses prix de façon plus subtile, de sorte que cela ne soit pas trop évident pour le marché du taillé. Il a proposé de modifier les assortiments ou d’apporter de légers ajustements à la liste.
Selon lui, les fabricants trouvent plus de valeur auprès de sources externes, y compris lors des enchères et des tenders, ainsi qu’auprès d’autres fournisseurs en gros comme Rio Tinto, Dominion Diamond Corporation et avec les marchandises angolaises.
Des boîtes non scellées
Pourtant, la De Beers et ALROSA représentent la majeure partie du brut sur le marché et les deux sociétés ont considérablement réduit leurs offres au second semestre. Par conséquent, les échanges de brut sur le marché secondaire ont chuté, très peu de marchandises entrant sur le marché au cours de la semaine du 9 novembre. La plupart des entreprises indiennes étaient également fermées pour Diwali.
Un sightholder a suggéré que la De Beers avait engagé des mesures lors de ce sight pour décourager l’échange des boîtes et ainsi encourager la fabrication après les vacances. Il a par exemple fait remarquer que les boîtes n’avaient pas été scellées, ce qui limite la capacité des sightholders à les revendre sur le marché secondaire.
«Le scellement des boîtes permet d’appliquer sa marque et en fait une véritable matière première : on en connaît la cohérence et on sait qu’elles peuvent être librement échangées par téléphone, a-t-il expliqué. Une fois qu’elles sont ouvertes, le sightholder peut modifier les assortiments ou en extraire des marchandises. L’acheteur sur le marché secondaire n’a quant à lui aucune idée de ce qui a pu se passer avec le contenu. »
David Johnson a souligné que la décision de la De Beers de ne pas sceller les boîtes répondait à la demande des sightholders et que cela entrait dans le cadre de sa politique pour se montrer plus flexible lors de ce sight.
Depuis le début de l’année
D’une façon ou d’une autre, l’activité sur le marché du brut devrait rester atone jusqu’à la fin de l’année. Il semblerait que la De Beers et les sightholders aient déjà tiré un trait sur 2015.
Les ventes de brut de la De Beers ont baissé d’environ 42 % depuis le début de l’année et devraient descendre bien en dessous de la barre des 4 milliards de dollars pour l’année complète. La société avait enregistré un chiffre d’affaires de 6,5 milliards de dollars en 2014.
Les sightholders prévoient qu’il faudra au moins deux mois supplémentaires avant que le marché ne connaisse un revirement et que la demande de brut revienne à la normale lors des sights.
« La quantité de brut qui s’est vendue cette année est très faible par rapport à l’année dernière mais les détaillants continuent à vendre, a expliqué un observateur du sight. Si les sociétés minières attendent fin janvier pour offrir plus de valeur, le marché sera mieux disposé car les détaillants auront besoin de plus de marchandises après Noël. »